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LES PRINCIPES ET LA FORCE

par M. Abdou BENABBOU

Jusqu'à quel degré un principe tient-il sa force et que vaut-il dans une combinaison complexe de responsabilités à assumer dans l'intérêt du peuple ? L'exercice de la diplomatie n'est plus un ensemble de décisions faciles à prendre depuis que le zaïmisme n'a plus cours et que la littérature sur le non-alignement des pays embués par de beaux rêves ne serait plus qu'une franche fanfaronnade. On sait ce qu'il est advenu des farfelus prophètes et on mesure le poids du drame dans lequel ils ont enfoncé leurs peuples. Et ce n'est pas encore fini. On a surtout compris qu'il est suicidaire d'opposer un canif à un tank et qu'il serait d'une débilité criarde qu'un chat ivre, fagoté dans une inculture démesurée veuille engager un duel inconséquent avec un lion surarmé.

L'Algérie a eu à gérer ces derniers temps une indélicate succession d'événements mettant à mal la conformité de ses principes légendaires l'obligeant à faire le dos rond. Elle a fermé les yeux sur le survol de son espace aérien par des avions militaires français et elle a tenté de caresser dans le sens du poil les régimes égyptien et saoudien pour se dépêtrer de la gadoue du Yémen. Les manœuvres algériennes pas du tout aisées ont servi à tempérer la gigantesque contamination de l'effroi qui se propage à ses frontières et il est mal indiqué de faire la fine bouche face à cette acrobatie diplomatique réussie.

On a reconnu la touche bouteflikienne avec une lecture en filigrane d'un démenti sur l'inertie décriée d'un président prisonnier d'une chaise roulante mais qui reste maître de la gestion des humeurs du moment les mieux calculées.

La compatibilité de ces effroyables humeurs génitrices du feu et du sang avec la mise au placard des principes aussi nobles soient-ils est dans l'air du temps. Le monde est livré totalement aux intérêts insécables et à la force des puissants pour démontrer encore une fois une logique incontournable. Les principes et la force sont inséparables. Les principes forts d'un Etat et d'un peule ne tiennent leur force que de celle qu'ils appliquent à eux-mêmes.