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«La question n'est pas de savoir si un gouvernement est trop grand ou trop petit, mais de savoir s'il est efficace» Barak Obama, USA. Dans une interview en date du 29 janvier 2009, Monsieur le ministre des Finances qui nous a habitués à un optimisme exagéré puisque depuis plus d'une année, en se rétractant souvent selon la conjoncture, déclare je cite «l'Algérie n'est pas concernée par la crise qui est passagère» et que la reprise de la croissance de l'économie mondiale et, par-là, du cours du pétrole, se feront dès le premier trimestre de l'année 2010, pronostic qui contraste tant avec les analyses du Président de la République que du gouverneur de la Banque d'Algérie beaucoup plus nuancées. Or, ses analyses portent à équivoque et il me semble qu'il font cinq erreurs qui peuvent conduire les autorités du pays à faire de mauvais choix, car une erreur dans la politique socio-économique peut s'avérer catastrophique pour le pays, les pertes pouvant se chiffrer à des dizaines de milliards de dollars. 1re erreur : le rappel des évidences de peu d'utilité face à la crise L'analyse du ministre des Finances repose sur le fait que les banques algériennes n'ont pas de rapports avec les marchés financiers mondiaux en raison de leur spécialisation dans la banque de détail. Mieux, au 31/12/2008, sur les 210 milliards de crédits aux particuliers, deux tiers, soit 140 milliards de DA, sont des prêts à l'immobilier, ne représentant que 8 à 10% des portefeuilles des banques. Or, c'est une évidence de rappeler que la spécialisation des banques algériennes dans la banque de détail et non dans des segments spéculatifs qui touchent actuellement bon nombre de banques internationales, le dinar n'étant pas convertible, les dépôts des particuliers au niveau des banques primaires ne risquant presque rien bien entendu en termes nominaux, et non en termes réels, en cas d'inflation qui amenuiserait leur valeur. D'ailleurs, c'est plutôt une tare, car n'existant pas de banques de détail au sens international mais des guichets administratifs, la réforme bancaire accusant un retard considérable, aspect mis en relief par le rapport 2008 du Word Economic Forum qui classe l'Algérie pour la sécurité bancaire 134ème sur 134 pays, le dernier. Comme c'est une évidence de rappeler que le remboursement de la dette extérieure, dont le principal est d'environ 4,9 milliards de dollars fin 2008, permet d'éviter des prêts hasardeux à court terme des taux d'intérêts élevés en raison de la restriction des crédits au niveau mondial. Et, comme précisé précédemment, comment peut-on parler de crise du système bancaire en Algérie dont le public contrôle plus de 90% des crédits (le secteur privé national et international étant marginal ne dépassant pas 10%), et que 40% de la masse monétaire en circulation est contrôlée par la sphère informelle, produit de la bureaucratie, fonctionnant dans un espace social de non droit. Comme il n'existe pas de bourse avec une hérésie économique, mais une bourse étatique, où des entreprises publiques souvent déficitaires (plus de 40 milliards de dollars d'assainissement entre 1991/2008, avec des recapitalisations répétées des banques) achètent des entreprises déficitaires grâce à l'argent du Trésor public. 2e erreur : une analyse superficielle de la crise de l'économie mondiale Entre janvier et début décembre 2008, les plus grandes places financières ont perdu presque la moitié de leur capitalisation, soit environ 35.000 milliards de dollars, soit plus de deux fois le produit intérieur brut américain, touchant tous les pays, ces dysfonctionnements ayant été concrétisés à travers la crise des prêts hypothécaires (subprimes...) en août 2007, crise qui s'est propagée à l'ensemble des bourses mondiales, phénomène qui n'explique pas toute l'ampleur de la crise, évitons de confondre essence et apparence de la crise. La crise financière s'avère profonde et n'en est qu'à ses débuts, et les premières conséquences économiques et sociales ne cessent de se faire sentir. Le taux de chômage au niveau mondial connaît une progression dangereuse. Alors que la zone OCDE affichait, en 2007, son plus faible taux de chômage depuis 1980 (5,6%), le marché du travail s'est brutalement retourné. Et le BIT et l'OCDE estiment que le chômage risque de toucher entre 20 et 25 millions de personnes de plus dans le monde d'ici à 2010, atteignant un record de 210 millions de personnes fin 2009. Pour les USA, 2,6 millions de logements ont fait l'objet d'une procédure de saisie en 2008. Des milliers d'entreprises ont fait faillite et 2,8 millions d'emplois ont été supprimés l'an dernier uniquement en 2008. Le taux de chômage dans la zone euro est passé en une année de 7,2% à 7,8% et devrait s'accroître car les prévisions de la Commission européenne, la récession devrait s'accompagner d'une hausse du taux de chômage de près de trois points dans la zone euro entre 2008 et 2010, devant dépasser les 10%, pour la première fois depuis dix ans, l'Espagne étant la plus fragilisée, dont la croissance s'était appuyée sur beaucoup de contrats précaires dans le bâtiment ou les services, son taux de chômage, le plus haut dans l'UE, allant vers 13,4% selon la Commission européenne en 2010. Cela touche tous les pays émergents, les derniers en date étant la Corée du Sud et le Brésil fin janvier 2009. Car les institutions internationales désemparées, ne maîtrisant plus les perspectives de l'économie mondiale (4 prévisions contradictoires durant l'année 2008), viennent de revoir à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2009 à 0,5% contre 2,2% estimées en novembre 2008, le FMI anticipant une contraction de l'économie américaine de 1,6% en 2009, alors qu'il anticipait précédemment une contraction de 0,7%. Le FMI a également revu à la baisse sa prévision 2009 pour la zone euro où la contraction de l'économie devrait atteindre 2% contre un recul de 0,5%, selon l'estimation de novembre 2008. Nous pouvons citer des centaines d'exemples: ainsi pour l'année 2009 en cours, Euler-Hermes SFAC (leader de l'assurance-crédit), dans son étude semestrielle, annonce une hausse de 25% de défaillances d'entreprises dans le monde en 2008, avec une accentuation pour 2009. Par ailleurs, dans une étude réalisée par Groupama Asset Management, les profits des sociétés devraient reculer de 50% pour l'année 2009. Le taux de chômage aux Etats-Unis atteindra 1,7 million de chômeurs supplémentaires au mois de mars 2009. Pour le cas de la Chine, environ six millions sept cent mille (6,7 millions) de migrants sont rentrés dans leurs campagnes après avoir perdu leur emploi en ville. Du fait que 670 000 petites entreprises ont fermé en 2008 et ce n'est que le début. Ce pays qui, par le passé, a tiré la croissance de l'économie mondiale, les prévisions sont à la fois contradictoires et pessimistes, la Banque mondiale ayant revu à la baisse le taux de croissance de la Chine en le ramenant à tout juste 7,5 pour cent, son niveau le plus bas en près de 20 ans, inférieur au niveau de référence de 8 pour cent qui est généralement considéré par les responsables chinois comme étant le minimum indispensable, pour créer suffisamment d'emplois et maintenir ainsi la stabilité sociale. Bien qu'étant élevé par rapport au niveau international, le taux de 7,5 pour cent représente une baisse sensible par rapport aux 11,9 pour cent de 2007. Selon les estimations de Macquarie Securities, l'on s'attend à ce que l'industrie du bâtiment de la Chine, qui représente un quart des investissements dans l'immobilisation fixe et qui emploie 77 millions de travailleurs, se contracte de 30 pour cent en 2009, mettant en doute la croissance même de la Chine même à 7,5%. Par ailleurs, le magazine économique Caijing de novembre 2008 a estimé que 2,3 millions d'emplois seront supprimés dans les industries exportatrices, étant donné que la production était réduite en fonction de la baisse de la demande extérieure, la croissance des exportations chinoises ayant presque baissé de moitié en passant d'un taux annuel de 20 pour cent au début de 2008 à 11,1 pour cent au cours de ces trois derniers trimestres 2008. La Chine semble être devenue moins attractive, en ces temps de crise économique, pour les Investissements directs étrangers, qui ont accusé une baisse de 36,52% en glissement annuel le mois de novembre 2008, les capitaux spéculatifs qui pariaient simplement sur l'appréciation du yuan, fuyant le pays, la dévaluation et des marges de taux d'intérêt se réduisant, ayant découragé les spéculateurs qui avaient tablé sur une montée du yuan». Quant aux pays du Moyen-Orient, les pays du Golfe ont perdu en sous capitalisation plus de 2.500 milliards de dollars dont plus de 500 milliards de dollars en pertes sèches dues à des placements hasardeux et pour des unités pétrochimiques, qui traversent actuellement une très grave crise du fait du fléchissement de la demande et un coût d'investissement extrêmement élevé, cela ne doit pas faire illusion car la production, du fait de leurs faibles populations, elle-même était destinée largement au marché mondial. 3e erreur: compter sur une politiquekeynésienne extérieure de court terme pour résoudre la crise intérieure algérienne Je ne rentrerai pas dans les débats stériles de peu d'utilité pour les politiques concrètes, Keynes est - il mort ou pas car la pratique des affaires et toutes les politiques gouvernementales depuis la crise de 1929 à ce jour ont combiné une politique monétaire active avec une politique de déficit budgétaire ciblée en premier lieu les USA. Rappelons que, depuis la non convertibilité du dollar par rapport à l'Or en 1971, la dette de l'Etat fédéral est passée de 424 milliards en 1971 à plus de 10.000 milliards de dollars en 2007/2008. D'ailleurs, c'est cette émission sans frein de dollars combinée avec la baisse de la salarisation au sein du PIB (pouvoir d'achat), cette financiarisation accrue de l'économie en déconnection avec la sphère réelle, alors que le fondement du capitalisme repose sur l'entreprise créatrice de richesses, qui a permis aux opérateurs sur les marchés financiers d'acheter à crédit tout en n'étant pas solvable. La crise étant très profonde donc structurelle, l'économie politique traversant elle-même une crise, ce qui donne de l'actualité à la théorie d'un des plus grands théoriciens du capitalisme à savoir Karl Marx, qui n'a pas écrit le socialisme mais le Capital et au grand économiste Schumpeter sur les cycles, le renouveau de l'économie politique doit donc combiner des actions structurelles en profondeur et des actions conjoncturelles dont la théorie keynésienne valable que pour le court terme. La réunion du G20 le 15 novembre 2008, à Washington, et la prochaine le 02 avril 2009, à Londres, ont pris conscience de l'ampleur de la crise, (le président Barak Obama prévoit jusqu'en 2018/2019) différente des années passées en raison de l'interdépendance accrue des économies avec cinq objectifs à moyen et long terme - premièrement de dégager une réponse commune à la crise financière;- deuxièmement ouvrir les pistes d'une réforme en profondeur du système financier international; - troisièmement prendre de nouvelles initiatives pour parer à d'éventuelles faillites bancaires et imposer aux banques de nouvelles normes comptables; - quatrièmement des règles plus strictes sur les agences de notation, la titrisation et les parachutes dorés; - enfin cinquièmement accroître les dépenses publiques à travers des déficits budgétaires coordonnés, mais au profit des économies d'énergies pour le BTPH et des technologies propres pour le secteur automobile, remettant d'ailleurs en cause le pacte de stabilité européen (3% du PIB et dépenses publiques sur /PIB moins de 60%) en précisant que l'Europe le 20 novembre 2008 a convenu de dégager 200 milliards d'euros soit 1,5% du PIB de chaque Etat, alors que les USA prévoient des dépenses publiques qui s'ajoutent aux 700 milliards de dollars d'environ 800 milliards de dollars. Les résolutions du G20 notent qu'il s'agit de repenser tout le système financier mondial issu de Breeton Woods de 1945 en donnant un rôle accru au FMI comme garant de la régulation mondiale et éviter cette suprématie du dollar, encore qu'il existe des divergences entre les USA d'une part, d'autre part, l'Europe et les pays émergents, qui ne devra plus se limiter seulement aux équilibres macro-économiques (déséquilibre des balances des paiements), tout en élargissant la représentation aux pays émergents au sein de cette institution et celle de la Banque mondiale, mais le renforcement du système de régulation ne saurait signifier protectionnisme, et que ces dépenses publiques sont destinées en majorité aux entreprises privées (politique keynésienne ciblée) d'où des réunions prochaines avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais, l'ensemble des experts s'accordent à dire que les effets ne pourront avoir des effets positifs que si l'on s'attaque au blocage d'ordre structurel dans un cadre cordonné, le danger étant que des visions électoralistes peuvent privilégier le court terme. Pour le cas Algérie, force est de reconnaître qu'il n'existe pas de corrélation entre le taux de croissance réel et les importantes dépenses monétaires publiques qui atteindront entre 2004/2009 plus de 200 milliards de dollars US, le taux de croissance n'ayant été que de 1,8% en 2006, moins de 3% en 2007/2008 et pour 2009, prévisions qui viennent d'être revues à la baisse le 15 novembre 2008 par le FMI à moins de 2,5% ce qui montre que le blocage est d'ordre structurel (inélasticité des facteurs de production) et limite les effets des dépenses publiques et de la relance par la consommation finale qui accroît paradoxalement les importations, car au sein des dépenses globales les dépenses publiques représentent entre 85/90% des dépenses tirées essentiellement par les hydrocarbures. En effet, à partir de la méthode de calcul de la triangularisation du fameux tableau d'échange interindustriel, technique connue des économistes, l'on peut aisément démontrer que sur les 130 milliards de dollars du produit intérieur but algérien en 2007, moins de 30 milliards de dollars relèvent de la création de la richesse interne, 100 milliards de dollars étant tirés directement ou indirectement par les hydrocarbures. Il est donc faux scientifiquement parlant d'invoquer, comme le font certains responsables, pour 2007/2008, un taux de croissance de 6% hors hydrocarbures puisque 80% de ces 6% sont le fait indirectement des hydrocarbures. 4e erreur: le raisonnement se fonde sur un modèle de consommation énergétique de type linéaire De plus en plus d'analystes en énergie mettent récemment en relief, que le monde est entré dans la décroissance de la consommation d'énergie et donc, que postuler un modèle de consommation énergétique linéaire est erroné dans la mesure où, à l'horizon 2020, le monde devrait voir s'équilibrer sa demande tenant compte du nouveau défi écologique dont la généralisation du transport électrique. Et ce, d'autant plus que les aides (Europe/USA) aux constructeurs d'automobiles, du bâtiment sont liées à l'exigence de nouveaux modèles de voitures (électriques), pour le premier cas et à des normes de constructions différentes des précédentes, l'objectif stratégique étant d'importantes économies d'énergie, nouvelles technologies qui se généraliseront forcément en Asie. Outre que l'Opep contrôle moins de 40% de la production commercialisée mondiale et malgré ces réductions successives de production, n'arrivant pas à enrayer la chute des cours avec le risque de perdre des parts de marché au profit des pays non OPEP et rendant de moins en moins attractif la demande d'hydrocarbures à moyen et long terme. C'est que les experts du cartel raisonnent selon le modèle linéaire, et l'erreur des experts de l'OPEP a été de prendre comme hypothèse que la croissance mondiale serait tirée par l'Asie. Le Japon vient d'entrer dans une très forte récession, la Corée du Sud le sera fin janvier 2009 et la Chine, le Japon et l'Inde sont fortement connectés à l'économie européenne, et surtout américaine, pour leurs exportations représentant certes 1/3 de la population mondiale, mais dont la demande solvable, bien qu'en augmentation, reste faible malgré un important marché intérieur, subissent comme montré précédemment brutalement cette récession, tout en étant réaliste le PIB chinois étant équivalent en 2007/2008 à celui de l'Allemagne, les capacités d'absorption étant transitoirement limitées. Donc le facteur stratégique, souvent oublié, c'est que l'on assiste à un changement certes lent mais notable du nouveau modèle de consommation énergétique horizon 2015/2020, certains investisseurs anticipant ce changement inéluctable. Car c'est une erreur stratégique de raisonner en termes de modèle linéaire pour la consommation énergétique future. Si l'on tient ce raisonnement avec le pic d'épuisement des hydrocarbures et à demande croissante, on peut arriver à 200 dollars le baril vers 2020. Est-ce que cela se vérifiera ? Rien n'est moins vrai. Car, faisons confiance au génie humain et non raisonner toujours selon le même modèle énergétique, la généralisation des nouvelles technologies rentables à moins de 70 dollars horizon 2015 et à moins de 50 dollars horizon 2020. Comme analysé précédemment, la généralisation du transport électrique a un impact sur la demande d'hydrocarbures qui, selon les prévisions, pourrait se contracter entre 30/50% car la consommation mondiale automobile, camions et bus représente plus 1/3 de la consommation mondiale. Et cela se généralisera également pour l'Asie, sans préjuger du développement du charbon propre (recyclage du CO2) dont la durée de vie dépasse 200 ans (avec des réserves aux USA le double des hydrocarbures en Arabie Saoudite en termes d'efficacité énergétique) contre 40 ans pour les hydrocarbures. Car le programme du nouveau président US est de mettre fin à la dépendance énergétique en pétrole des Etats-Unis vis-à-vis du Moyen-Orient, donc de l'OPEP, d'ici à 10 ans, tout au plus d'ici 20 ans, ainsi que de l'influence russe à travers la stratégie de Gazprom, avis partagé par l'Europe. Cette tendance anti-pétrole de la nouvelle gouvernance américaine est confirmée par la nomination du prix Nobel de physique (1997) Steven Chu partisan affirmé de la recherche d'énergies renouvelables et alternatives pour occuper le poste de secrétaire à l'Energie. 5e erreur, conséquence des précédentes: une analyse statique Il ne faut pas analyser sous l'angle financier à court terme, mais sous l'angle macro-économique et macro-social au sein d'une économie ouverte totalement extériorisée, donc en dynamique, la maîtrise du temps étant le principal défi des économies modernes au XXIème siècle pour analyser l'impact de la crise financière actuelle sur l'économie algérienne. D'une manière générale, l'objectif stratégique n'est pas de rappeler des évidences connues, mais de dépasser le statut quo actuel par un véritable développement s'adaptant aux mutations mondiales afin de combattre efficacement le chômage et la pauvreté par une croissance durable. Car, c'est une erreur d'approche de prendre les réserves de change et les diviser par les importations. C'est une vision fausse en politique économique, ignorant les interactions des différentes variables et paramètres de l'économie nationale en mouvement, qui doivent tenir compte tant des mutations internes que des mutations mondiales, étant une analyse passive étant attentive uniquement au relèvement miracle du cours du pétrole et du dollar. Comme je viens de le déclarer dans trois interviews diffusées début janvier 2009, l'une à la télévision algérienne Canal Algérie, à la télévision internationale Al Djazeera et à l'hebdomadaire parisien Jeune Afrique, face à cette situation, le plan de développement de Sonatrach prévoit un montant de plus de 63 milliards de dollars entre 2009/2013, montant auquel il conviendra d'ajouter les 15 milliards de dollars pour Sonelgaz, soit au total 78 milliards de dollars donc un montant annuel approchant 20 milliards de dollars, le tout reposant sur l'autofinancement comme le prévoit les nouvelles directives gouvernementales. En effet, le chiffre d'affaires à l'exportation (gaz et pétrole, bilan officiel) pour 2008 a été d'environ de 77 milliards de dollars (pour un cours du baril moyen de 110 dollars), en précisant que le manque à gagner 2009, du fait de la réduction du quota OPEP par l'Algérie, sera d'environ de 5 milliards de dollars US. En matière de fiscalité, pour l'année 2007 Sonatrach a versé 2.700 milliards de dinars et pour l'année 2008 3.700 milliards de dinars, soit au cours de 2008 (moyenne 63 dinars un dollar, le taux de change jouant au yoyo après avoir été de 103 dinars un euro fin décembre 2008, depuis le 20 janvier 2009 à environ 93 dinars et le dollar, dont sont libellés les exportations d'hydrocarbures, son appréciation permettant de gonfler artificiellement le fonds de régulation et la fiscalité pétrolière, dont la cotation était 63 dinars, puis 78 fin décembre 2008 et depuis le 20 janvier 2009 à 71 dollars), plus de 58 milliards de dollars donc un autofinancement qui approche les 20 milliards de dollar. Qu'en sera-t-il si le cours est de 50, 40 et 30 dollars ? Les recettes seront pour 50 dollars environ 35 milliards de dollars moins 20 milliards d'autofinancement Sonatrach/Sonelgaz, 15 milliards de dollars qui s'ajoutent aux réserves de change. Pour 40 dollars le baril (le prix du gaz étant indexé sur celui du pétrole) les recettes pour 40 dollars seront d'environ 28 milliards de dollars moins 20 milliards de dollars restant au trésor 8 milliards de dollars. Pour 30 dollars le baril il y aurait égalité entre les recettes de Sonatrach/Sonelagaz et l'autofinancement c'est-à-dire rien pour le trésor. Or les importations ont été en 2008 de 40 milliards de dollars plus environ 10 milliards de dollars de transferts dividendes plus services y compris les associés de Sonatrach soit 50 milliards de dollars de sorties devises. Du fait que l'Etat algérien doit être majoritaire dans tout investissement ce qui conduit à une marginalisation du privé national et international,(confondant étatisme suicidaire pour le pays, et régulation stratégique de l'Etat) si l'on veut créer des segments hors hydrocarbures (ces fameux champions industriels au moment où existe une crise manufacturière mondiale sans précédent nécessitant au minimum sur 5 années 20/25 milliards de dollars annuellement, hors Sonelgaz /Sonatrach ( si l'on veut dynamiser la production locale ) le besoin en devises sera entre 60/70 milliards de dollars par an. Mais pour éviter un double empli comptable, l'on doit retirer du montant des 40 milliards d'importation, entre 7/10 10 milliards de dollars qui proviennent de Sonatrach/ Sonelgaz, s'agissant de raisonner en termes de flux et non de stock. Comme il y a lieu d'éviter au niveau macro-économique de faire une double comptabilité car le montant du fonds de régulation inclut déjà une partie des réserves de change convertie en dinars, devant surtout être attentif à la balance des paiements. Donc j'en déduis que l'Algérie n'aura pas de problèmes de financement pour 2009 et pour une bonne partie de l'année 2010, mais attention la crise actuelle n'est pas conjoncturelle mais structurelle. Des tensions budgétaires se manifesteraient début 2011 pour un cours de 50 dollars, supposant toujours la stabilité du dollar, avec plus d'intensité fin 2010 pour un cours 40 dollars et une extrême gravité pour un cours de 30 dollars( l'équivalent de 15 dollars au cours de 2000). Si la crise persiste existe deux solutions pour laisser un minimum de réserves de change et éviter le rééchelonnement de 1994( cessation de paiement ) qui a été dramatique pour la population algérienne et qui serait plus dramatique fin 2011, début 2012, la crise actuelle étant structurelle et non conjoncturelle pouvant durer au-delà de 2014, la réforme globale qu'il faut impérativement relancer loin des politiques actuelles volontaristes devant se fonder sur des relations contractuelles , étant en panne ,ne devant pas s'attendre à des miracles d'une production et exportations hors hydrocarbures avant 5 années minimum : première solution diminuer la part de l'autofinancement de Sonatrach mais ce qui reviendrait à freiner les recettes futures et à perdre des parts de marché : deuxièmement exporter plus de gaz si l'on veut éviter de puiser massivement dans les réserves de change car non limité par le quota OPEP. Mais en précisant, la contrainte des réserves algériennes (environ 3% des réserves mondiales) et que selon les prévisions du Ministère de l'énergie, les exportations pourraient représenter 85 milliards de mètres cubes gazeux (2012) mais la consommation intérieure de gaz pourrait aller à plus de 63 milliards de mètres cubes gazeux (2016/2017), une production totale annuelle de 148 milliards de mètres cubes gazeux ce qui nécessitera d'importants investissements. Les spécialistes de l'énergie estiment, que sur les réserves algériennes (2,5% des réserves mondiales, contre plus de 60% pour la Russie, l'Iran , le Qatar ) initiales prouvées, environ 4600 milliards de mètres cubes, 80% d'entre elles sont récupérables alors que 15% ont déjà été exploitées, environ 1000 milliards de mètres cubes supplémentaires étant considérés comme réserves probables ce qui donnerait une durée de vie moyenne pour 5000 milliards de mètres cubes gazeux entre 30/35 ans pour le gaz contre moins de 30 années pour le pétrole. Par ailleurs il faut être attentif à l'évolution du cours du dollar qui représente toujours environ 60% des transactions mondiales, avec l'importance des dépenses publiques et le primat au marché intérieur (retour au protectionnisme profitable à court termes certes aux USA, mais préjudiciable à moyen et moyen terme à l'expansion de l'économie mondiale pouvant paradoxalement accélérer la crise), certains instituts stratégiques mondiaux prévoient sa dépréciation courant 2009/2010. Car l'appréciation durant les derniers mois par rapport au cours de l'euro a été due au fait, et cela s'est passé en 1929, aux rapatriements des capitaux américains et non par l'attrait du taux d'intérêt de la FED allant vers zéro à l'instar des autres banques centrales européennes qui d'ailleurs réduit pour l'avenir sa marge de manoeuvre sur le plan de la politique monétaire. Aussi, encas d'un fléchissement à la fois du cours du pétrole (le prix du gaz étant indexé sur le cours du pétrole mais à un prix 50% environ inférieur pour le même volume, remettant en cause la rentabilité de investissements gaziers très capitalistiques et dont la marge bénéficiaire est réduite par rapport au pétrole) et du dérapage du dollar, l'effet baisse serait double avec un impact négatif sur la partie importation et les réserves de change libellés en dollars dont les bons de trésor américain placés à l'étranger. En résumé existe un lien dialectique entre crise financière, crise économique, crise sociale et crise politique et récemment l'Algérie en a fait l'amère expérience après une décennie tragique au moment ou en 1986 les responsables déclaraient comme maintenant que la crise ne concernait pas l'Algérie. La crise étant très profonde, ne devant pas être prise à la légère, posant un problème de sécurité nationale, la commission de surveillance des effets de la crise sur l'Algérie ne doit pas être au niveau d'un département ministériel mais au niveau de la présidence de la république. Cela éviterait d'ailleurs les cacophonies et des déclarations irresponsables comme ces bilans pompeux contraires à la réalité la fois d'investissements confondant les dépôts de dossiers avec les réalisations, avec un écart de plus de 80% et que le taux de chômage baisserait pour aller fin 2009 moins de 10%. D'où l'importance à l'avenir de la maîtrise de l'information qui s ?'est totalement effrité, d'une cohérence dans la démarche de la politique globale n'étant depuis 1986 ni dans une économie administrée, ni dans une véritable économie de marché, cette interminable transition, d'où les difficultés de régulation politique, sociale et économique. Aussi, un changement de politique socio-économique s'impose, supposant une profonde mutation systémique et donc l'approfondissement de la réforme globale avec un rôle important pour l'Etat régulateur dans le cadre d'un Etat de droit, une meilleure gestion et une révision des choix budgétaires. La crise économique avec des incidences sociales, devant durer au-delà de 2012, la période 2009/2014 en Algérie impose justement une autre gouvernance donc une autre politique socio-économique par un discours de vérité seule à même de mobilier la population et non des déclarations utopiques source de démobilisation populaire et de névrose collective renforçant le divorce Etat /citoyens et ce pour atténuer les effets de la crise et de préparer les bases d'un développement durable au profit des générations futures loin des intérêt de la rente. * Expert international |