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Plus fort que jamais

par Moncef Wafi

Qu'est-ce qui a changé dans le discours inaugural de Ouyahia à l'occasion du congrès extraordinaire qui l'a plébiscité à la tête du RND et son discours post-élection ? Consensuel jeudi, invitant même l'opposition à le rejoindre dans des propositions de travail sous conditions, il a de nouveau tiré sur elle, hier, la critiquant et l'accusant d'esbroufe sans réel programme politique alternatif. Ce qui n'est pas nouveau dans le verbe de Ouyahia lui qui était jeudi un SG par intérim du deuxième parti du pays et samedi l'un des favoris d'El Mouradia, plus que jamais conforté dans son rôle de premier challenger pour la succession de Bouteflika après les félicitations de ce dernier pour son élection.

Le désormais et officiel homme fort du RND n'a pas oublié d'exprimer, au nom de son parti, son soutien «constant» et «total» au chef de l'Etat. Cet échange d'amabilités n'est pas fortuit et interpelle les observateurs sur la place que prend de plus en plus Ouyahia au sein du régime se plaçant comme l'un des favoris pour une cooptation qui s'est engagée en amont. En comparaison avec son pendant au FLN, Saadani, qui n'a reçu lui que les félicitations du chef d'état-major Gaïd Salah, peut-on dire, Ouyahia, fidèle et zélé serviteur de la République, comme il le revendique, tend à embrasser un destin national. Décrypter : devenir le prochain président de la République. La course à la présidentielle se jouera entre Saadani et Ouyahia et ce n'est un secret pour personne sauf grande surprise avec un candidat consensuel inattendu, un scénario à la Chadli.

Dans cette course qui s'apparente plutôt à une lutte de sérail, le patron du FLN semble en perte de vitesse, plombé par des sorties médiatiques qui l'ont fortement handicapé. Une proximité avec la France, des histoires liées à ses biens immobiliers à Paris, sa sortie maladroite sur le Sahara occidental mais aussi sa farouche opposition à l'article 51 bis de la nouvelle Constitution, Saadani a fini par se tirer une balle dans le pied sans l'aide de personne. Ouyahia, lui, s'est fait oublier. Après l'échec de 2013 et sa sortie sans gloire de la présidence du RND, il s'est montré discret et surtout patient connaissant mieux que quiconque les rouages et les jeux de coulisse de la politique des salons. Attendant son heure, il a été remis en selle, rappelé par Bouteflika auprès de lui. Le retour au RND était une question de temps. Aujourd'hui, plus que jamais, et ayant fait le ménage dans son dos, Ouyahia, regardant déjà Saadani dans le rétroviseur, a fait un pas de plus, décisif, sur la route d'El Mouradia.