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«Le football est
un jeu simple : 22 hommes courent après un ballon pendant 90 minutes et à la
fin, ce sont les Allemands qui gagnent». Gary Winston Lineker
(Après la Coupe du monde de 1990).
Les députés ont depuis très longtemps perdu la cote auprès du citoyen et, même s'ils s'invitent en ce moment dans le débat public, en raison, principalement, des élections législatives de mai 2017, ils demeurent honnis en public comme en secret. À l'approche des échéances électorales et comme à l'accoutumée, nous vivons cet éternel recommencement, ces promesses incommodantes et vides de sens qui nous suggèrent un suicide politique des plus intéressés. On nous promet, ici et là, cette fois-ci, des jeunes, des nouveaux visages et des diplômés ainsi que des cadres, rompus à la gestion, venant du monde de l'entreprise et des représentants de la société civile accoutumés à servir leurs concitoyens. On nous martèle jusqu'à nous assommer : le critère de probité passe avant tout, et le pouvoir de l'argent sera irrémédiablement anéanti ; les riches seront automatiquement écartés. Nous avons droit, chaque fois, à des réponses inadéquates et des stratégies rocambolesques, tricotées par des amateurs dépassés. Depuis quand la probité est-elle un avantage concurrentiel ? Elle est, normalement, toute naturelle et n'est jamais surfaite. Elle ne vaut, tout comme l'exemplarité, que si elle est un choix délibéré. Depuis quand doit-on, systématiquement, écarter ceux qui ont de l'argent ? L'argent est le nerf de la guerre, et en campagne nous avons besoin d'argent, de beaucoup d'argent. Par contre, l'argent ne doit pas être le seul critère, ni son origine suspecte. Son utilisation, en campagne, doit être transparente et en accord à la fois avec la loi et la morale. Depuis quand imposer des jeunes est une garantie de succès ? Il faut des jeunes certes mais aussi des élus capables d'accomplir ce pourquoi ils sont mandatés. Nous n'avons pas besoin de jeunes ou de moins jeunes d'ailleurs qui perdent, assez vite, le sens des réalités et se frottent les mains pour toucher le Graal et qui voient, en leur élection, un gagne-pain inespéré. Et enfin depuis quand les cadres d'entreprise, soi-disant rompus à la gestion, peuvent-ils être la solution ? On veut importer les échecs des entreprises à la sphère politique pour miner encore et encore les chances du citoyen d'espérer un avenir meilleur et le pays d'atteindre un degré de développement sérieux à hauteur de sa grandeur. Le travail des députés n'est pas de tout repos et ne se réduit pas à la présence à l'assemblée -bien que ça ne soit même pas une constante- prenant la parole, questionnant le gouvernement, votant des lois : une grande partie du travail parlementaire, moins connue, a lieu en commission, une autre partie, tout aussi importante et souvent négligée, consiste à informer sur des sujets précis et d'importance, à contrôler les actes de l'exécutif ou encore à assurer une fonction diplomatique. Les députés sont le prolongement de l'action de leur parti et l'incarnation de la volonté et des espérances de leur électorat. Ils doivent, en outre, veiller à la prise en compte des intérêts de tous les segments de la société dans l'élaboration des politiques publiques et leur mise en œuvre effective dans les programmes d'action gouvernementale. Le mandat de député dans notre pays, à mon sens, plus représentatif qu'impératif, devrait dénoter une conception plutôt de confiance dans la relation entre l'élu et son électorat. Les législatives sont caractérisées par une faiblesse manifeste du lien électoral, qui alimente l'idée de législative partisane puisqu'elles ne sont pratiquement jamais une occasion de sanctionner le bilan des sortants. En être digne passe par la reconnaissance de sa difficulté et de sa noblesse. Les prétendants doivent être en mesure de prendre leur distance critique et prendre conscience, de bonne foi, qu'ils peuvent incarner cette responsabilité. La responsabilité des partis est de garantir un environnement sain pour une compétition loyale, promouvoir le mérite et l'égalité des chances et être à l'écoute à la fois du peuple, de leur électorat et des militants, afin de présenter des candidats méritants loin de la complaisance, du clientélisme et du despotisme. La responsabilité de l'administration est d'assurer un scrutin impartial. Ne jamais se laisser instruire par des cercles fantomatiques, ni se soumettre au diktat fantasmatique des mieux placés. Les représentants de l'administration, en charge du scrutin, ne doivent se laisser guider que par leur sens de l'honneur et du devoir. Ils doivent se libérer de cette peur, honteuse, de se voir bannir et revendiquer, si tel est le cas, leur statut de bannis pour la République. Ne vous méprenez pas, faites attention, Monsieur Lineker n'est pas dupe, ce n'est pas parce que l'Allemagne a changé de maillot ou de joueurs que ce n'est pas elle qui gagne. L'Algérie peut aussi gagner mais elle compte sur nous, nous tous, chers compatriotes, nous sommes le dernier rempart, la juridiction suprême et notre sanction est radicale. Faisons preuve de sagacité, ne laissons personne nous subtiliser nos prérogatives : choisir les meilleurs, sanctionner la médiocrité et l'indifférence, ramener, à la réalité ceux qui sont hors du temps et responsabiliser ceux qui conjuguent pouvoir et vouloir. Participons massivement au vote, assistons, dans le respect des lois, au dépouillement et nous aurons une idée assez précise sur les votes dans nos bureaux, dans nos centres et dans nos circonscriptions. Votons et défendons nos votes. Ne laissons pas l'apathie transcender notre volonté de changer notre monde et construire notre futur ! A défaut, malheureusement, on aura à peu près une composante équivalente, même si les visages peuvent éventuellement changer. Les mêmes causes produisent, fatalement, les mêmes résultats et ceux-là vont se rendre compte, assez vite, qu'ils ne peuvent rien faire ni rien changer. Ils sont le fruit de l'union incestueuse d'accommodements raisonnables et de compromis mesquins. Ils n'auront aucune occasion de procéder à un quelconque contrôle quoique, en matière législative, ils seront à l'origine d'un seul texte ou deux, tout au plus, pour soigner la statistique et adopteront des lois au lieu de les voter. La plupart des textes, et les plus importants d'entre eux, seront adoptés sans débat. Pour l'intermédiation, ils ne verront, pratiquement, aucun de leurs électeurs et ne se représenteront pas à la prochaine législature. On leur injectera, pour les plus naïfs d'entre eux, à la prise de fonction ou même avant, le virus de la surdité-cécité pour supporter la vie pendant leur mandat, qui leur servira, un jour, une fois jetés dans les oubliettes pour dépassement de date de péremption. |
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