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Benflis a tenu promesse

par Kharroubi Habib

Il n'est pas de lendemains d'élections en Algérie sans que leurs perdants crient à la fraude et promettent de produire des preuves accablantes pour ses auteurs. Sauf que, passée la fièvre provoquée par la frustration de défaites amèrement vécues parce que imputées à la fraude électorale, la promesse du dévoilement de celle-ci s'évaporait systématiquement. Ceux qui s'engageaient à le faire refermaient le dossier fraude pour entonner d'autres airs. Le candidat malheureux à l'élection présidentielle d'avril 2014, Ali Benflis, a lui aussi déclaré frauduleux ce rendez-vous électoral et promis d'en apporter la démonstration à l'opinion publique par la publication, le moment venu, d'un «livre blanc» sur la fraude réunissant les preuves probantes de sa matérialité. Il a tenu sa promesse, ce dont il faut souligner qu'ils ont été nombreux à ne pas le croire décidé quand il avait fait l'annonce de la préparation de ce «livre blanc». Le doute sur la détermination du candidat malheureux d'avril 2014 avait des raisons d'être. N'avait-il pas en effet porté la même accusation de fraude sur le scrutin de l'élection de 2004 à laquelle il avait également participé, puis quitté la scène et s'est enfermé dans un durable silence. Ce n'est manifestement pas le parti pour lequel il a opté après sa seconde déconvenue. L'homme n'a pas rendu les armes cette fois-ci et poursuit son combat contre le pouvoir en place qu'il a entamé en se portant candidat contre Bouteflika. Sa cré dibilité dans l'aventure s'est démontrée fortement par l'écoute qu'ont eue ses critiques contre le régime et son candidat et le programme qu'il se promettait d'appliquer si les électeurs lui accordaient leur confiance.

Il l'aurait ruiné en jetant aux oubliettes sa promesse de produire un «livre blanc» sur la fraude dont il s'estime la principale victime. L'on comprend alors qu'il a fait de la dénonciation de la fraude électorale l'un des thèmes majeur et récurrent de son réquisitoire contre le pouvoir qui en est l'ordonnateur et ses candidats les bénéficiaires. Cela d'autant que, contrairement aux autres opposants au régime desquels il s'est rapproché et dont il partage l'objectif d'engager l'Algérie sur la voie d'un changement pacifique et démocratique, il prône, lui, la construction d'abord d'une nouvelle légitimité à partir d'élections libres et transparentes, avant plutôt par la voie d'une transition pour laquelle plaident la plupart. La publication de son «livre blanc» s'inscrit pour Benflis dans la logique de sa croisade anti-fraude. Elle va contribuer, il l'espère, à l'éveil des consciences que la fraude est «une atteinte à l'intégrité de l'Etat et une crime contre la Nation. En tout cas, le Benflis post-Avril 2014 n'a pas fini d'étonner tant il fait preuve de pugnacité dans l'opposition qu'il a décidé de manifester au pouvoir reconduit par le contesté scrutin d'avril. Il est droit dans ses bottes pour ce combat comme il a tenu à le faire savoir en rendant public son «livre blanc» sur la fraude.