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El Hadjar, tout un symbole

par Moncef Wafi

El Hadjar, le fleuron de l'industrie sidérurgique de l'Algérie, en théorie, va-t-il renaître de ses cendres ? Si l'objectif n'est pas nouveau, les différents gouvernements y ont injecté des milliards sans succès après l'avoir bradé à ArcelorMittal, Tebboune veut redonner au complexe sa véritable place nationale et internationale. Le challenge est de taille aussi important que l'arnaque liée à l'opération de cession des parts en 2001 et toutes les péripéties qui s'en sont suivies. Et depuis l'Algérie a vécu au gré des humeurs d'El Hadjar, de ses déboires, des conflits sociaux, de l'arrêt de ses hauts-fourneaux.

Aujourd'hui, le complexe exclusivement DZ est au bord de l'asphyxie. L'investisseur indien le laissant à l'Etat, largement déficitaire, ne produisant qu'à peine 300.000 tonnes d'acier alors qu'il s'était engagé au départ à porter la production à 5 millions de tonnes en dix ans. Le dossier El Hadjar, s'il n'est pas exclusif, renseigne sur le degré d'incompétence et de gabegie qui ont entouré les décisions économiques prises ces vingt dernières années. L'épisode Mittal a donné un sérieux coup de frein à l'industrie sidérurgique nationale et s'inscrit dans cette logique de prise de décision unilatérale, irréfléchie, sous l'influence des centres d'intérêt et d'argent. Alors que le pays avait besoin de produire son propre rond à béton pour ses ambitieux projets structurants et d'exporter en bonus, le contraire s'est produit, renforçant la position vulnérable de l'Algérie dans ce secteur où on parle de 7 milliards de dollars d'importation par an. Mittal a, en résumé, préféré vendre en Algérie qu'y produire, à l'image des unités de montage de véhicules pour schématiser grossièrement.

Le ministre de l'Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda, instruit par le Premier ministre, s'est réuni samedi dernier avec les responsables des groupes Imetal et Sider, ainsi que les responsables, les cadres et le partenaire social du complexe sidérurgique d'El Hadjar. La démarche est claire et elle reflète la volonté évidente du nouveau gouvernement à corriger les erreurs de production et de casting et à se réapproprier les symboles économiques de l'Etat. Secteur hautement stratégique, laissé aux mains de quelques «amis» importateurs, Tebboune est en train de remettre de l'ordre ou du moins de limiter les dégâts occasionnés en rappelant les fondamentaux de toute logique commerciale.