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Logique respectée

par Moncef Wafi

Que retenir de cette entrée en matière de la campagne électorale ? Les chefs de parti ont ouvert le bal, chacun choisissant une wilaya de l'intérieur du pays, de préférence, pour ne pas rencontrer un autre patron politique et se risquer à une comparaison d'audience. Les grandes villes ont été pour l'instant évitées, histoire de stratégie électorale peut-être ou par crainte de ne rencontrer personne. Les discours ont été d'une platitude exemplaire, sans grande surprise, pour autant, puisque le niveau des débats, aussi primaire soit-il, est une constante militante de nos jours.

La logique étant respectée, on a eu droit à un début de campagne tiède pour ne pas dire glacial, dans l'indifférence générale. Certaines rencontres et autres meetings populaires ont dû être retardés pour permettre aux salles de se remplir, encore une autre particularité bien de chez nous, et donner l'illusion d'un intérêt populaire pour l'événement. Les cadors de la majorité ont développé un lexique classique, propre à leur chapelle, appelant au vote, faisant la promotion du programme présidentiel et la personne du chef de l'Etat. Ouyahia a fait du Ouyahia en distribuant les promesses et Ould Abbès qui décrète que la stabilité du pays découle de celle du FLN. Le parti annonce déjà la couleur et le message lancé est que les Algériens doivent remercier toute leur vie l'ex-parti unique pour le pain qu'ils mangent aujourd'hui. Rien que ça !

Les partis satellitaires d'El Mouradia, TAJ et le MPA, ont ce rôle de rabatteurs, s'en prenant aux partisans du boycott. Selon leur lecture étriquée du jeu politique, l'Algérie n'a d'autre voie de salut que dans une participation massive au vote. Pour les partis de l'opposition, on condamne du côté du RCD les premiers dépassements policiers de la campagne tout en dénonçant une fraude postélectorale. Le FFS, lui, dénonce une grave décision politique empêchant ses militants de se présenter dans plusieurs régions du pays, notamment à Ghardaïa. L'abstention et son corollaire politique le boycott a été comme toujours au centre des débats. Pour ou contre, les formations en lice se sont prononcées. Nuancées pour certaines, catégoriques pour d'autres, le sujet est hautement tabou mais surtout craint par toutes les parties. L'administration ne veut pas d'élections au rabais alors que l'opposition cherche une reconnaissance populaire aléatoire. C'est dire si les visions divergent et les intérêts convergent.