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Pouvoir et opposition dans le même sac pour le citoyen lambda

par Kharroubi Habib

Pour l'Algérien lambda, le système, le régime, ce sont d'abord des hommes, des responsables qui ont échoué. Une identification qui fait que pour cet Algérien lambda, le changement auquel il aspire est celui qui mettra un terme à l'exercice du pouvoir par cette génération de responsables faillis.

 Il n'y a pas lieu de s'étonner que s'en tenant à cette vision du changement, il n'a aucune confiance en celui que le pouvoir en place lui promet de réaliser, ou dans les voies à suivre dans la même intention que lui indiquent des partis et des personnalités de l'opposition.

 Si sa méfiance englobe tenants du pouvoir et opposition, c'est que l'Algérien lambda s'est fait à la conviction que le changement concerne les personnels des deux mondes politiques. A tort ou à raison, il ne voit donc dans la démarche du premier ou dans les propositions pour aller au changement prônées par le second, que procédures formelles destinées, dans un cas, à assurer la pérennité de dirigeants déjà en place, et dans l'autre, à leur substituer des remplaçants forgés et éduqués politiquement dans le même moule.

 L'on comprend alors le désintérêt qu'il affiche pour le projet de réformes politiques officiel en préparation et pour les avis et oppositions émis par la classe politique en guise d'alternative à ce projet.

 L'attitude du simple citoyen algérien est à l'identique de celles des révoltés tunisiens et égyptiens qui poursuivent leur mouvement malgré le départ de leurs dictateurs respectifs. Elle y a même puisé sa justification au constat fait que les processus de transition en Tunisie et en Egypte, censés conduire au changement et gérés par les classes politiques traditionnelles de ces deux pays, se révèlent être en fait d'insidieuses opérations de recyclage de responsables et personnalités ayant, à des moments et à des degrés divers, été parties prenantes dans les gouvernances qui ont condamné la Tunisie et l'Egypte à la faillite.

 L'Algérien lambda n'a pas tort par conséquent quand il considère que le changement auquel il aspire est celui à faire après qu'au préalable un coup de balai renvoie l'actuel personnel politique du pouvoir et de l'opposition confondus à des occupations autres que celle d'être en charge des affaires.

 Pour aussi injuste qu'il soit, le jugement négatif que le citoyen algérien porte sans distinction sur ce personnel politique national n'est pas dénué de justifications. Il faut reconnaître en effet que ses segments se revendiquant de l'opposition n'ont pas été à la hauteur des attentes populaires en des moments où ils ont bénéficié du projet favorable d'être porteurs d'alternatives crédibles au système en place. Les moins compromis se sont contentés de marquer leurs distances d'avec ce système ; les autres ont, d'une façon ou d'une autre, plus ou moins voyante, «tété à sa mamelle».

 Quoi de plus naturel par conséquent que cette méfiance que les citoyens cultivent à leurs égards et se montrent pour cette raison peu réceptifs aux propositions et projets de processus pour opérer le changement dont ils sont les chantres.