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Le réveil de la diplomatie algérienne

par Moncef Wafi

La diplomatie algérienne retrouve peu à peu des couleurs, rappelant aux nostalgiques le rôle et l'aura des diplomates algériens à une certaine époque. Des faits d'armes qu'on nous a presque fait oublier, des noms effacés de la mémoire collective, sortis des cartons poussiéreux de l'histoire, le temps d'une commémoration officielle et pesante. La prise d'otages à l'ambassade américaine à Téhéran, le travail accompli par la diplomatie algérienne pour les causes arabes, plus particulièrement palestinienne, la mission de réconciliation entre l'Irak et l'Iran qui a coûté la vie au ministre des Affaires étrangères Mohamed Seddik Benyahia en mai 1982, ne sont que quelques jalons d'un parcours remarquable commencé en parallèle de la Révolution du 1er Novembre. Depuis l'avènement de Ramtane Lamamra, la diplomatie algérienne a de nouveau un visage. Mais surtout une voix qui porte. Finis les chuchotements et les hésitations, et même si l'homme ne déroge pas aux us feutrés de la diplomatie, il n'en est pas moins dans son rôle de défendre et d'expliquer fermement les positions du pays. L'homme ne rue pas dans les brancards. Méthodique et calculé, il incarne parfaitement le profil du diplomate de carrière. Discret sans être effacé, il a fini par réconcilier les Algériens avec leur politique extérieure. Même si la première impression populaire est que le pays fait des concessions à ses plus intimes ennemis, le travail de la diplomatie algérienne, depuis l'intronisation du natif d'Amizour au siège du MAE, a marqué des points. L'interpellation plutôt musclée de son homologue français sur le dossier sahraoui, la réponse apportée aux désidératas marocains de réintégrer l'UA et d'en exclure la RASD, la mise au point belge et le traitement de la question des otages algériens sont autant de repères plaidant pour ce retour de la diplomatie algérienne au premier plan. Au-delà de ces acquis, la présence de Lamamra incarne au mieux ce retour aux compétences nationales. Diplomate professionnel, sa progression est cohérente et sa promotion obéit à un plan de carrière classique. Il possède la légitimité professionnelle et son arrivée à la tête des Affaires étrangères est loin d'être un parachutage comme tant d'autres à des postes où la première exigence est la compétence. Un critère qui, malheureusement, continue de faire défaut en Algérie où les nominations à des postes stratégiques sont plus le fruit de tractations claniques, de promotions d'intérêts personnels que d'une véritable politique nationale responsable. Lamamra reste l'exception qui ne confirme pas la règle. Malheureusement.