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Ghardaïa, comment en est-on arrivé là ?

par Moncef Wafi

 Comment en est-on arrivé là ? C'est la seule question qui vient, convoquée par l'urgence du drame et l'ampleur du bilan. 22 morts enregistrés ces dernières 48 heures. Pas en Egypte ni en Syrie encore moins en Tunisie, mais à Ghardaïa, en Algérie. Ce n'est pas le bilan d'un acte terroriste ou d'un accident de la route mais d'affrontements entre groupes de jeunes qui se sont déroulés dans les régions de Guerrara et la vallée du M'zab dans la nuit de mardi à mercredi derniers.

Un glissement dangereux de la situation sécuritaire dont personne n'imaginait l'ampleur même si tout le monde craignait les dépassements et qui renvoie à tous les Algériens, citoyens et responsables, l'image d'un échec retentissant. Comment en est-on arrivé là ? Ce n'est pas comme si l'Algérie se réveillait sur cette info soudaine et inattendue, que la vallée du M'zab s'enflammait dans la nuit sans signes avant-coureurs et que tout le monde était pris de vitesse. Non, la réalité est tout autre, hideuse, dévoilant l'incapacité chronique du gouvernement et des responsables sécuritaires en charge du dossier de Ghardaïa de régler un conflit qui dure dans le temps et les morgues.

Ces 22 morts, et le bilan risque de s'alourdir dans les prochaines heures, doivent au moins servir à trouver une solution définitive à cette guerre des tranchées. Ils ne doivent pourtant pas rester impunis. Que leurs auteurs soient retrouvés et jugés et que ceux qui ont failli dans leurs missions démissionnent. Le moment d'en vouloir à la fatalité doit être révolu et le temps des responsabilités est venu. Que chacun assume. Que Sellal nous dise pourquoi il n'a pas su gérer convenablement cette crise. Que Bedoui, Belaïz, Hamel et les autres répondent de leurs échecs. Qu'on dise au peuple algérien qui est responsable de ces morts.

Peut-on décemment laisser une région en butte à un conflit communautaro-confessionnel qui n'a cessé de déborder pour devenir ce drame d'aujourd'hui. Qu'on arrête avec ces visites officielles qui ne servent absolument à rien, qu'on n'accorde plus de l'importance à ces notables qui ne représentent qu'eux-mêmes. Qu'on discute avec les représentants légitimes de ces deux communautés, qu'on essaye de trouver les solutions aux vrais problèmes de la région mais surtout qu'on passe aux choses sérieuses. Dépêcher l'armée, décréter un couvre-feu. Tolérance zéro et rendre des comptes aux Algériens et aux familles des victimes sur cet échec de tout un Etat.