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Le match de
qualification pour le Mondial 2010, entre l'Egypte et l'Algérie, a
vraisemblablement une importance telle, qu'il apparait déterminant pour
l'avenir des deux peuples. Si, l'Algérie a admirablement négocié la seconde
manche, l'Egypte joue les prolongations avec la rentrée de renfort conséquent,
à savoir le président égyptien et ses deux fils, qui intègrent le terrain après
les temps morts. Si le président est intervenu dans le cadre du Parlement, ses
deux fils ont opté pour la chaîne officielle égyptienne pour étaler leur état
d'âme et dire tout ce qu'ils pensaient de l'Algérie comme nation, histoire et
institutions.
Il est d'ailleurs tout à l'honneur de l'Etat algérien qu'il n'ait pas jugé utile de répondre à ces diatribes de bas étages et ait refusé de se compromettre dans ce débat de caniveau. Indépendamment des pertes et profits engrangés par les uns et les autres, ce qui est surtout effrayant, c'est de voir la machine médiatique égyptienne à l'oeuvre et de relever les dégâts provoqués par près de trois décennies de pouvoir absolu. La « moubarikisation » de la société égyptienne parait de fait complètement achevée et a façonné l'élite intellectuelle, artistique, sportive et religieuse à son image. Il suffit de tendre un micro à n'importe qu'elle personnalité pour qu'elle brûle aujourd'hui ce qu'elle adorait hier, quitte à se déjuger le lendemain. Il est incroyable de constater que tout est balisé, pas un cheveu ne dépasse, tous abondent dans le sens voulu, pas la moindre réserve, au contraire, il faut noter le zèle particulier que montrent les artistes égyptiens qui rivalisent en insultes sur l'Algérie. L'un des plus célèbres d'entre eux, en tournée chez nous - et chaudement félicité par le président algérien - a développé une thèse intéressante, l'Algérie est peuplée d'arabophones et de francophones et ce sont ces derniers qui torpillent la fraternité algéro-égyptienne. Ce qui est complètement absurde quand on sait que la bataille médiatique s'est déroulée intégralement en arabe classique. C'est en effet la presse arabophone algérienne qui a conduit la défense et la contre-attaque avec comme point d'orgue la publication sur une double feuille couleur des supposés Algériens morts au Caire, publiées par un quotidien arabophone national sans vérification aucune. On n'insistera jamais assez sur la responsabilité de la presse et son sens de l'éthique. D'autres y ont vu la main du Qatar, un ingénieur égyptien, travaillant en Nouvelle Zélande, aurait rencontré un ingénieur australien qui lui aurait dit que le Qatar veut bouter les Egyptiens hors d'Algérie. Curieusement, la main d'Israël, fréquemment invoquée dans ce genre de circonstances, n'a pas été retenue et pour cause. Quand il s'agit de jouer avec les aspirations de tout un peuple de le tromper et de le détourner de son quotidien, l'imagination, le talent et le savoir-faire des medias et artistes égyptiens est sans limites, ce qui s'est déroulé sous nos yeux pendant plus d'une semaine est effroyable à plus d'un titre, il est sans doute plus facile de semer la haine entre deux peuples que de les rapprocher. Sur un autre plan, la pression médiatique qui pèse sur les citoyens égyptiens est écrasante et ce n'est pas le seul fait du pouvoir mais c'est surtout la collaboration de ces milliers de courtisans et d'opportunistes qui prêtent main forte au pouvoir pour gruger davantage leurs concitoyens. Je savais bien sur que le pouvoir des médias est sans limite et dangereux quand il ne s'inscrit pas dans le cadre de l'éthique professionnelle et dans la liberté de conscience des journalistes, j'ai vu les dégâts provoqués en Egypte et je souhaite qu'on n'en arrive jamais là dans mon pays. * Université de Blida |