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Plus qu'une histoire de ballon

par Moncef Wafi

Le football en Algérie est plus qu'un sport collectif ou une passion sportive et sa vitrine est cette équipe nationale qui traîne son vague à l'âme sur les terrains du Gabon. Un onze qu'on a présenté comme l'un des favoris en puissance de cette coupe d'Afrique mais qui n'a fait, pour le moment, que de la figuration, rendant une piètre copie que ce soit sur le plan des individualités ou du schéma tactique.

Les Algériens ont dû certainement écarquiller des yeux à la vue d'un team sans fond de jeu, des joueurs sans envie, perdus sur le terrain, incapables d'aller au charbon par peur des blessures. Les fans des Verts se posent toujours la question sur l'identité de l'arrière gauche qui joue. Est-ce le Ghoulam étincelant de Naples ou un sosie chaussé de crampons ? Brahimi a joué en soliste, en mauvais soliste, et Mahrez a levé le pied lors du deuxième match. Mbolhi a joué de malchance, Slimani et Ghezzal avaient la tête ailleurs alors que le reste n'avait tout simplement pas le niveau.

Les deux premières rencontres ont transi les Algériens plus que le froid polaire qui s'est abattu sur le pays, congelant les ardeurs et refroidissant les passions. Les Fennecs sont devenus de simples coyotes en Afrique et Leekens, la trouvaille de Raouraoua, a étalé toute sa science du foot à éviter sous le soleil africain. Le onze national aurait pu redonner le sourire à son peuple, fatigué et démoralisé par la situation du pays. Il aurait pu mettre un peu de baume au cœur des sinistrés de la crise et les augmentations, même si elles ne s'effacent pas, auraient été plus faciles à digérer si ailleurs une bonne nouvelle se profilait.

Mais non, la fédé, le coach, les joueurs se sont mis d'accord pour gâcher l'un des derniers plaisirs des Algériens. Leekens sera débarqué, à n'en pas douter, et le Trésor public raclera les fonds des coffres pour payer les mensualités d'un entraîneur de renom pour reprendre les rênes de l'équipe et redonner espoir au peuple.

Parce que le foot est plus qu'une histoire de ballon rond, c'est un gage de stabilité d'un peuple pour peu que son équipe se qualifie à la Coupe du monde. Et ça, le pouvoir l'a bien compris. Un pays dont l'équipe joue la Coupe du monde est un pays qui ne se soulève pas. En principe. En attendant le troisième et probablement le dernier match de l'Algérie pour cette CAN, les Algériens ne chantent plus one, two, three mais «non aux augmentations».