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Réalisateur,
scénariste, critique de cinéma, écrivain Jean-Louis Comolli était tout cela à
la fois et avant tout un type magnifique. Né à Skikda le 30 juillet 1941, l'ami
Comoli est mort le 19 mai, loin du Festival de Cannes
qu'il a arrêté de fréquenter depuis longtemps. J'ai eu la chance de le
rencontrer à la sortie en 2018 de son livre «Une terrasse en Algérie», aux
éditions Verdier, 2018 un récit intime, entre mémoire et oubli, de sa jeunesse
dans l'Algérie des années 50, C'était le temps des étés sans fin sur les plages
d'Algérie...
Extraits de l'interview réalisée pour France Culture. Pour Le Réveil culturel du lundi 4 juin 2018 ( disponible en podcast sur franceculture.com) «J 'ai découvert le cinéma à Philippeville ( Skikda) dans un ciné-club tenu par le professeur de français-philo, mais je n'ai pas eu de chance on y passait seulement les grands films français de la qualité française, ce contre quoi François Truffaut s'est élevé ! René Clair, René Clément... Dans presque tous ces films, malheureusement pour moi, jouait Gérard Philippe que je n'ai jamais vraiment aimé !» «Mon père avait appris l'arabe au lycée, il le pratiquait en étant médecin à Philippeville, et moi non. Ce manque m'a travaillé, l'idée que j'étais passé à côté d'une deuxième langue qui était à portée d'oreille. Pour moi c'est une des condamnations les plus violentes que je peux faire de la colonisation : les jeunes pieds-noirs auraient dû obligatoirement apprendre l'arabe au lycée, ça a été fait du temps de mon père et plus du mien. La guerre d'Algérie est tombée sur moi en 55, un an après le début... Je revenais de la plage, au mois d'août, et là je suis arrivé devant une scène qui m'a marqué à vie : j'ai vu un rassemblement d'Arabes qu'une brigade de gardes mobiles encerclait et un officier leur demandait leurs papiers. Chacun sortait ses papiers et je n'oublierai jamais ce geste terrible de l'officier qui déchirait les papiers devant eux : ils étaient condamnés à mort sans passer devant un tribunal et simplement parce qu'ils étaient Arabes... Sans que je sois encore très politisé à l'époque, ça m'a révolté». |