Les
cours du pétrole ont terminé la semaine juste en dessus
des 50 dollars, pour le brut de référence de la mer du Nord (Brent, 50,45) et
celui texan le West Texas Intermédiate (WTI 50, 56),
alors que le panier des 13 bruts de l'OPEP clôturait lui à 48,02. Des niveaux
de prix qui ne veulent rien dire sinon que ce sont les intermédiaires et les
opérateurs de marché qui fixent réellement la cote du baril de pétrole. D'abord
en fonction des fondamentaux boursiers, financiers, industriels et budgétaires
des économies développées, ensuite par rapport aux données géopolitiques selon
qu'elles menacent ou pas les intérêts des grands groupes industriels, agricoles
ou pétroliers, et enfin la conjoncture politique dans les pays producteurs. Ce
sont là les grands indicateurs, la girouette des prix de pétrole, qui ne
dépendent hélas plus d'une politique concertée des pays producteurs, comme
l'OPEP, mais d'aléas climatiques, politiques, d'une mini révolution ou d'un
attentat terroriste contre une installation pétrolière. En outre, le jeu des
marchés fait que le pétrole est devenu une matière première de plus en plus
délaissée par les opérateurs au profit d'autres produits plus rentables, comme
les produits dérivés, où le risque est plus grand, mais avec des profits
astronomiques. Ceci pour dire que les fluctuations des cours du brut
n'intéressent, hormis les groupes pétroliers occidentaux, que les pays
producteurs, ceux qui, en fait, comme l'Algérie, ont tout misé sur l'or noir.
Délaissant les autres secteurs de production, de création de richesses, d'innovations
qui font qu'aujourd'hui, le moindre tressaillement des cours, la plus petite
évolution vers le haut des prix est largement commentée et donne une bouffée
d'oxygène aux gouvernants, asphyxiés par la baisse des recettes pétrolières. Ce
qui est plus grave, c'est qu'à côté, il n'y a rien pour compenser une baisse
des cours, synonyme de disette, d'austérité, de baisse de la croissance et donc
de chômage, sous emploi et recul généralisé du niveau
de vie des Algériens. Lors de la dernière tripartite, un modèle de croissance,
un de plus, a été évoqué, mais, concrètement, techniquement, rien n'a été
divulgué. On en est au point de départ, car le gouvernement n'a donné aucun
détail sur ce nouveau modèle de croissance, ni comment il compte mettre en
place ce modèle. Ni même une simulation des solutions économiques et
financières à mettre en place pour émerger vers une économie qui ne dépendra
plus des hydrocarbures. Comme si tout le monde veut gagner du temps, attendant
une embellie du marché pétrolier, que les experts prédisent sans conviction à
partir de 2017. Car entre-temps, les besoins du pays s'amoncellent, le dinar
n'en finit pas de plonger, la devise devient rare et les achats du pays s'en
ressentent, alors qu'en face, les exportations ne totalisent pas un milliard de
dollars, hors produits pétroliers dérivés. Non, la conjoncture reste déprimée,
d'autant que les projets industriels annoncés ne devraient atteindre leur phase
de maturité que dans trois ou cinq ans au moins. D'ici là, la bourrasque risque
d'être forte si les prix de pétrole ne se remettent pas à gagner des hauteurs
appréciables.