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ONDES DE CHOC

par Abdou BENABBOU

L'assassinat du général iranien Kassem Soleimani à Baghdad n'est pas seulement la mise à feu d'une poudrière limitée à la région du Golfe et ne restera pas une déflagration circonscrite à un point isolé du globe. On sait ce que produisent de tels événements et on connaît les dommages collatéraux qu'ils enfantent. D'autant qu'on sait surtout que l'Histoire a toujours enseigné que de simples escarmouches peuvent provoquer des cataclysmes que le monde paye très cher. L'assassinat de Soleimani est l'ouverture d'une grande porte sur des drames déjà prévisibles comme l'ont été ceux qui ont suivi l'assassinat de l'archiduc autrichien en 1914, l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, ou encore les véritables holocaustes vécus par les populations afghanes, irakiennes ou palestiniennes.

Redouter une escalade comme le suggère la diplomatie internationale est un euphémisme, car le monde ne reste seulement au stade de la crainte qu'obligé tel qu'il se présente par de petits calculs d'intérêts et on voit bien qu'il est au centre d'une catastrophe planétaire aux multiples visages. On a fermé les yeux devant la catastrophe provoquée par la famille Bush en dévastant l'Irak et on feint d'ignorer l'injustice criarde que subissent de nombreux peuples. Pourtant, l'humanité entière est convaincue que de tels désastres engendrent des ondes de choc terrifiantes. Demander à ses concitoyens d'éviter par prudence de se rendre dans tel pays ou dans telle région relève de la plaisanterie quand aux raids chirurgicaux répondent immanquablement les ceintures armées et minées déflagrantes. Les guerres armées d'aujourd'hui se passent des fronts. Elles ont le loisir de se déplacer comme bon leur semble et nul être au monde n'est à l'abri de leurs survenances.

Bien sûr qu'on peut se demander ce que faisait un haut général iranien à Baghdad, comme on doit s'interroger en quoi pouvait-il représenter un danger pour les Etats-Unis comme le prétend Trump.

La panoplie des questionnements risque d'être longue. Elle ne serait qu'une nourriture indigeste par bien des aspects pour les analystes et les politologues.