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La «patate» fait de l'ombre au débat électoral

par Kharroubi Habib

L'envolée délirante des prix de certains produits de première nécessité, tels les fruits et légumes, a ravi la vedette dans les discussions des citoyens à l'activité électorale déployée en cette fin de campagne par les six candidats à la magistrature suprême et leurs relais locaux.

Quand les marchés flambent et qu'il est devenu quasiment impossible pour de larges secteurs de la population de subvenir aux dépenses du panier ménager, il est en effet difficile pour celles et ceux qui en font les frais de «philosopher» sur le patriotisme de la nécessité d'accomplir l'acte électoral. C'est pourquoi, il nous semble que plus que les appels au boycott lancés par certaines formations et cercles politiques, l'agression inflationniste dont sont victimes les familles algériennes pourrait être la raison justificative déterminante du refus de beaucoup de citoyens d'aller accomplir leur devoir électoral le 9 avril. Une hausse des prix, surtout ceux des produits de première nécessité, est, ce qui est normal, toujours mal vécue par le citoyen ordinaire en mal sans eux de faire face aux besoins élémentaires de la vie quotidienne.

Celle qui s'est déchaînée en cette période électorale, affectant principalement les cours du marché des fruits et légumes, suscite néanmoins une indignation particulière. Et ceci parce que se refusant à admettre les explications officielles ou autres avancées sur les causes de cette inflation, les citoyens l'imputent au laxisme et à la permissivité dont font montre les pouvoirs publics à l'égard des intervenants économiques, qu'ils soient producteurs ou commerçants. Leur ressentiment est d'autant plus fort que par raccourci inspiré par leur incompréhension des causes à l'origine de cette inflation, certains citoyens n'hésitent pas à y voir la conséquence d'une absence de l'Etat d'autant plus coupable que créée par des considérations électoralistes.

Il n'est pas impossible alors que la grogne populaire que suscite le comportement hiératique des marchés conforte le réflexe abstentionniste. Ceci d'autant que sur ce sujet comme sur d'autres qui concernent leurs conditions de vie, les citoyens n'ont entendu que de vagues et souvent irréalistes promesses sur des «lendemains meilleurs» de la part des six candidats à la magistrature suprême.

L'envolée du prix de dame pomme de terre a fait de celle-ci l'objet d'un débat citoyen qui ignore les préoccupations politico-électorales qui sont celles des camps en présence dans ce scrutin de la présidentielle.

Pour les tenants de la participation populaire massive à l'élection présidentielle, l'inflation qui s'est donnée libre cours pendant la campagne électorale est l'une des plus mauvaises situations qui soit. Elle rend en effet moins audibles et entraînants les arguments qu'ils serinent en faveur de leur position.