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Une kalachnikov au bout de la démocratie

par Moncef Wafi

Avec quoi combattre le terrorisme et son pourvoyeur l'extrémisme et l'obscurantisme religieux ? Avec les         armes mais aussi à travers une démocratie participative si l'on croit l'intitulé de l'atelier international qui s'est ouvert, hier, à Alger. Les participants à cette rencontre ont tous été unanimes à reconnaître l'expérience algérienne dans la lutte antiterroriste et le rôle que peuvent jouer les valeurs de démocratie, un Etat fort et souverain conjugué à l'apport citoyen et la liberté d'expression dans ce cadre.

Malgré tout ce qu'on peut dire, personne ne pourra remettre en cause l'expérience algérienne dans la lutte antiterroriste acquise dans le sang et les larmes alors qu'elle était frappée d'ostracisme par ces mêmes pays qui recherchent aujourd'hui des leçons à tirer de cette période. Les Américains, les premiers, le reconnaissent aujourd'hui et s'appuient volontiers sur cette expérience, évoquant davantage une coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme que des actions individuelles. Le secrétaire d'Etat adjoint américain pour la démocratie, les droits de l'homme et le travail, Tom Malinowski, présent à ce rendez-vous dira à ce propos qu'«aucun pays ne pourra à lui seul combattre le fléau du terrorisme sans l'aide d'autres pays partenaires». Mais difficile d'accorder un blanc-seing à un Etat qu'on accuse ouvertement d'avoir créé l'une des organisations les plus sanguinaires de ces dernières années.

Pour sa part, Alger met en avant les fondements mêmes d'un Etat-nation aux avant-postes de cette lutte. Messahel, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, le rappellera dans son discours inaugural, soulignant que la démocratie est le meilleur révélateur des dangers véhiculés par l'islamisme et le terrorisme. Une réflexion qui nous ramène à cette équation de l'islamisme et de la démocratie. Il indiquera que tous les ingrédients définissant un Etat de droit: la démocratie, le pluralisme politique et les libertés individuelles et collectives, la tolérance, le dialogue, le respect de l'autre et la coexistence dans la diversité sont des valeurs de paix et de stabilité. Des paramètres malheureusement absents du quotidien algérien qui impose cette idée de la défaite militaire du terrorisme.

En effet, la lutte antiterroriste s'est habillée de politique et la loi sur la concordance civile en est le parfait témoin, occultant de fait le combat mené par les services de sécurité et l'armée. Alors avec quoi combattre le terrorisme ? Principalement par les armes et la démocratie, quand elle existe dans un pays, est avant tout préventive. Mais ceci est un autre débat.