Sa seigneurie la banane semble avoir entamé un timide repli dans le marché des fruits. Elle a l'air d'adopter provisoirement un profil bas après l'estoc donné à la saga de son coût par le ministre du Commerce pour que ses étals renouent avec la raison. Heureuse secousse dont deux grands importateurs ont fait les frais en se voyant sommés par la justice d'expliquer leurs démarches comptables et pour nous éclairer sur l'exotisme de leurs bénéfices.

Mais l'aventure bananière, par sa valse douteuse, plus qu'elle a intrigué le plus haut sommet des responsables du commerce renvoie à une problématique plus dense pour que le vaste secteur de l'agriculture algérienne ait une conséquence positive autrement mieux maîtrisée.

Les mesures importantes dans ce domaine névralgique pour le pays sont prises par l'Etat. Elles sont indéniables. Le recensement de tous les paramètres agricoles lancé par le ministère de l'Agriculture est une des décisions de base. Il devra accompagner les efforts décidés en matière de création de nouvelles routes, de nouveaux pourvois de lignes de chemins de fer et de désenclavement du Sud par de moult ressorts modernes conformes au renforcement des grandes infrastructures.

Il s'agit cependant de ne pas en rester là. Si l'élément humain ne suit pas, les efforts engagés s'avéreront vains. Mais des signes présageant l'ouverture d'une page bénéfique pour l'essor de l'agriculture sont de plus en plus visibles. Les cultures sahariennes, en alimentant le nord du pays, affichent ce qu'elles ont de mieux en fruits et légumes passant outre le dictat des saisons. Des agriculteurs du Sud, racés et hautement formés, bien que peu nombreux, affichent une volonté solide pour barrer la route à des produits légumiers et fruitiers importés de l'étranger jusqu'ici. Certains d'entre eux ont démenti la stérilité des terres sahariennes. La banane, le kiwi, le safran, la mangue, entre autres produits prétendument rares, ont déjà montré leurs dents.