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Finances, l'autre inquiétude

par Mahdi Boukhalfa

Un nouveau ?'warning'' pour l'économie algérienne dont la croissance est toujours arrimée aux performances des prix du pétrole. Comme d'habitude, l'avertissement vient du FMI qui prévient sur un nouveau risque de décroissance et une nouvelle contraction de tous les indicateurs économiques dans le sillage d'une brusque baisse des cours de l'or noir en 2019. Le Fonds, dans ses Perspectives économiques régionales pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (MENA) rendues publiques hier mardi, met en garde le gouvernement quant à un ralentissement quasi généralisé des fondamentaux, en particulier la croissance qui ne devrait guère dépasser les 2,7% du PIB en 2019, avec un taux d'inflation de 6,5% en 2018 et à 6,7% en 2019. Le déficit budgétaire va s'établir à 7% du PIB en 2018 et à 5,6% en 2019, alors que le déficit de la balance des paiements sera énorme, à 9% en 2018 et 7,9% en 2019.

A la fin du 1er semestre 2018, le déficit de la balance des paiements était de plus de 8 milliards de dollars, un gouffre financier qui ne peut pour les trois prochaines années être résorbé, d'autant que les nouvelles en provenance du marché pétrolier ne sont pas bonnes pour une économie comme celle de l'Algérie, basée exclusivement sur les exportations d'hydrocarbures. C'est à ce niveau que l'avertissement du FMI est à prendre très au sérieux, car il donne une idée assez claire des perspectives à courte échéance et, surtout, ce qu'il faut faire pour amortir le choc d'une nouvelle baisse annoncée des prix du pétrole. Car selon les analystes du FMI ?'les perspectives de croissance pour les exportateurs de pétrole restent sujettes à une grande incertitude quant à l'évolution future des prix du pétrole''. Et les précisions ne sont guère encourageantes, les experts du FMI estimant que ?'malgré les récentes évolutions des prix du pétrole et une légère augmentation des prix à terme par rapport à mai 2018, les marchés restent convaincus que les prix du pétrole vont plafonner en 2018 avant de baisser progressivement jusqu'à environ 60 dollars le baril d'ici à 2023''.

Déjà, la tendance des prix du brut est à la baisse, les prix ayant perdu en quelques jours un cinquième de leur valeur en un mois seulement, le Brent se négociant à un niveau proche de son plus bas niveau depuis avril. Ce qui, fatalement, devrait donner quelques inquiétudes au gouvernement qui a prévu dans le projet de loi de finances 2019 un budget de fonctionnement en hausse et des dépenses d'équipement en baisse. Le gouvernement ne prévoit pas également une hausse importante des grands indicateurs économiques pour qu'il y ait un effet d'entraînement sur les secteurs moteurs de la croissance, notamment la création d'emplois, d'entreprises, la commande publique et une hausse des exportations hors hydrocarbures. Le PLF 2019, comparativement aux données prévisionnelles du FMI, donne cette peu rassurante impression que le gouvernement a concocté un projet de loi de finances foncièrement électoraliste, avec notamment un gel de la hausse des recettes fiscales ordinaires et une nouvelle ouverture aux importations. Et que l'efficacité économique et financière aurait été laissée de côté pour ne pas trop perturber sur le plan des attentes sociales l'élection de 2019.