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Expectative

par Mahdi Boukhalfa

Fatalement, l'année qui commence sera décisive sur le plan politique, économique également. D'ici au 25 janvier, le corps électoral devrait être convoqué en prévision de la prochaine élection présidentielle et, surtout, maintenir en vie l'agenda politique. Or, le contexte actuel où confusion et opacité dominent en aval de la décision quant à la tenue ou non de cette échéance électorale ne donne pas de signaux positifs, encore moins rassurants.

Après l'énigmatique silence des partis de la majorité sur le respect des échéances politiques, dont l'élection présidentielle d'avril prochain, des «annonces» au compte-goutte sont maintenant savamment organisées sur le maintien des échéances électorales avec, évidemment, le soutien des partis de la majorité, moins le MPA pour le moment, à une 5ème candidature du président Bouteflika. Mais, le langage des partis de la majorité semble avoir changé, avec un nouveau paradigme, celui lié à la décision que prendra le chef de l'Etat vis-à-vis de cette élection et la position qu'il prendra.

TAJ, FLN et RND ont expressément expliqué avec une grande clarté qu'ils attendent la décision que prendra le président Bouteflika, tout en l'assurant de leur soutien. Le changement dans le discours des partis de la majorité est qu'ils ont cessé d'appeler à un 5e mandat, sans doute sermonnés sur leur insistance, et adoptent cette position attentiste vis-à-vis de la décision que prendra le président Bouteflika pour cette élection.

L'autre préoccupation d'importance pour cette année 2019 sera particulièrement le comportement du marché pétrolier et une possible reprise de la croissance économique mondiale. Un bon niveau du prix du brut est en effet souhaité et souhaitable pour l'économie nationale, obligée en 2018 de recourir au financement non conventionnel pour éponger les déficits, soulager la CNR, un gouffre financier, et poursuivre le programme des réalisations sociales et économiques.

En 2019, ce sera encore plus compliqué pour le gouvernement de trouver les ressorts nécessaires pour éviter la planche à billets si les cours du pétrole restent dans la moyenne des 50 dollars. Et, tout comme les experts, il estime qu'un pétrole à moins de 60 dollars n'est pas bon pour l'Algérie. Le ministre de l'Energie exprime cette préoccupation du gouvernement et n'hésite pas à pronostiquer que le prix de l'or noir devrait s'améliorer cette année et osciller entre 65 et 70 dollars/baril.

Des prévisions très optimistes du représentant du gouvernement pour qui cette fourchette de prix du brut est ?'correcte''. Pour autant, le marché pétrolier ne va pas évoluer selon les prévisions, encore moins les souhaits du gouvernement. Il doit trouver des solutions alternatives à la baisse des recettes pétrolières et améliorer en même temps les conditions de vie des Algériens. Une double exigence qui devrait mobiliser le gouvernement, autant pour éviter de terribles désillusions si jamais le ralentissement de l'économie mondiale se confirme cette année, au moins pour le premier trimestre, avec une chute des prix de pétrole à moins de 50 dollars. Autant également pour maintenir une cohésion du front social, de plus en plus méfiant à l'égard des politiques publiques du gouvernement, orientées non pas vers des réponses adéquates et durables aux attentes, mais vers des programmes sociaux à court terme et à forte teneur démagogique et politique. Car l'état actuel des finances publiques du pays exige du gouvernement des solutions saines et réalisables, dépourvues de démagogie, pour éviter de terribles décantations, d'autant que sur le front politique, les nuages ne se sont pas totalement dissipés.