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La paix au Mali en balance à Kidal

par Kharroubi Habib

Lors de la signature à Alger le 1er mars du préaccord de paix conclu entre eux et le gouvernement de Bamako, sous l'égide de notre ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, chef de file de la médiation internationale pour le Mali, certains des groupes politico-militaires du nord du Mali ont assorti leur acceptation définitive du document à la consultation préalable sur le sujet de leurs bases respectives. C'est ce à quoi vise la réunion, qui se tient depuis hier à Kidal, regroupant des leaders de groupes armés, de chefs traditionnels et de représentants de la société civile locale. La rencontre, compliquée à organiser du fait de la dispersion à l'intérieur et à l'extérieur du territoire malien des responsables et personnalités devant y prendre part, a été rendue possible malgré un léger retard grâce à l'aide logistique fournie par la Minusma. Tous les observateurs s'accordent sur le caractère crucial de la réunion de Kidal pour l'avenir du Mali. Les participants vont devoir en effet composer avec une population de l'Azawad étant apparemment hostile à ce qui a été convenu entre les groupes politico-militaires ayant paraphé l'accord d'Alger aux côtés des représentants du gouvernement de Bamako. Ce qui ne va pas être chose aisée au vu des manifestations populaires anti-accord d'Alger qui se sont produites à Kidal à l'annonce de son paraphe. La rencontre sera en tout cas l'occasion de vérifier l'audience et l'autorité réelles des leaders des groupes politico-militaires, des chefs traditionnels et des représentants de la société civile censés être représentatifs de la population de l'Azawad. Soumis à la pression intense des médiateurs internationaux et régionaux pour mettre tout en œuvre pour arracher l'adhésion populaire à l'accord de paix d'Alger, les participants à la rencontre de Kidal auront un face à face tendu car certains d'entre eux n'ont acquiescé que du bout des lèvres au contenu du document et n'hésiteront pas à faire assaut de surenchère dans la réserve au cas où il leur apparaîtrait que la population de l'Azawad ne sera pas facile à convaincre de l'approuver.

Ramtane Lamamra et la médiation internationale qu'il dirige sont conscients que l'avenir du Mali est tributaire de ce qu'il résultera de la réunion de Kidal. C'est pourquoi, ils ont adressé des mises en garde tant à destination des participants que de la population de l'Azawad, leur faisant valoir que l'accord d'Alger est la seule solution acceptable pour tous d'une sortie de crise pour le Mali. En cette étape du processus de paix ayant permis la conclusion de l'accord d'Alger, la balle est dans le camp des leaders et notables de l'Azawad. Si leur rencontre à Kidal se conclut par des réticences bloquantes sur le contenu de l'accord, cela donnera à l'évidence prétexte et justification aux anti-accord dans le camp gouvernemental à faire pression sur les autorités du pays pour qu'elles déclarent ne plus être liées par les engagements auxquels elles ont souscrit à Alger. Gageons aussi que les parties exclues du dialogue intermalien d'Alger tenteront, dans les journées que durera la réunion de Kidal, de se manifester à leur façon, c'est-à-dire par une violence aveugle pour marquer qu'elles ne se sentiront pas tenues par son éventuelle confirmation du paraphe de l'accord.