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La pédiatrie est la médecine qui s’occupe de la santé des enfants et des adolescents, plus explicitement du nouveau-né jusqu’à la fin de la croissance (18 ans).
La spécialité pédiatrique est encore un concept assez flou en Algérie dans l’esprit de beaucoup de gens et même de professionnels tant par son champ étendu de compétences méconnues que par ses sollicitations qui évoluent inexorablement avec les connaissances et les moyens de diagnostic de plus en plus sophistiqués. L’enfant est un organisme en développement avec des spécificités liées à la croissance ; il est aussi bien concerné par la quasi-totalité des pathologies de l’adulte que par des maladies propres à cette tranche d’âge ; dire que c’est un large éventail aussi varié que complexe. Les études de pédiatrie sont parmi les plus longues et les plus difficiles couronnées par l’obtention du diplôme d’études spécialisées (DEMS) qui dès lors n’est que le début d’une longue consolidation de connaissances et une formation continue obligatoire qui devront se poursuivre jusqu’à la fin de carrière pour tout pédiatre soucieux de faire face aux nombreux défis diagnostiques et thérapeutiques auxquels il est confronté dans sa pratique. La pédiatrie de par le monde Dans les pays développés et même émergents les consultations de la petite enfance sont obligatoires et quasi institutionnalisées ; elles sont prises en charge par l’Etat qui n’hésite pas à sanctionner tout récalcitrant au respect du calendrier établi des contrôles périodiques en suspendant les allocations familiales et l’accès aux crèches ; au vu des conséquences lourdes sur la collectivité et des charges et coûts induits par la prise en charge d’un handicap susceptible d’être traité mais non diagnostiqué à temps. La médecine moderne s’investit de plus en plus dans le dépistage et la prise en charge à un stade précoce de la vie de pathologies parfois complexes et qui dépasseraient les compétences d’un médecin spécialiste en pédiatrie soit-il dont les connaissances ne sont pas mises à jour au risque de revenir cher pour l’enfant sa famille et la collectivité si elles sont négligées. Le taux de mortalité infantile (TMI) est l’étalon d’or reconnu par les organismes internationaux OMS (Organisation mondiale de la Santé) et l’UNICEF (le Fonds des Nations unies pour l’Enfance) il s’agit de l’indicateur le plus important dans le classement de l’état sanitaire et même du degré de développement des nations, à titre de comparaison ceux de la Suède et de l’Algérie sont respectivement de 2.4 et de 21.9 pour mille(1), une proportion de un pour dix ! L’objectif de tout pays qui aspire à améliorer la santé de sa population est de réduire ce taux à son niveau le plus bas possible. La prise en charge des enfants dans leur plus bas âge en est la clef du succès, l’encadrement de qualité en est le moyen. Le concept de mille jours La période néonatale (0 à 30 jours) et les premiers mois de vie surtout sont des périodes critiques de la vie d’un enfant. Les travaux et recherches récentes ont pu démontrer que tout se joue sur cette période dite des 1000 jours allant de la conception jusqu’à environ deux ans. Les données scientifiques actuellement disponibles ainsi que les rapports émanant des organisations internationales concordent pour que cette période soit reconnue, dans le domaine de l’environnement en général, et de la nutrition en particulier, comme une période de grande sensibilité, pouvant influencer le risque ultérieur de maladies chroniques non-transmissibles (diabète, pathologies liées à l’obésité, maladies cardio-vasculaires…) (2) (5) Ce concept a été adopté par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)(3) et de l’UNICEF(4) c’est une fenêtre d’opportunité pour le dépistage, les soins et l’alimentation appropriée qui vont conditionner le capital santé de l’enfant dans le futur et par conséquent de la société (9) ; il est alors impardonnable de passer à côté et rater une occasion irremplaçable pour prodiguer les conseils nécessaires sur le plan diététique ou dépister par exemple une maladie héréditaire ou malformative qui exige une prise en charge précoce et immédiate car tout retard ne peut que compromettre l’avenir de l’enfant et de sa famille d’autant plus qu’à ce jour il n’existe pas dans notre pays de programme de dépistage systématique de certaines pathologies congénitales; contrairement à ce qui est fait depuis des années dans de nombreux pays et qui concerne plusieurs maladies dont nous pouvons citer quelques exemples : l’hypothyroïdie (déficit d’une hormone indispensable à la croissance et au développement mental) qui, non traitée à temps, est source d’un handicap permanent ; la mucoviscidose est une maladie qu’on croyait être l’apanage des pays européens et qui entraîne des dysfonctions des sécrétions de plusieurs organes surtout des poumons évoluant vers l’insuffisance respiratoire ; elle est de plus en plus diagnostiquée chez nous dans le pays grâce à la ténacité de jeunes médecins pionniers ; l’hyperplasie congénitale des surrénales (défaut de fonctionnement d’une glande associée aux reins et qui peut aboutir au décès rapide ou à des malformations physiques des organes génitaux et des désordres psychiques) ; la phénylcétonurie (accumulation d’une substance toxique pour le cerveau) qui peut être traitée grâce à un simple régime ; des dépistages ciblés sont instaurés en fonction des données épidémiologiques de chaque pays et de ses moyens. Alors qui mieux est placé qu’un pédiatre pour apporter sa contribution à la réussite de ce programme et pouvoir se hisser ainsi au niveau des pays les plus développés ? La pédiatrie vue par la société Beaucoup pensent que la pédiatrie ne s’intéresse qu’aux nouveau-nés et leur petits soucis et dès que l’enfant atteint l’âge préscolaire il pourrait être suivi par tout médecin qu’il soit généraliste ou spécialiste ; et au moindre problème posé par l’enfant la pédiatrie se trouve dès lors saucissonnée entre différents spécialistes d’adulte qui, dans leur majorité, n’ont reçu dans leur cursus qu’une formation sommaire sur les pathologies des enfants et de fait ils abordent l’enfant comme un organe malade isolé du reste du corps alors que les problèmes de l’enfant sont souvent intriqués et interdépendants quand ils ne sont pas prévisibles bien plus précocement ; dès que l’enfant tousse, même s’il s’agit d’un nouveau-né, c’est l’affaire du pneumologue. S’il souffre d’un diabète, c’est l’endocrinologue qui s’en occupe ou le médecin interniste. S’il a mal au ventre, c’est plutôt le gastro-entérologue qu’il faut voir. S’il se plaint de maux de tête ou présente des convulsions, il faut voir avec le neurologue et ainsi de suite sans omettre de citer tous ces nombreux professionnels qui se sont autoproclamés au vu de leurs pancartes ou de leurs entêtes en absence de tout contrôle : «Spécialistes des maladies des femmes et des enfants», une confusion à l’origine d’erreurs chez les parents aux conséquences pouvant être fortement préjudiciables au diagnostic et à la prise en charge à temps. Cette situation trouve explication comme évoqué précédemment d’une part dans la méconnaissance du champ d’action de la pédiatrie mais aussi d’un héritage d’une époque où le manque de pédiatres était criard au point que chacun des spécialistes d’adulte s’est approprié un organe assimilant l’enfant à un adulte en miniature pour qu’il faille juste alors moduler les doses pour croire ainsi pouvoir régler son problème sans prise en considération réelle d’éventuels dysfonctionnements à explorer. A suivre *Dr - Pédiatre Notes : [1]Rapport OMS 2015 [2] Attig L, Gabory A, Junien C et al. Early nutrition and epigenetic programming: chasing shadows. Curr Opin Clin Nutr Metab Care. 2010; 13: 284-93 -Charles MA. L’obésité commence avant le berceau. In Tout prévoir. L’espace DPC. Formation et entretien. Novembre 2013. N°446 obésité et MAC, 2013. -Gluckman PD et al. Epigenetic mechanisms that underpin metabolic and cardiovascular diseases. Nature Reviews Endocrinology 5, 401-408. 2009 [3] *World Health Organization (UNICEF), Global strategy for infant and young child feeding, ISBN : 92 4 156221 8, 2003. [4]UNICEF. Improving child nutrition: the achievable imperative for global progress. 2003. - United nations system. Double burden of malnutrition – A Common Agenda. Standing committee on nutrition. 13-17 March 2006. [5]Manifeste pour les 1000 premiers jours de vie, une période clé dans les stratégies de prévention nutritionnelle 5 recommandations, issues d’un travail d’expertise collective, proposées pour être incluses au sein des réflexions sur la Stratégie Nationale de Santé AFPA (Association Française de Pédiatrie Ambulatoire), ANPDE (Association Nationale des Puéricultrices(teurs) Diplômé(e)s et des Étudiants), CNSF (Collège National des Sages-Femmes de France), SFP (Société Française de Pédiatrie), SFMP (Société Française de Médecine Périnatale), représentée SFN (Société Française de Néonatalogie), SF-DOHaD (Société Francophone Origines Développementales de la Santé), SFN (Société Française de Nutrition), SFG (Société Française de Gynécologie), -Rapport de l’UNICEF (UNICEF, 2013). - [6] ONS (Office national des statistiques) -[7] Le Quotidien d’Oran : la vaccination une autre manière de l’aborder 09-03-2017 -[9] Déclaration de Vienne (OMS, 2013) (Les ministres de la Santé et représentants des États membres de l’OMS dans la Région européenne) de la récente sur la nutrition et les maladies non transmissibles dans le contexte de santé 2020. -Prado & Dewey, 2012 ; Barker et al., 2012 ; Charles et al., 2013 ; Millan., 2013 ; Attig et al., 2010 et 2013 ; Junien, 2011 ; Hochberg et al., 2011; DuqueGuimaraes & Ozanne, 2013) |