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Le «risque zéro» n'existe pour aucun Etat

par Kharroubi Habib

Il n'existe pas de «risque zéro» en matière de menace terroriste y compris pour les Etats ayant à disposition des services de renseignement rompus à la détection préventive d'opérations de cette nature et un appareil sécuritaire aux capacités en théorie dissuasives. Les attentats de Paris de vendredi 13 novembre ont confirmé le fait du moment que leurs auteurs sont parvenus à déjouer la vigilance et des services de renseignement et de l'appareil sécuritaire français, pourtant en alerte maximum sur le front de la lutte antiterroriste depuis ceux qui il y a quelques mois ont été perpétrés dans cette même ville contre l'hebdomadaire satirique «Charlie Hebdo» et une superette «casher» et d'autant en éveil qu'ils ont eu conscience que la menace terroriste était bien présente au constat des tentatives du genre qu'ils sont parvenus entre-temps à faire avorter. Malgré cela donc, les terroristes sont parvenus à frapper en France.

Ils peuvent par conséquent le faire encore plus aisément dans des pays à l'état défaillant et aux forces sécuritaires délitées et pratiquement désarmées face à la menace qu'ils représentent. Ce qui est le cas du Mali où des terroristes se revendiquant d'El Qaïda ont attaqué le principal hôtel de Bamako et tué une trentaine de clients qui s'y trouvaient. A Paris comme à Bamako, les commanditaires des opérations terroristes et leurs exécutants ont visé à semer la terreur. La seule réaction à leurs actes barbares est de leur démontrer que ni les pays frappés ni la communauté internationale qui en est solidaire ne céderont à la terreur qu'ils sèment. Cela a été le mot d'ordre unanime qui s'est exprimé après les attentats. Ce qui entendait qu'il fallait que les citoyens français ne se laissent pas aller à la peur et que les autres pays n'édictent pour les leurs de mesures restrictives pour la destination France.

Il ne fait aucun doute que les autorités françaises se seraient emportées et auraient stigmatisé les Etats qui considérant que leur pays est devenu à risque en matière de menace terroriste se seraient avisés d'émettre de telles mesures. Ce que pourtant Paris fait systématiquement quand des Etats tiers sont frappés par la barbarie terroriste. La résilience à la terreur que sème le terrorisme doit se manifester en toute circonstance et surtout quand les pays qui en sont victimes n'ont pas les capacités d'y faire face de façon rassurante. Elle doit l'être en s'abstenant de les présenter comme affectés d'une dangerosité qui justifie que l'on interrompt avec eux visites, déplacements et échanges.

C'est en de pareils moments que ces Etats ont besoin de la solidarité des autres qui doit s'exprimer en maintien de la «normalité» des rapports qu'ils entretiennent. Bien entendu qu'il y a nécessité d'avertir qu'il y a des précautions à observer dans le cas de ces pays, mais pas de les placer sous un embargo sécuritaire au prétexte qu'il y va de la prévention de ressortissants. C'est malheureusement à ce réflexe que se laissent aller la plupart des pays d'Europe et d'Amérique à chaque fois qu'un Etat du Sud subit l'épreuve du terrorisme. Oui tous debout et solidaires dans le refus d'abdiquer devant la barbarie terroriste qu'elle touche le Nord ou le Sud de la planète.