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Accord de paix au Mali : une cérémonie de paraphe compromise

par Kharroubi Habib

En sa qualité de pilote de la médiation internationale pour le Mali, Ramtane Lamamra avait, rappelons-le, annoncé il y a quelques jours avoir adressé à toutes les parties du dialogue intermalien une invitation à venir à Alger pour prendre part le 15 avril à la cérémonie prévue pour parapher l'accord de paix conclu il y a plus d'un mois. Lamamra semblait certain que tous les destinataires de son invitation allaient être présents à la cérémonie du 15 avril. Sauf qu'à la veille de celle-ci, le porte-parole du MNLA a fait savoir que la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) dont fait partie son organisation ne va pas signer l'accord en question.

Selon ce qu'il a déclaré, la CMA a arrêté sa décision au constat que les amendements à l'accord émis par ses membres n'ont pas été pris en compte et qu'elle a l'accord de toutes les parties de la coordination. Selon cette même source, la décision de la CMA de ne pas signer l'accord est intervenue après de larges consultations et des échanges ayant fait apparaître que dans le document proposé à la signature de ses membres il a été « complètement ignoré le point crucial qui constitue l'épine dorsale des espérances légitimes du pays de l'Azawad à savoir : la réalité du statut politique et juridique de l'Azawad alors que ce statut politique demeure le nerf de la lutte et du combat des mouvements faisant partie de la CMA ».

A s'en tenir à la déclaration du porte-parole du MNLA, la cérémonie de paraphe prévue à Alger pour le 15 avril se trouve compromise et cela même après que la CMA ait fait l'objet de multiples pressions exercées sur elle par les composantes de la communauté internationale désireuses que toutes les parties maliennes « saisissent » la chance historique que constitue l'accord d'Alger pour la restauration d'une paix définitive au Mali.

Reste à savoir si la déclaration du MNLA reflète exactement la position de la CMA ou si elle ne serait pas celle du MNLA exclusivement qui chercherait par ce biais à dissuader les autres composantes de prendre part à la cérémonie du paraphe et du même coup viserait à arracher à la médiation internationale et au camp gouvernemental malien les concessions sur le statut politique de l'Azawad que la CMA n'était pas parvenue à obtenir dans les rounds des négociations de l'accord d'Alger. A l'heure où cet écrit se rédigeait, aucun autre mouvement membre de la CMA ne s'est manifesté pour soit confirmer ou infirmer l'annonce faite par le porte-parole du MNLA.

S'il se confirme, le refus de la CMA d'apposer sa signature à l'accord d'Alger mettra à nu la versatilité de ses membres qui s'étaient engagés à négocier la paix avec Bamako sur la base du respect de l'intangibilité de l'unité de l'Etat malien. Ce que la déclaration du porte-parole du MNLA a mis en avant comme justificatif à la décision de la CMA n'est rien moins qu'une revendication d'un statut pour l'Azawad qui irait au-delà du cadre d'une certaine autonomie du pouvoir de décision à octroyer à ses représentations. Qu'il faille peut-être préciser certaines dispositions de l'accord d'Alger, Lamamra en a convenu en indiquant que la cérémonie de paraphe serait l'occasion d'ouvrir « de nouvelles consultations informelles de courte durée pour clarifier et arrêter la méthodologie en vue de la signature et de la mise en œuvre de l'accord de paix ».

Les absents à la cérémonie démontreront par leur acte qu'ils sont dans une autre logique que celle prônée par Lamamra et la médiation internationale qu'il conduit.