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Question d'hospitalité

par Mahdi Boukhalfa

A plusieurs égards, le déplacement du ministre de l'Intérieur dans les régions du sud du pays par où transitent les migrants clandestins est le signe évident que l'Algérie ne veut plus prêter le flanc aux critiques, souvent inspirées par quelques capitales occidentales, des ONG et autres organisations onusiennes en mal de respect des droits des migrants. Mieux, à Alger, on insiste et on affirme que certains migrants d'origine arabe, refoulés au-delà des frontières du pays, sont une menace pour la sécurité nationale. Le déplacement du ministre de l'Intérieur notamment à Tamanrasset où il a visité des centres d'accueil de migrants est en quelque sorte une réponse des autorités algériennes à certaines accusations d'ONG selon lesquelles il y a atteinte sur le territoire algérien aux droits de ces migrants, et donc que l'Algérie ne remplit pas ses engagements en matière d'accueil et de prise en charge des personnes déplacées de zones de guerre ou de conflit, ou poussées à fuir les zones en proie à la famine et l'insécurité.

Or, pour les Subsahariens, s'il n'y a pas eu de gros problèmes avec le HCR, il n'en est pas de même pour le nouveau type de migrants clandestins qui entrent par les frontières de l'extrême Sud. Que des ONG et des organisations onusiennes s'offusquent de leur refoulement par les autorités algériennes, cela est tout à fait dans leurs missions et leurs agendas. Pour autant, ces mêmes ONG ne font pas souvent la distinction entre réfugiés ou exilés politiques, les personnes fuyant la famine et la misère et les déplacements coordonnés d'éléments de franchises terroristes. Sinon comment interpréter le fait que des personnes affiliées à Daech ou de franchises terroristes fuyant la Syrie arrivent en Algérie par ses frontières sud, où il y a toute une logistique mise en place pour l'accueil et la réception de réfugiés subsahariens ?

Il est impératif, après les attaques terroristes des sites gaziers d'In Amenas et le danger permanent que font peser sur la sécurité de cette région sensible les groupes armés tout proches installés dans une Libye en proie à la guerre civile, de se montrer plus que circonspect sur les véritables mobiles de l'arrivée en Algérie de ressortissants arabes en provenance du Yémen, de Syrie et de Palestine. Les annonces presque quotidiennes du ministère de la Défense quant à l'interception d'armes de guerre dans les régions du sud du pays, en particulier près des frontières avec le Mali, le Niger ou la Mauritanie, sont révélatrices que la menace terroriste est encore là, omniprésente et que dans ces circonstances le moindre relâchement ne peut être toléré. Car il ne faut pas se tromper de cible dans ce dossier sensible qu'est la prise en charge des migrants, qu'ils soient clandestins ou disposant de documents officiels leur permettant d'entrer en toute légalité sur le territoire national.

Les appréhensions des autorités algériennes se portent particulièrement sur les mouvements suspects de combattants de plusieurs franchises terroristes ayant fuit les zones de conflit en Syrie et au Yémen et, curieusement, transitant par des régions du nord du Mali et du Niger où circulent les groupes terroristes d'Aqmi et de ceux ayant prêté allégeance à Daech. Tout comme les pays européens sont en train de refermer leurs frontières et fouler aux pieds les principes d'hospitalité et d'accueil des personnes en détresse, dont ces milliers de Syriens envoyés sur les routes de l'Europe de l'Est par la grâce de tous les soutiens hypocrites d'un certain printemps arabe, Alger a également le droit de contrôler et de gérer son «hospitalité». En toute souveraineté.