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Craintes électorales

par Moncef Wafi

De l'avis unanime, le discours partisan électoral aura été, quitte à se répéter, pauvre voire indigent en l'absence de véritables projets politique, économique et sociétal. Des programmes indigestes portés par un discours volontiers populiste, creux, privilégiant des promesses électorales impossibles à tenir, parfois à la limite du farfelu, tenues par des candidats et des chefs de parti décriés et discrédités.

Dans cette cacophonie électorale, deux constantes émergent qui dénoncent d'une part les appels au boycott et de l'autre redoutent la fraude. Presque tous les partis de l'opposition, qui ont misé à tort ou à raison sur la neutralité de l'administration, revoient leurs copies et craignent une fraude électorale. Les formations islamistes, elles, se font vraiment discrètes lors de cette campagne, leur seul objectif étant de rester encore en vie après le 4 mai. Cette crainte ouverte est publiquement assumée aussi bien par le PT que le FNA ou le RCD.

Les expériences passées ont démontré que les scrutins en Algérie ont de tout temps été frappés de suspicion de fraude. Et c'est peu dire. Et malgré les assurances reçues officiellement, le doute plane sur la propreté de ces législatives, cruciales à plus d'un titre, puisque le prochain quinquennat politico-économique risque d'être pénible pour les Algériens en général et les couches défavorisées en particulier. Les promesses des uns et des autres pour la réduction du chômage, le partage équitable des richesses, la relance de l'économie hors hydrocarbures ne changeront rien à l'implacabilité des prévisions qui attendent le pays.

Inflation, PIB, taux de chômage, croissance en chute, les indicateurs pour 2018 augurent une année charnière pour l'Algérien et la force d'un parlement ou sa dépendance vis-à-vis de l'exécutif feront toute la différence. La prochaine configuration de la chambre basse décidera alors entre les solutions de facilité consistant à encore « racketter » le citoyen à travers l'augmentation des prix et des taxes et les choix courageux à demander au gouvernement de trouver des solutions plus équitables et moins douloureuses (taxer les grosses fortunes par exemple). Et c'est pour ces raisons que laisser le libre arbitre des Algériens décider des suites à donner à l'histoire est plus que nécessaire.