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LES SIEGES DES INSTITUTIONS EN OTAGES

par M. Abdou BENABBOU

La désobéissance civile serait-elle un outil déterminant pour que l'homme retrouve la sérénité et la paix avec lui-même ?

Avec une courte vue on est tenté de pestiférer à grands cris contre un pouvoir algérien piégé au milieu d'un gué donnant l'impression de ne pas savoir s'il serait opportun d'avancer ou si au contraire il lui faudrait rebrousser chemin. Le maudire jusqu'à ne plus en finir serait un acte plat et puéril d'injustice parce qu'on ne tiendrait pas compte d'innombrables conjonctures historiques qui ont fait tanguer le pays au gré des vents et des humeurs.

Il n'est pas du tout question de justifier ni d'applaudir des gouvernances passées et présentes d'hommes imbus de leurs vérités discutables. Les unes tordues et intéressées, quelques autres fondées et acceptables. Mais il faut reconnaître que la difficulté de se gérer n'est pas l'apanage intime des Algériens et l'on constate que la majorité des peuples du monde sont ensevelis sous une lourde chape de fabuleuses contrariétés allant jusqu'à menacer pour certains d'entre eux leur propre existence. Et il est aujourd'hui prouvé que les recettes politiques et les idéologies sont devenues surannées et dépassées pour permettre les exultations populaires. C'est bien le terrain existentialiste qui est mouvant.

Quoi penser alors des habitants de nos grandes bourgades qui prennent en otage les sièges des institutions pour réclamer le départ des élus qu'on leur a imposés ? Quoi dire surtout d'une classe politique dirigeante que le pouvoir a ancrée sur la base de la petitesse de manœuvres pour répondre à des impératifs certainement pas évidents ?

Faute d'intelligence dans l'exercice de la saine et haute prospective pour le bonheur de son peuple, le pouvoir est réduit à la multiplication et à la pérégrination des commissions d'enquête pour tenter des conciliations éphémères. Il récolte les fruits amers de très lourdes semences contradictoires. Le petit baroud des commissions expédiées d'Alger n'est en vérité que le désaveu contraint d'une classe politique que le pouvoir a choisie lui-même.