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Bouteflika révisera mais à son rythme

par Kharroubi Habib

Bouteflika s'est engagé à réviser la Constitution du pays durant son quatrième mandat. A l'entame par lui de ce mandat, il a fait part de sa volonté d'aller vite sur la voie de la concrétisation de son engagement.

Pour autant, il ne s'est nullement avancé à fixer un timing aux étapes du processus qui mènera à la révision. S'il est vrai que l'on peut s'interroger sur les raisons qui font qu'une année après sa réélection Bouteflika tarde à rendre public son projet constitutionnel, il ne convient pas de lui faire procès du retard et encore moins celui de son irrespect de prétendues échéances qui auraient dû ponctuer le processus. Ces échéances, seul un certain milieu des médias et de presse les a données pour avoir été fixées en s'abreuvant à des sources dont les «confidences», «fuites» et «révélations» se sont avérées un exercice d'intox savamment orchestré.

Cela étant, il est vrai que la lenteur mise à «ficeler» le projet de la révision constitutionnelle et à passer à sa concrétisation suscite évidemment interrogations et spéculations. Parmi les récurrentes sont celles qui présentent cette lenteur comme découlant des divergences entre clans du pouvoir non encore aplanies si ce n'est sur l'ensemble du contenu du projet de révision, du moins sur certaines de ses dispositions ayant trait à la définition du pouvoir institutionnel et à celle des rapports entre les institutions appelées à l'assumer. Ne s'en tiennent à cette «cause» que ceux qui ne veulent pas ou refusent d'admettre que la «guerre» entre clans du pouvoir a bel et bien cessé depuis avril 2014. Ces clans étant parvenus à un consensus y compris sur ce que va être la révision constitutionnelle projetée.

S'il y a une raison au fait de la lenteur apportée à la mise en œuvre du projet de révision, elle est à mettre au compte de son initiateur, le président Bouteflika qui nous paraît avoir opté pour ne se presser que lentement par tactique et calculs. Par tactique pour ne jamais apparaître comme sous pression de ceux qui auront voulu lui imposer un timing des échéances pour sa révision constitutionnelle et être ainsi en mesure de surprendre tout le monde au moment que lui seul jugera opportun de passer à la vitesse supérieure en ce dossier.

Par calcul en ayant sûrement espéré s'offrir le temps de tenter de rallier à son projet de révision le maximum d'acteurs politiques et sociaux pour lui donner ce cachet d'opération bénéficiant du plus large consensus national possible qu'il a affirmé vouloir construire dans l'intérêt du pays. En ce sens, l'initiative du FFS lui a permis de temporiser et de donner l'impression de ne pas avoir voulu clore le dossier de la révision avant de connaître sur quoi elle aboutirait.

Si des personnalités du sérail disent maintenant que le projet présidentiel est pratiquement en son étape finale, c'est probablement que Bouteflika estime qu'il n'y a plus lieu de temporiser : les lignes de démarcation sur son projet n'étant plus susceptibles d'être bougées. L'opposition qu'il a tenté de diviser sur le sujet se montre toujours unitaire dans son rejet. L'initiative du FFS est loin encore d'aboutir si tant est qu'elle puisse déboucher sur une conférence nationale du consensus. Les choses vont s'accélérer dans le processus de révision constitutionnelle au tempo dont Bouteflika seul donnera la mesure et là encore il «s'amusera» à surprendre ceux qui le somment d'avancer à la cadence du leur.