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En économie comme en politique, nécessité d'un consensus national

par Kharroubi Habib

Abdelmalek Sellal et Abdessalem Bouchareb son ministre de l'Industrie et des Mines ambitionnent d'insuffler à l'économie nationale une dynamique qui en ferait une économie diversifiée, émergente au taux de croissance de 7% à l'horizon 2019. Cet avenir « radieux » pour notre économie nationale, les deux hommes ne sont pas les seuls à l'avoir fait miroiter. Tous ceux à qui ils ont succédé aux postes qu'ils occupent se sont eux aussi déclarés mobilisés et travaillant à la concrétisation de cette ambition à laquelle chacun a fixé un horizon sans cesse reporté au gré de leurs successions dans l'appareil gouvernemental.

Depuis le temps que nos gouvernants proclament que la politique économique qu'ils suivent a pour objectif de faire de l'Algérie un pays émergent, leur bilan se devrait d'établir que pour le moins le pays est en passe d'atteindre à ce statut. La réalité est pourtant tout autre. L'économie algérienne telle qu'est sa situation actuelle est loin, bien loin d'être celle d'un pays en voie d'être émergent. L'Algérie a certes enregistré en cette dernière décennie des réalisations et des performances qui ont stoppé la tendance régressive dans laquelle son économie a été plongée dans les années 80-90.

D'ambitieux programmes de relance ont été échafaudés pour sauver ce qui pouvait l'être et relancer cette économie en insufflant à ses secteurs d'activité la dynamique et l'environnement propices à leur développement. Dire que rien n'a été fait dans ce sens est une contrevérité qui ne contribue pas à l'appréhension objective de la situation réelle de l'économie nationale et de ce qu'il y a lieu de changer ou de corriger dans la politique vouée à sa promotion.

Il a été beaucoup entrepris ou décidé qui a incontestablement permis à l'économie nationale d'amorcer un développement dont les effets se font sentir, ce qu'attestent les rapports et analyses consacrés par les institutions internationales ayant charge d'évaluer les états de santé des économies nationales. Il reste malgré tout que les performances réalisées par l'économie algérienne ne sont pas au niveau qui permettent au pays à prétendre être une puissance économique émergente à l'horizon 2019. Non par le manque de capacités propres pour atteindre cet objectif, mais par le fait que ce qu'il entreprend dans ce sens ne découle pas d'une stratégie de développement cohérente, aux axes et priorités clairement arrêtés.

Une telle stratégie, sa définition ne peut être l'apanage et le monopole d'un homme ou d'un groupe comme c'est le cas depuis toujours en Algérie. En ce domaine aussi et peut-être plus encore, tant l'économique conditionne le reste, il y a lieu, et c'est une urgence, que se dégage un consensus national en matière de politique économique à mettre en œuvre pour engager l'Algérie sur la voie du véritable développement. Par un mode de gouvernance dans lequel ceux qui détiennent les commandes se font sourds aux alertes sur les errements des politiques décrétées par eux, l'Algérie a raté les opportunités qui se sont présentées à elle de réaliser son émergence économique. Elle est encore pour un temps compté en capacité de prendre le train du développement à la condition de faire que celui-ci soit l'affaire de toutes ses compétences et non celle d'un groupe dirigeant aussi ambitieux soit-il de réaliser cet objectif.