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La virtualité des PIB et des PNB

par Abdou BENABBOU

La notion de développement d'un Etat, d'un pays est devenue si vague qu'elle contrarie la signification classique qu'on lui attribuait. Les repères qui la définissaient au travers des PIB et PNB fusionnés ont, à mesure que le temps avance, une flexibilité densément virtuelle pour que l'on puisse encore croire qu'ils sérient les degrés de richesse ou de misère des populations. Il en est ainsi pour la notion de démocratie expliquée et coloriée au gré des convictions idéologiques n'ayant pas apporté jusqu'ici une définitive et juste certitude.

Pour un peuple, un développement économique et social attesté ne peut être certifié que par le bonheur conquis. Si l'avancée technologique de quelques sociétés ou les richesses naturelles pour d'autres sont avérées, elles ne sont pas signe d'un développement si elles n'installent pas le bonheur. Dès lors s'aventurer à affirmer que le monde entier, sans aucune exception, est en voie de développement n'est pas une ineptie. Disposer de grands hôpitaux au top niveau, mais amoindris par une pénurie de médecins et d'infirmiers n'est pas la confirmation d'une aisance sociale que prétendraient faussement et avec litanie de forts PIB et PNB catalogués. Seriner à tue gorge l'impossibilité de faire face à l'évaporation accentuée du pouvoir d'achat n'est en aucun cas une preuve d'essor et de développement.

Le sous-sol africain est d'une richesse inouïe. Pour autant une large faction de la population africaine est aux prises avec la famine et la misère. Les sociétés occidentales, pour leur part, ont beaucoup de mal à s'adapter à une modernité que l'on a hâtivement assimilée à un développement comme si dans un paradoxe flagrant les progrès technologiques ont aussi enfanté d'immenses tares pour barrer la route au bonheur et pour imposer la mal-vie. A quelques exceptions près, au moment où leur mot d'ordre est à la conquête de la galaxie, la majorité des gouvernements ont les bras liés, tétanisés par l'impossibilité de répondre à l'élémentaire besoin nutritif de leurs populations.

Le plus significatif et le plus curieux dans le monde d'aujourd'hui est que des sociétés très retranchées et isolées, se complaisant dans une vie primitive, affichent l'allégresse d'un bonheur que l'on ne pourrait à bien des égards contester. Les notions de développement pour eux sont totalement inconnues.