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Ghardaïa, le jour d'après

par Moncef Wafi

Ghardaïa encore et toujours. Depuis le bilan sinistre de ce mercredi et les 22 tombes creusées, il y aura un avant et un après Ghardaïa. Jamais de mémoire d'Algériens des violences intercommunautaires n'ont fini dans un bain de sang pareil, faisant frémir d'effroi un peuple en entier.

On retient son souffle, on a peur des lendemains et chacun de s'interroger sur l'action d'Alger. Que va faire notre Premier ministre, les autres ministres, les responsables sécuritaires ? Et le Président ? Qu'attendent-ils pour réagir efficacement pour que cesse cette fitna et que la vallée du M'zab retrouve sa quiétude légendaire ? Bouteflika a décidé d'envoyer l'armée sur place, preuve de l'échec de la police, de la gendarmerie et des services à anticiper sur les événements. Il a ainsi chargé le commandant de la 4ème Région militaire de coordonner l'action des services de sécurité et des autorités locales concernées pour rétablir et préserver l'ordre public.

Manque de discernement, de promptitude dans la prise décisionnelle, les services de sécurité ont été dépassés sur ce coup, n'ayant rien vu venir. Déjà décriée par la population mozabite, la police à Ghardaïa avait été recadrée puis suppléée pour ne pas dire supplantée par la Gendarmerie nationale, mais force est de constater que la gestion sécuritaire du dossier, autant au niveau local que centralisé, n'aura pas été à la hauteur des attentes. Ghardaïa aura porté un véritable coup dur à l'institution dirigée par Hamel puisqu'elle avait été le point de départ en octobre dernier de la protestation des Unités républicaines de sécurité (URS), de la Sûreté nationale, qui avait défrayé la chronique nationale. C'est dire la sensibilité du dossier.

Le gouvernement, fidèle à son agenda de l'urgence, a envoyé et son chef et ses ministres de souveraineté pour essayer de contrôler la situation par la force de la loi et les projets de développement. Bouteflika a réagi en ordonnant à Sellal de veiller à ce que les fauteurs de troubles et les meurtriers soient lourdement châtiés. Outre le travail du parquet, il est plus que nécessaire de mettre un nom et un visage sur ceux qui sont derrière ces vagues de violence, qui attisent les feux de la déraison et divisent les fils d'un même pays. Que ces commanditaires, quelles que soient leurs origines ou leurs raisons, soient démasqués et traînés devant les tribunaux.

A Oran, et lors de la manifestation de solidarité avec Ghardaïa initiée par la communauté mozabite locale, on a évoqué des appels au djihad contre les Mozabites lancés dans des mosquées. Que l'enquête s'oriente aussi vers cette direction et que l'on dise à la fin aux Algériens la vérité, rien que la vérité sur ceux qui ont failli à Ghardaïa.