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![]() ![]() ![]() ![]() Il
ne faut pas être dupe. Toutes les polémiques qui ont lieu actuellement dans les
sphères politiques et médiatiques occidentales sur le degré de destruction des
installations nucléaires iraniennes, causé par les attaques récentes, sont de
la poudre aux yeux. Elles n'ont qu'un but, celui de cacher que l'objectif
stratégique véritable des dirigeants occidentaux et israéliens est d'abattre le
pouvoir iranien. Et ce but demeure.
L'argument principal, confectionné pour une opinion occidentale crédule, est qu'il faut détruire le régime, et le remplacer par un autre,»ami», afin que la question du nucléaire iranien soit «définitivement réglée». Un procédé habituel de la propagande occidentale pour masquer l'objectif central visé quand il est impossible à légitimer. En réalité, l'objectif véritable est le «Régime change», le changement de régime. Si c'était la question nucléaire, elle ne nécessiterait que de simples négociations et non une agression armée. Cet objectif de «régime change» sera maintenu tant qu'il ne sera pas atteint. Cette façon de procéder est, comme on va le voir, une constante de la politique occidentale en phase d'agressivité. La récidive de l'attaque contre l'Iran est une quasi-certitude, sauf évènement majeur dans le rapport des forces en présence, pour la raison simple que cela s'est produit systématiquement dans le passé, à de multiples reprises, et dans des circonstances semblables. De l'Irak à la Lybie et la Syrie L'Irak avait été accusée de détenir «des armes de destruction massives», après de nombreuses autres accusations diverses comme celles d'utilisation d'armes chimiques contre les Kurdes et de «soutiens au terrorisme». L'Irak a eu beau, à chaque fois, donner toutes les preuves de la fausseté de ces accusations. Elle a ouvert son territoire à toutes les inspections réclamées par l'Occident, les Américains en tête. Rien n'y a fait. Faute de la découverte d'éléments probants, les Américains ont accusé alors les inspecteurs de partialité. En fin de compte, l'Irak sera agressée: 500.000 à 1 million de morts, suivant les estimations. Trop indépendante, trop arrogante, trop «anti-occidentale», et surtout elle avait commencé à se développer, à se moderniser. Impardonnable. La Libye, à son tour, a été victime du même harcèlement impitoyable. Elle a été la cible de campagnes, devenues récurrentes désormais, d'accusations de dictature et d'atteintes aux Droits de l'homme. Elle a été soumise, procédé lui aussi devenu récurrent, à des sanctions. Puis le Président Kadhafi a été accusé d'être derrière l'attentat du 5 avril 1986, contre la discothèque La Belle' à Berlin. C'était le moment de l'affaiblissement de l'URSS, et le prétexte du «terrorisme international» commençait à remplacer, dans la gestion occidentale du monde, celui de la menace soviétique. Le président libyen est la cible rêvée. Aucune preuve, mais il soutient l'OLP et l'IRA «Ce ne peut donc être que lui». Déjà la caricature d'un président «fou» et «voyou»' commence à être propagée et enracinée dans l'opinion, y compris dans certaines élites arabes, à tropisme occidental, qui tomberont (bien facilement) dans le piège. La technique est au point: la propagande crée une image puis celle-ci sert à son tour de preuve. Le président Reagan n'attend pas et le 14 avril 1986, conjointement avec la Grande-Bretagne, il fait bombarder la Libye. Des dizaines de morts civils y compris une des filles de Kadhafi. Mais ce n'était pas fini. La Libye et le Président Kadhafi seront bientôt accusés d'avoir abattu un avion de ligne, un Boeing 747, au-dessus du village de Lockerbie, en Ecosse, le 2 décembre 1988. 270 morts. Aucune preuve contre la Lybie. Mais Kadhafi est accusé, il est désigné du doigt: «Cela ne peut être que lui, affirme-t-on encore, en tant «qu'une des figures de proue du terrorisme international.». La diabolisation de la Libye s'amplifie. Summum de l'arbitraire, la Lybie est contrainte d'accepter elle-même l'accusation mensongère et d'indemniser les familles des victimes à hauteur de 2,7 milliards de dollars. Mais ce n'était pas fini encore. Le harcèlement impitoyable continue. La Libye n'est pas encore à genoux. Kadhafi est alors accusé de détenir, lui aussi, comme en avait été accusé Saddam, des «armes de destruction massive», des armes nucléaires plus précisément. Pauvre Libye comme si elle pouvait avoir atteint ce niveau technologique. Kadhafi a beau nier. Il a beau accepter en 2003, toutes les inspections possibles et imaginables, il a beau s'engager à détruire tous ses missiles d'une portée supérieure à 300 km, rien n'y fait. La Libye se sera pour rien humiliée, ce qui est toujours la première phase exigée par l'Occident de ses proies. Même propagande, mêmes accusations, mêmes procédés qui seront utilisés plus tard pour l'Iran. Les puissances politico-médiatiques occidentales, continuent d'affirmer qu'il est «sur le point de construire une bombe nucléaire« (1). Elles parlent «de tonnes d'uranium volatilisés Cela ne rappelle-t-il rien ? Le coup de grâce arrive avec l'agression directe de la Libye. Kadhafi est accusé de vouloir «tuer son propre peuple», de «perpétrer un massacre à Benghazi». Aucune preuve là aussi si ce n'est des affirmations, qui s'avèreront mensongères, d'une pseudo «opposition en exil», le CNT (Conseil national de transition), créée comme par enchantement et qui disparaitra une fois la tâche terminée. Hilary Clinton, la CPI et... le viagra En Occident, on crie que le temps presse, que la situation est urgente pour arrêter ce massacre imaginaire. Hilary Clinton , secrétaire d'Etat du gouvernement américain, se mobilise, voyage entre l'Europe et les pays arabes. Elle va jusqu'à affirmer que les soldats de Kadhafi sont drogués, au viagra pour «utiliser le viol comme instrument de guerre» (2) ! Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), l'Argentin Luis Moreno-Ocampo, va jusqu'à confirmer ce mensonge incroyable et dit qu'il en la preuve. Ceci en dit long sur la CPI et son instrumentalisation d'alors. Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères français, campe à l'ONU. Il fait le siège du Conseil de sécurité. Un propagandiste français bien connu, Bernard-Henri Lévy, après s'être consacré à l'intervention contre la Yougoslavie de 1991 à 2001, se tourne à présent vers la Libye. Il réclame de nouveau «un droit d'ingérence» et crie, sur tous les médias, qu'il faut intervenir militairement contre Kadhafi. Comme s'il répondait à cet appel, le président Sarkozy, dans une scène spectaculaire, très médiatisée, reçoit au palais présidentiel de «Elysée», Bernard-Henri Lévy accompagné des membres du CNT. Il reconnait ceux-ci comme nouveau pouvoir Libyen, C'est un acte politique sans précèdent en France par son caractère extraconstitutionnel. On sait ce qui leur arrivera à tous les deux, par la suite. Le président Sarkozy sera accusé et condamné, mais 14 ans après, de relations de corruption avec la Libye. Bernard-Henri Lévy sera lui aussi, accusé et confondu pour des relations, elles aussi de corruption, avec le Qatar. Les révélations récentes à ces sujets sont explosives et documentées (3) C'est cette corruption au plus haut sommet de l'Etat français qui a ouvert la voie au développement des relations privilégiés actuelles de la France avec le Qatar. Des intellectuels français, et des journalistes se joignent à la meute et demandent la mise à mort de Kadhafi (4). 14 ans après, on retrouvera quasiment les mêmes, toujours en meute, mais cette fois sur l'Iran. Qu'y a-t-il de changer. Heureusement qu'il y a l'Internet qui garde une trace de tout cela. Lors de ces agressions, un aspect ne cesse d'étonner et de choquer: c'est la véhémence et la hargne, du personnel médiatique occidental envers les pays agressés. Ils semblent être chacun personnellement impliqués. Comme on est aujourd'hui encore étonnés par le silence qui a été celui, à cette époque, de certaines élites arabes occidentalistes. Certains ont même approuvé les actions contre Kadhafi, empoisonnés qu'ils étaient par la propagande occidentale. Peut-être en ont-ils honte aujourd'hui. On aura alors avancé. De la Syrie à l'Iran Tous ces évènements sont à rappeler tant les gens ont, la mémoire fragile et tant les médias dominants savent très bien effacer le souvenir de ce qui les dérange, ce qui permet un éternel recommencement des crimes contre l'humanité, comme ceux actuels en cours ou en préparation au Proche Orient. Certes la mémoire historique viendra, mais si tard, et toujours trop tard pour les victimes.. Mais revenons à cette séance du Conseil de sécurité du 17 mars 2011, si importante pour l'avenir. Une motion, la 173, y est adoptée. Elle est détournée par les pays occidentaux, sous l'action de la France notamment, afin de l'interpréter, en toute mauvaise foi, comme l'autorisation d'intervenir militairement en Libye. C'est la plus grande campagne de désinformation et la plus grande escroquerie du siècle, qu'on peut revivre sur ce texte (5) qui avait été écrit, minute par minute, pratiquement en direct. Cet abus de confiance commis par les puissances occidentales ne leur sera jamais pardonné par la Russie et la Chine. Cette tromperie pèsera lourdement jusqu'à aujourd'hui sur les relations internationales. Elle est probablement le point de départ historique de la rupture avec ce qu'elles appelleront «Occident collectif» Kadhafi aura eu beau dire qu'il accepte cette résolution du Conseil de sécurité, et qu'il s'y soumet, on déclarera, vieille habitude elle aussi de toute agression occidentale, que de toute façon «il ment». Le sort de la Libye sera scellé. Kadhafi sera lynché devant les yeux du monde entier après sa diabolisation auprès d'Etats arabes étrangement absents, comme ils le seront sur la Palestine. Pour la Syrie ce sera, à peu près, le même schéma avec la même accusation de détenir des «armes de destruction massive», mais cette fois-ci chimiques. Il n'y aucune preuve indiscutable. La Syrie niera, acceptera tout contrôle, le réclamera elle-même. Les contrôles ne découvrent rien mais on dira qu' «elle a caché ces armes». L'agression paraîtra imminente, mais elle n'aboutira pas cette fois-ci du fait de l'intervention militaire russe. Il y avait eu le précèdent de la Libye et le monde commençait à changer. La Syrie aura seulement, en fait, un sursis Ce récit montre bien que l'Occident dominateur, tel le prédateur, ne lâche jamais sa proie. Ce sera la même chose pour l'Iran. Les agressions se répèteront sous les prétextes les plus divers. Mobilisation de tout le système de propagande occidental, sans relâche, 24h sur 24, en boucle. Accusation de préparer en secret des bombes nucléaires. Accusations de répression horrible, d'oppression, de non-respect des Droits de l'homme, et spécialement pour l'Iran, l'accusation d'opprimer les femmes. Et cela pour un pays qui a le plus grand taux d'ingénieurs féminins au monde (70%) ! Pour l'Occident, concernant l'Iran, l'affaire est entendue, dès le départ d'ailleurs. Rien ne servira de lui faire la preuve que ses accusations sont fausses. Peine perdue. La force, la lucidité est de ne se faire aucune illusion. Elles seraient mortelles. Tout ce que nous venons de d'écrire porte un nom, l'Arbitraire. Il a continué ses ravages tout au long de ces dernières décennies lorsque les Etats-Unis et l'Occident se sont sentis tout-puissants, après l'effondrement de l'URSS, et avec l'ambition d'une domination sans partage sur le monde. Combien de fois les peuples du monde non occidental, les justes, les hommes de bonne volonté en Occident ont dû assister impuissants, les mâchoires crispées, les poings serrés à l'hallali sur un peuple innocent, choisi comme la proie du moment. Rien n'exprime peut être mieux cet arbitraire, ce deux poids deux mesures, et le dérèglement moral actuel du monde, que le silence concernant le nucléaire israélien comparé à la campagne hystérique sur le nucléaire iranien. Ce que veut l'Occident, ce n'est pas tant interdire à l'Iran l'arme nucléaire que la réserver à l'Israël. Ce qu'il veut c'est qu'Israël en conserve le monopole afin de s'assurer, à travers l'Etat sioniste, la domination totale sur le Proche et Moyen Orient. Les massacres de Gaza et la bombe nucléaire israélienne sont la face l'un de l'autre. Entre eux, il n'y a qu'une différence de moyens. Les bombardements israéliens sur Gaza ont fait autant de morts et de blessés que la bombe d'Hiroshima. Mais le martyre de Gaza et la bombe nucléaire israélienne ont, tous deux, un même visage, celui de l'impunité d'Israël et son statut hors norme, au-dessus des lois internationales, au-dessus des lois humaines. Par Israël, l'Occident de l'hégémonie réalise, au moins sur une région du globe, son rêve permanent, son objectif final, celui de la toute-puissance. Notes -Prochain article, le 10 Juillet 2025 : le scandale du nucléaire israélien (1) https://www.lemonde.fr/afrique/article/2006/07/25/la-libye-etait-sur-le-point-de-construire-la-bombe-atomique-en-2003-selon-m-kadhafi_798263_3212.html https://www.ouest-france.fr/environnement/nucleaire/nucleaire-2-5-tonnes-duranium-se-sont-volatilisees-en-libye-bf4debf8-c3e7-11ed-9add-012db42d5c37 (2) https://www.bbc.com/news/world-africa-13803556 https://www.lapresse.ca/international/dossiers/crise-dans-le-monde-arabe/la-libye-apres-kadhafi/201106/16/01-4409957-clinton-denonce-le-viol-comme-instrument-de-guerre-en-libye.php. (3) https://www.youtube.com/watch?v=aTsbeG42UGM https://www.mediapart.fr/journal/france/060722/blast-bhl-et-le-qatar-ce-qu-dit-la-justice (4) Antoine Sfeir( qui propose «une balle dans la tête pour Kadhafi», Antoine Basbous ( qui dit que sa «disparition arrangerait bien les choses», l'inévitable Bernard Henri Lévy, Pierre Hesner, Paul Pancracio, Jean François Daguzan, des intellectuels et chercheurs français dans le journal «Le Monde» du 16 Mars 2011, Pascal Boniface. Ce dernier sera le seul à donner aujourd'hui l'impression de remords devant le chaos qu'ils ont contribué à provoquer. (5) https://algeria-watch.org/?p=36542 |
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