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Le PAGL tiendra-t-il les promesses de Benflis ?

par Kharroubi Habib

Le congrès constitutif du Parti de l'avant-garde des libertés (PAGL), la nouvelle formation politique fondée par Ali Benflis, ex-chef du gouvernement et candidat malheureux face à Bouteflika lors des élections présidentielles de 2004 et 2014, est prévu pour devant se tenir les 13 et 14 juin prochain. Dans cette perspective, il est donné aujourd'hui le coup d'envoi à la tenue des congrès de wilaya et régionaux à qui revient de désigner démocratiquement la composante appelée à prendre part à l'assise constitutive du PAGL.

La phase de structuration de leur nouvelle formation a permis à Benflis et à l'équipe de membres fondateurs qui s'est engagée à ses côtés dans l'aventure de s'estimer satisfaits de l'engouement populaire certain provoqué par l'opération. Il ne leur a pas été en effet problématique de procéder à l'implantation de la nouvelle formation dans les 48 wilayas du pays, tant à l'évidence Ali Benflis dispose d'un capital de sympathie auprès des citoyens qui s'est mué en adhésion à son initiative politique.

Bien que le lancement du PAGL a été favorablement perçu, il faut que ce parti conforte le préjugé positif dont il bénéficie, en évitant de devenir un «fourre-tout» accueillant les professionnels du «nomadisme partisan» qui ont dû certainement être nombreux à se bousculer pour tenter de figurer dans ses rangs. Ce n'est pas en recyclant cette engeance vomie par les Algériens que Benflis et le PAGL entretiendront la sympathie populaire qu'ils sont parvenus à susciter. Ils ne pourront en effet convaincre que leur objectif est le changement s'il est constaté qu'au final l'encadrement du parti aura été gangréné par ces opportunistes qui mangent à tous les râteliers.

Il y va en effet de la crédibilité du discours qui est celui de Benflis depuis son retour sur la scène politique dans lequel il promet que si l'opportunité leur est donnée d'accéder au pouvoir, lui et son parti feront un changement qui sera une rupture avec les pratiques dont le régime use pour se maintenir, mais aussi avec l'indigente culture politique qui a contribué à discréditer le multipartisme. L'ancien chef du gouvernement aspire à n'en point douter au leadership de l'opposition au régime Bouteflika. Ce qui ne serait pas une mauvaise chose pour cette opposition qui bien qu'étant parvenue à dissiper quelque peu la prévention de légèreté et d'impuissance qui lui collait sur le dos au sein de l'opinion, n'arrive pas à convaincre qu'il y a dans ses rangs des personnalistes en capacité d'accéder à la fonction présidentielle en cas de possibilité.

Benflis estime non sans raison que les Algériens le considèrent lui comme en capacité d'endosser l'habit présidentiel. En se dotant d'un parti dont la naissance suscite un écho populaire on ne peut plus favorable, Benflis conforte sa position d'acteur politique avec lequel doivent compter à la fois l'opposition dans les rangs de laquelle il s'est résolument situé et le pouvoir qui a eu à constater que l'homme dispose d'une aura dont il ne peut mésestimer le pouvoir de mobilisation. Faut-il toutefois que l'aventure partisane pour laquelle il se dépense ne tourne pas au fracassant échec politique qui a été à quelques exceptions près le lot de celles tentées par d'autres personnalités.