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Balayer devant sa porte

par Yazid Alilat

Le rapport 2014 des Etats-Unis sur les droits de l'homme dans le monde a, encore une fois, irrité les autorités algériennes. Comme les précédents, ce rapport dresse une image peu reluisante du respect et de l'application des droits humains en Algérie. Une situation qui a amené le ministère des Affaires étrangères à demander des explications, en recevant, hier à Alger, l'ambassadeur des Etats-Unis en Algérie, Joan Polaschik.

La diplomate américaine a eu ainsi l'évaluation algérienne de ce rapport, qui n'a pas été vraiment du goût des autorités. Pour autant, comment expliquer la réaction algérienne à un rapport qui, au demeurant, s'est basé sur des faits qui se sont déroulés en Algérie en 2014. Comment apprécier un rapport d'une puissance étrangère sur le respect des droits de l'homme dans son propre pays en l'absence de garde-fous et, surtout, quand la réalité est évacuée des deux versions, autant celle américaine que celle algérienne. A l'évidence, on entre dans un cercle vertueux où chaque version serait la bonne, selon la place où l'on se place.

«S'il fallait une seule preuve des erreurs de jugement et des outrances qui disqualifient irrémédiablement ledit rapport, elle se trouve dans l'esquisse d'une équation d'égalité entre l'action légitime de l'Etat national et la folie meurtrière de groupes terroristes», écrit le ministère des Affaires étrangères pour disqualifier la valeur de ce rapport. C'est en somme une sorte de combat de la dignité qui est mené à travers la réaction du ministère des Affaires étrangères contre un rapport qui, au demeurant, ne peut se prévaloir du sceau de la vérité, encore moins de la crédibilité lorsqu'après plus de 1.000 Ghazaouis morts sous un déluge de feu israélien en juillet 2014, ce même rapport y glisse comme un surfer sur les malheurs des peuples opprimés.

Le département d'Etat n'a pas pondu un rapport qui prend en compte toutes les violations des droits de l'homme dans le monde, mais seulement celles qui servent de laboratoire aux essais de la politique extérieure US, pas celles des pays autoproclamés démocrates. Critiquer ce rapport américain qui oublie les violations des droits de l'homme aux Etats-Unis et en Israël même, c'est bien, éviter d'être cité dans ce musée des horreurs politiques, c'est encore mieux. Car dans toute stratégie politique ou militaire, il est vital de ne pas prêter le flanc à l'adversaire. Il faut balayer devant sa porte. Le chantier, l'important et ambitieux chantier des droits de l'homme, de la bonne gouvernance, des libertés en Algérie est vaste, ouvert. Il suffit juste de le conquérir, pour ne recevoir de leçons de personne.