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Quotidien d'Oran :
Pouvez-vous nous présenter l'Orchestre Symphonique Algérie-France
et nous préciser ses missions ?
Amine Kouider : L'Orchestre Symphonique Algérie-France (OSAF) dont j'assume, en tant qu'artiste de l'UNESCO pour la paix, la direction artistique, est constitué d'une cinquantaine de musiciens professionnels. Il a été créé à Paris le 4 octobre 2011. Sa résidence artistique est au Centre Culturel Algérien à Paris. Il se donne pour mission de réunir des artistes professionnels algériens et français, de nationalité ou d'origine, afin de réaliser des concerts et des manifestations culturelles tant en Algérie qu'en France, pour célébrer les cérémonies du cinquantième anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie. Il se propose également de favoriser la mixité culturelle à travers diverses actions artistiques mettant en valeur la notion de paix, de partage et d'échange entre les deux peuples. L'OSAF tient à participer au rayonnement et à la promotion de la culture algérienne et de la culture française dans le cadre du dialogue interculturel euro-méditerranéen, de l'entente et de l'amitié algéro-française ainsi que du rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée à travers des manifestations culturelles. Nous espérons réaliser des partenariats avec des structures culturelles en Algérie, en France et de façon plus largement internationale, afin de partager avec un public diversifié un large répertoire de musique classique, de musique algérienne et de musique française, ainsi que d'œuvres issues d'autres cultures. Enfin, nous espérons pouvoir interpréter des créations et des œuvres musicales de compositeurs algériens et français. Vous pensez pouvoir développer un dialogue entre l'Algérie et la France par le biais de la musique ? Quoi de mieux que la musique ? C'est une langue commune, un formidable vecteur de communication. On s'y comprend sans dictionnaire, dans l'immédiateté. Traduire son émotion, réagir à celle d'autrui, c'est déjà dialoguer. En outre, chaque culture musicale, au contact de l'autre, trouve matière à innover. Ainsi les musiciens mêlent-ils luth et guitare, ûd et violon, font un bout de chemin ensemble, dans le respect du travail de chacun. On ne peut aimer sans connaître. Pour ma part, je revendique mes deux cultures, algérienne et française, une double richesse qui permet de comprendre et de respecter les différences. Ce fut le sens de ma démarche à travers dix ans de travail en compagnie de musiciens algériens et français. Mon parcours est jalonné de réalisations dont les plus emblématiques sont la réouverture de l'Opéra d'Alger et mes responsabilités musicales au Commissariat de «l'Année de l'Algérie en France». Ce travail de coopération m'a naturellement amené à imaginer une formation musicale permanente : l'Orchestre Symphonique Algérie-France. Son concert inaugural a eu lieu le 19 mars à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, que nous souhaitons fêter dans l'harmonie et dans la paix, d'où son titre «Concert Amitié Algérie-France». La symphonie donc comme trait d'union et la musique, comme véritable passerelle entre les peuples et les cultures? Comment avez-vous conçu les arrangements de cette suite musicale ? La musique arabo-andalouse est déjà l'expression d'un métissage, d'un brassage de civilisations. Elle-même influencera la musique occidentale, notamment certains passages du Carmen de Bizet, ou de façon plus évidente les œuvres de Saint-Saëns. C'est aussi dans cet esprit que j'ai conçu les arrangements de cette suite musicale pour chant et orchestre que l'on appelle Nouba et Zidan parce qu'elle est écrite sur le mode musical Zidan. Avec cette orchestration, le morceau acquiert une nouvelle ampleur qui donne une couleur différente à l'émotion qu'elle suscite. L'orchestration doit demeurer légère et l'accompagnement se fait uniquement avec des instruments à cordes pour respecter le sens vocal et mélodique du morceau. En écho, les sonorités «mauresques» de Carmen et les nostalgies parfumées de la Suite Algérienne font converger les deux cultures. |
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