L'incident
libyen est clos. Les deux parties ont rappelé qu'il ne saurait y avoir autre
chose entre les deux pays que la fraternité, l'amitié et le bon voisinage. Même
la partie libyenne à l'origine de ce mini-incident diplomatique s'est récusée,
réaffirmant que l'Algérie reste un pays frère. Mais, il aura laissé un
arrière-goût amer quant au silence étonnant de la classe politique, toutes
tendances confondues. Certes, l'Algérie officielle a donné sa réponse.
Diplomatique. Mais également militaire avec cette intelligence qui sied aux
circonstances. Car il était attendu dans cet intervalle, et durant sa visite de
travail dans la 3ème région miliaire, que le chef
d'état-major de l'ANP réagisse.
D'une
manière ou d'une autre, ne serait-ce que pour éviter que ce genre de
déclarations belliqueuses ne se répète. La bienséance diplomatique, le bon
voisinage et le respect des pays voisins, en toutes circonstances, ne doivent
jamais permettre des écarts de conduite comme ceux dont s'est rendu coupable Haftar. Et le chef d'état-major Ahmed Gaïd
Salah n'est pas resté sans délivrer son message : rester toujours vigilants et
maintenir une disponibilité en tous moments. Il est évident qu'en sa qualité de
militaire, Gaïd Salah ne peut s'immiscer dans les
affaires politiques du pays, et à plus forte raison en cas d'incident
diplomatique. Mais, lors de sa tournée dans la 3ème région militaire, son
message n'avait pas besoin d'être décodé, lorsqu'il a appelé les troupes ?'à
maintenir toujours une parfaite disponibilité pour faire face à tous les
actuels et futurs défis afin de pouvoir défendre l'Algérie ainsi que sa
souveraineté, sa sécurité et sa stabilité''. Ce message de Gaïd
Salah, hors contexte actuel, a les allures d'un ordre du jour applicable pour
maintenir en permanence une bonne préparation des troupes. Mais, dans le
contexte actuel, l'ANP a donné sa réponse à tous ceux tentés de porter
atteinte, d'une manière ou d'une autre, à l'Algérie, à sa stabilité, sa
souveraineté. Par contre, ce qui est déprimant, c'est ce silence pesant de la
classe politique par rapport à un événement qui aurait dû provoquer une
réaction à la hauteur de l'événement. Mais là, rien, hormis un parti, comme si
l'incident provoqué par Haftar, et pris en charge
médiatiquement par des chaînes arabes, ne concernait pas l'Algérie. Ce qui
renvoie par ailleurs à considérer que si les partis proches du pouvoir
confirment qu'ils n'ont jamais eu une autorité morale et politique pour réagir
par rapport à l'actualité nationale ou internationale sans ordres, le manque de
réaction des partis d'opposition est troublant. Bien sûr, des partis comme le
FLN ou le RND ont toujours été guidés par le pouvoir, et sont une partie du
pouvoir, et donc ils ne peuvent adopter une posture par rapport à des
événements internationaux concernant le pays sans provoquer une terrible
bousculade au plus haut niveau. Sans injonction, leur intervention aurait fait
désordre au plus haut niveau de l'Etat. Ce qui, de fait, les élimine du champ
politique réel, et que laissent vacant des partis d'opposition qui sont en
train de perdre toute crédibilité auprès de l'opinion publique. L'occasion
était trop bonne pour qu'elle réagisse. Qu'elle montre qu'elle est présente.
Elle ne l'a pas saisie. Et, dans ce cas de figure, l'ANP ne peut s'autosaisir,
ni monter au front à chaque fois que devient pesant le silence de ceux qui en
ont la responsabilité politique, ceux dont la mission est de constituer un
bouclier politico-médiatique contre toutes les menaces dirigées vers le pays.