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La vengeance de Benghebrit

par Yazid Alilat

En annonçant un taux de réussite de 51,3% au Bac 2015, la ministre de l'Education nationale avait le droit de se pavaner, avec un arrière-goût de vengeance. Et, dans la foulée, d'écraser ses adversaires, les milieux syndicaux qui lui ont mené la vie dure avec des grèves durant toute l'année scolaire, et même à moins de deux mois de l'examen le plus important dans la vie d'un élève. Aujourd'hui, elle semble savourer une victoire qui, en somme, lui donne raison, seulement face à ses adversaires, obligés peut-être maintenant de composer avec les conditions de la ministre pour redresser un secteur de l'éducation pas totalement guéri, encore moins sorti de l'ornière.

Car si les résultats du Bac 2015 sont meilleurs que ceux de 2014 (45,01%), il ne faut surtout pas crier victoire, sachant que beaucoup d'élèves, faute de cours au lycée, prennent depuis des années des cours complémentaires ou supplémentaires, c'est selon, pour chercher le « plus » qu'ils n'ont pas dans le système scolaire actuel. Oui, les résultats du Bac 2015 sont bons, très bons pour les nombreuses familles qui ont investi des centaines de milliers de dinars pour que leurs enfants ne soient pas dépendants de l'incurie d'un secteur sans timonier à la barre depuis des années, pour qu'ils ne paient pas les frais de la guerre ouverte entre syndicats et ministère.

Non, il n'y a pas lieu de fanfaronner, car même avec des seuils de réussite importants, le niveau de nos élèves est toujours mauvais, leur culture générale est très parcellaire et, surtout, ils n'apprennent pas à connaître les horizons infinis de la connaissance, du savoir. Mais, ne faisons pas la fine bouche, pour le moment, car on ne peut dénier à la ministre de l'Education nationale cette volonté de monter au front contre certaines pratiques négatives devenues habitudes dans le secteur de l'éducation, autant par un manque de recyclage du corps enseignant que par l'arrivée massive de personnels non formés à aller répandre le savoir à des générations d'enfants.

L'école algérienne a été amenée à vivre des essais cliniques de plusieurs réformettes qui n'ont fait que reproduire la médiocrité d'année en année. Le moment n'est pas à l'euphorie, loin s'en faut, tant les chantiers de redressement du secteur sont importants et nombreux. Une victoire par-ci par-là dans le long chemin du redressement de l'école est bonne à prendre, à condition de ne pas trop attirer vers soi les éloges. Laissant sur le bas-côté les principaux acteurs de ces victoires.