Tout le monde n'a pas encore compris que l'exercice politique jacobin est bien fini et que le zaïmisme d'antan s'apparente aujourd'hui à un jeu de marelle bien trop inopérant. La mauvaise manie de rendre soi l'aléatoire articulation politicienne des pays dits avancés se présente on le voit bien avec un visage défiguré. Les supposées grandes et moyennes puissances étrangères affichent avec franchise leur impuissance à sortir de l'auberge et tout indique que malgré toute la force dont elles sont détentrices elle ne suffit plus à stopper une décadence sociale et économique annoncée.

Rien n'est acquis quand l'individualisme se conjugue à tous les temps et quand la destinée des peuples s'identifie à un jeu de billard impubère et improvisé par l'instinct jouissif.

L'Algérie n'est pas un point perdu dans la galaxie et, qu'elle le veuille ou pas, est sommée, bon gré mal gré, d'adapter ses faits et gestes à une marche du monde forcée où seules l'intelligence et la hauteur de la vision sont un impératif recommandé.

Il y a quelque chose de pathétique à voir des demi-dieux avec leurs épouses et leurs enfants en prison parce que la magnanimité religieuse a toujours enseigné que l'on ne pouvait souhaiter une soudaine familiarisation avec les lits en ciment et la vexation de la gamelle à son plus grand ennemi. La nature humaine est ce qu'elle est. Assumer une responsabilité nationale et prendre en charge la destinée d'un peuple n'est pas une invitation à une orgie et ceux qui se targuent aujourd'hui d'être des envoyés de Dieu devraient avoir la majestueuse humilité nécessaire pour se convaincre qu'ils auraient sans doute un enfer à gérer.

C'est avec cette vérité que doivent s'armer ceux qui se disent réfléchir à l'avenir de l'Algérie et qui ont l'obligation de se départir de l'esprit qui veut que guerroyer serait une fin en soi pour s'installer au cœur des sphères dorées. Le temps des messies est dépassé depuis longtemps. Face à l'immensité des problèmes que l'Algérie a à affronter, le plus dramatique est qu'il n'est pas sûr que la convocation de tous les prophètes réunis soit capable d'insuffler le bonheur au pays.