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![]() ![]() ![]() Rapport de la Banque mondiale sur l'évolution de l'économie algérienne: L'émergence de l'économie algérienne est-elle possible ?
par Brahim Lakhlef* ![]() Le
rapport de la Banque mondiale concernant l'évolution de l'économie algérienne,
publié au mois de mai 2025, constate que notre économie a connu durant
l'exercice 2024 une évolution satisfaisante sur plusieurs plans.
En effet, l'économie enregistre des taux de croissance intéressants (3.3% et 4.8% hors hydrocarbures), un recul de l'inflation (4%), un secteur agricole dynamique et performant, un investissement public important, une consommation en évolution... Mais est-ce que ces résultats, bien que positifs, sont-ils suffisants pour propulser l'économie algérienne au niveau des économies émergentes ? Pour que l'économie algérienne puisse évoluer vers un niveau supérieur de développement, maintenir une croissance continue et assurer les grands équilibres macroéconomiques, les experts de la Banque mondiale recommandent une série de réformes et de mesures correctives, notamment : réduire les dépenses publiques, rechercher l'équilibre budgétaire, attirer l'investissement privé et étranger, favoriser les emplois productifs, investir dans les secteurs à haute valeur ajoutée, instaurer la gestion des compétences... Tenant compte des recommandations formulées par la Banque mondiale pour que l'économie algérienne renforce son évolution positive pour pouvoir accéder à un niveau de développement plus élevé, nous avons privilégié dans notre présente et modeste contribution des options stratégiques qui sont considérées par beaucoup d'experts en développement économique comme des conditions incontournables et déterminantes qui conduisent au développement et à la croissance. Ces quatre options stratégiques constituent, à notre avis, des conditions fondamentales qui déterminent la réussite de toute politique de développement économique et social. Les résultats enregistrés par les pays émergents confirment l'importance de ces politiques dans l'évolution et le dynamisme d'une économie et l'instauration d'une croissance élevée et continue, supérieure à 7%. 1. Le renfoncement de la compétitivité de l'économie et de l'évolution de la productivité des facteurs de production 2. L'amélioration du climat des affaires pour renforcer l'attractivité du marché algérien. 3. L'instauration d'une politique réaliste et judicieuse de l'innovation pour favoriser une évolution qualitative et performante de l'économie et consolider son indépendance. 4. L'intensification des actions de formation professionnelle et de la gestion des compétences, notamment pour les dirigeants d'entreprises et les chefs de projets. La compétitivité économique La compétitivité économique d'une nation représente sa capacité à faire face à la concurrence, de protéger ses produits et de pouvoir prendre des parts de marché et de les préserver. La compétitivité économique d'une nation s'appuie fondamentalement sur les performances des entreprises en termes de coûts, de délais et de qualité des produits. La Commission européenne considère la compétitivité comme « une aptitude à affronter des situations de concurrence et à rivaliser avec autrui ». L'OCDE retient que la compétitivité d'une économie permet sous les conditions de libre-échange et de marché équitable de produire des biens et des services aptes à faire face à la concurrence. Elle assure une évolution de la croissance et du niveau de vie d'une nation et de maintenir leur amélioration à moyen et long terme. Le forum économique de Davos retient que la compétitivité d'une nation, c'est sa capacité à atteindre et à soutenir des hauts taux de croissance du PIB par habitant. Ce forum a défini une série d'indicateurs pour apprécier annuellement la compétitivité des nations. Il retient trois « piliers » de la compétitivité relatifs aux domaines la base économique (les institutions, les infrastructures, la stabilité économique, la santé et l'éducation), aux accélérateurs de la croissance (l'éducation supérieure et l'efficience des marchés), à l'économie de la connaissance (l'agilité technologique, la taille du marché, la sophistication des entreprises et l'innovation). La compétitivité est étroitement liée à l'innovation, à l'utilisation de nouvelles technologies, à l'existence de centres de recherche appliquée, à la création de pôles de compétitivité. L'attractivité d'une économie L'attractivité d'un marché, d'un territoire, est sa capacité à attirer des investissements et de pouvoir les retenir pour assurer le développement et améliorer le bien-être des populations. L'attractivité d'un territoire, c'est la capacité d'un territoire à proposer des conditions intéressantes aux différents acteurs économiques qui les poussent à localiser leurs projets dans ce territoire au lieu d'un autre. F. HATEM (2004). Rendre un territoire attractif est une option stratégique qui permet une mise en valeur des atouts, des qualités et de l'image d'un territoire. Elle assure la différentiation et la spécialisation d'un territoire. L'impact de l'attractivité d'une région sur l'économie d'un pays est considérable. C'est pour cette raison que « rendre une économie attractive » est devenu une préoccupation primordiale et permanente de beaucoup de politiques gouvernementales. Pour apprécier l'attractivité d'un territoire, l'Union européenne a retenu une série d'indicateurs qui permet de cerner l'ensemble des aspects d'un territoire, ses caractéristiques sur le plan de la gouvernance et du climat des affaires d'une manière générale. Tenant compte des critères retenus par l'Union, la France a créé un indice d'attractivité. Cet indice regroupe les conditions qui attirent et maintiennent les investissements sur un territoire, notamment : existence d'une stratégie et d'une volonté permanente à créer une nouvelle dynamique de développement et de relance économique, la stabilité politique, des institutions de qualité et crédibles, des infrastructures de qualité, une main-d'œuvre qualifiée, une réglementation non-contraignante, une forte qualité de vie...). Le tableau de bord de l'attractivité utilisé par l'économie française pour mesurer et comparer son attractivité par rapport aux autres pays retient sept déterminants. Chaque déterminant renferme plusieurs critères mesurables qui permettent de comparer et de suivre les évolutions : la taille du marché, l'éducation et le capital humain, la recherche et l'innovation, les infrastructures, l'environnement administratif et réglementaire, l'environnement financier, les coûts et fiscalité. Nous constatons que « Rendre son économie attractive » est une option stratégique qui exige de la qualité dans tous les domaines, de la persévérance, de la fiabilité et de la crédibilité. L'innovation dans une économie. Le Rôle de l'innovation dans le développement d'une nation est remarquable et constitue un indice important dans les prises de décision des investisseurs et dans l'implantation des entreprises. L'apport de l'innovation est déterminant pour l'évolution de la croissance, l'amélioration de la productivité et la présentation de nouveaux produits. Une politique économique qui ne retient pas dans ses priorités l'innovation comme une option fondamentale ne peut évoluer et améliorer la compétitivité de ses entreprises et de ses produits. Dans ce cas, l'économie demeurera dépendante des innovations réalisées par les autres pays. L'innovation suppose que la recherche appliquée est valorisée et que ses résultats contribuent à la création de produits innovants et réclamés par le marché. L'innovation peut concerner divers domaines : l'innovation dans les procédés de fabrication, dans la production, dans le management, dans l'organisation, dans la stratégie marketing... Le professeur A. GROFF, docteur en management de l'innovation et de la créativité, considère l'innovation comme la capacité de créer de la valeur en apportant quelque chose de nouveau. SCHUMPETER aborde cette notion en citant les différents types d'innovation, il nous propose cinq sources : la fabrication de biens nouveaux, les nouvelles méthodes de production, l'ouverture d'un nouveau marché, l'utilisation de nouvelles matières premières, l'évolution de l'organisation de travail. Le Manuel d'Oslo élaboré conjointement par l'OCDE et la Communauté européenne constitue un document de référence internationale dans la définition des concepts liés à l'innovation et à des indicateurs de mesure de l'innovation. Il indique que l'innovation peut concerner : une mise en œuvre d'un produit (bien et service) ou d'un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, une nouvelle méthode de commercialisation, une nouvelle méthode organisationnelle dans la pratique de l'entreprise. L'application des innovations permet de tirer un avantage comparatif notable et durable pour une économie ou pour une entreprise. Les spécialistes attribuent à l'innovation deux critères fondamentaux : apporter des changements significatifs et être une nouvelle pratique pour l'entreprise. L'innovation dans le management, dans l'organisation d'une entreprise vise la performance, l'amélioration de la qualité et la part du marché, l'optimisation des profits, la lutte contre le gaspillage, la mobilisation du personnel... Ce sont ces objectifs à concrétiser pour assurer la pérennité de l'entreprise. Un environnement peu favorable à l'innovation se caractérise par une série de dysfonctionnements et de contraintes notamment : l'information n'est pas toujours fiable et circule très mal, le lien entre l'entreprise et l'université est inexistant, la concurrence est peu développée, la recherche n'est pas considérée comme priorité et elle rencontre des difficultés de financement, le système éducatif est loin d'être performant. La qualité du management des entreprises et des projets Dans la concrétisation des politiques de développement, la qualité du management des entreprises et des projets constitue un élément fondamental qui garantit l'efficacité et l'efficience dans la réalisation des programmes de développement. Le non-respect des normes de qualité, de la réglementation, des délais et des coûts, a des conséquences négatives sur le plan économique et social et conduit à un échec des politiques de développement. Le management d'une entreprise a un impact sur la réalisation des programmes de développement et l'évolution du PIB. Le manager doit donc réunir toutes les exigences du poste en termes de qualifications, de comportement et de relations professionnelles. Ces exigences nécessitent une formation adaptée à la fois à la fonction managériale et au profil du manager pour compléter ses compétences en termes de savoir, de savoir-faire, de savoir-être et de savoir-agir. En outre, la qualité du pilotage d'un projet est déterminante dans la concrétisation des plans de développement. Elle doit obéir à trois principes fondamentaux : l'efficacité (atteindre les objectifs retenus), l'efficience (réaliser au moindre coût), le respect des normes de qualité. Ces conditions exigent des compétences et une formation adaptée à la nature et aux spécificités du projet. La réussite de ces options stratégiques permet à l'économie algérienne de dépasser son niveau actuel de croissance et de pouvoir enregistrer à moyen et long terme des taux de croissance supérieurs à 5%, de concrétiser un développement équilibré, d'assurer les équilibres macroéconomiques et d'améliorer le niveau de vie des citoyens. * Economiste Sources : Rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de l'Algérie, automne 2024. (mai 2025). The Growth Report: Strategies for Sustained Growth and inclusive Development. Rapport sur la croissance: stratégie à l'appui d'une croissance durable et d'un développement équitable. (Center For Global Development). Rapport de la commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social, présidée par le prix Nobel E. Stiglitz. www.stiglitz-sen-fitoussi.fr |
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