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Les relations privilégiées
entre la France et le Maroc ont connu ces derniers temps une grisaille
provoquée par l'affaire Pegasus. Le roi du Maroc M6, qui a fait de la France un
Maroc bis, a voulu aller plus loin en espionnant, grâce à ses amis israéliens
créateurs du logiciel Pegasus, des personnalités de haut rang pour anticiper
sur les relations entre les deux pays et préparer d'éventuelles ripostes ou
corriger ses erreurs.
C'est sûrement ainsi que M6 fut informé que les services secrets français ont fait part de données précises sur sa santé, à savoir qu'il souffre d'asthme et prend de la cortisone. Il faut savoir que l'élite française d'obédience comme l'élite marocaine considèrent ce sujet comme un tabou pour ne pas froisser le roi, vu que ce dernier et sa famille passent beaucoup de temps dans l'Hexagone et dépensent des sommes exorbitantes à chacun de leur passage. La France, cette ancienne puissance coloniale, compte Rabat parmi ses proches alliés et est le premier partenaire commercial du Maroc. C'est sans doute pour cela que la justice française tarde à instruire le dossier de l'espionnage des personnalités et des journalistes français qui ont pourtant déposé plainte. Beaucoup de personnes plus ou moins connues, résidant dans le royaume et de l'autre côté de la Méditerranée, bénéficient de sources de revenus illicites, notamment le trafic de drogue, le blanchiment d'argent et la corruption endémique, qui jouent au Maroc un rôle considérable dans son économie croissante. C'est la raison pour laquelle la France et certaines de ses « élites » placent Mohammed VI sur un piédestal bien plus important que leurs hauts dirigeants mêmes. Surtout que ce monarque et ses prédécesseurs alaouites prétendent descendre du Prophète pour donner une légitimité incontestable à leur pouvoir, rendant impossible toute critique et toute contestation de leur « charge ». A ce titre, le projet expansionniste marocain ressemble, à s'y méprendre, au projet israélien qui veut se doter d'une entité sans frontières fixes dont l'objectif réel est le Grand Israël allant du Nil à l'Euphrate. Il est clair qu'on ne saurait être rassuré par un voisin qui rêve encore de ressusciter le Grand Maroc qui s'étendrait du fleuve Sénégal jusqu'en Andalousie, à l'image du Grand Israël. Puisque les médias français n'osent pas remettre en cause ce culte envers le monarque, personne inviolable et sacrée, et son désir d'étendre son territoire même par les armes, les « élites » venues de France qui viennent s'installer au Maroc font tout pour perpétuer cette image, avec force de publicités que le peuple marocain même considère comme exagérée et se demande parfois même si au Maroc, ce ne serait pas la monarchie qui serait une religion en lieu et place de l'islam. Pourtant, on assiste depuis plusieurs années que ce monarque qui, lors de ses déplacements fréquents en Europe, s'adonne à la pratique branchée du selfie, ne représente en rien la sobriété et la retenue du musulman. Cette volonté du Makhzen de donner une image lisse, ouverte, branchée à l'Occident, est faite en réalité pour mieux cacher ses turpitudes à l'intérieur du royaume. Ainsi, le Maroc a toujours su habilement capitaliser sur son image de destination paradisiaque surtout en France, de pays stable, d'oasis d'accueil pour Occidentaux en manque d'authenticité. C'est compter sans ces nombreuses personnalités, ces associations qui dénoncent quotidiennement les constantes atteintes aux droits humains au Maroc, et mettent en pleine lumière les écarts de développement entre certaines régions, la pauvreté, l'analphabétisme toujours énormes, mais aussi encore plus sensibles, un fléau énorme comme la prostitution, le tourisme sexuel. Et pourtant, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, les époux Balkany, Bernard-Henri Lévy, Dominique Strauss-Kahn, Jack Lang, Elisabeth Guigou, Jamel Debbouze, Najat Vallaud-Belkacem, Xavier Beulin sont les nombreuses personnalités épinglées pour se faire les avocates complaisantes de la monarchie chérifienne, dans le dernier livre du journaliste marocain Omar Brouksy. Les liaisons France-Maroc peuvent être dangereuses, parce que les liaisons entre les deux pays affaiblissent tous les courants démocratiques. Quand vous avez quelqu'un comme Bernard-Henri Lévy, avec tout son réseau d'influence médiatique, qui défend la monarchie, présente le roi comme le plus grand démocrate de toute la région du Maghreb, quand vous avez quelqu'un comme Jamel Debbouze qui tient un discours de glorification de la monarchie, il est difficile de présenter la réalité du régime marocain. Il s'agit d'une monarchie absolue, qui ne respecte pas les droits humains, qui lamine les médias. Toute cette réalité est occultée par ces personnalités qui ont accès aux médias de masse et qui faussent la vision que l'on doit avoir de la monarchie. L'étendue des réseaux d'influence entre la France et le Maroc est considérable. Un voyage au cœur de l'élite française politique, médiatique, culturelle et économique qui ne recule ni devant les invitations dans les palaces du royaume ni devant les contrats juteux, et se fait fort de vendre l'image d'un Maroc « moderne », « ouvert », « progressiste » en fermant les yeux sur les violations des droits humains et la machine répressive à l'œuvre dans le pays. Le régime politique marocain dépense un argent fou pour renforcer et maintenir ce mirage. Il convient aussi de souligner un autre phénomène intéressant qui est celui des citoyens français d'origine marocaine, ou des binationaux franco-marocains vivant en France. Bon nombre parmi eux sont hypocrites, ne vont pas être avares de critiques envers la France, ne vont pas se gêner pour critiquer les violences policières dans l'Hexagone et, à juste titre, vouer aux gémonies Marine Le Pen et son père, ou d'autres..., mais ne disent absolument rien sur la situation au Maroc et encore moins dans le Rif. Certains même approuvant la répression, insultant copieusement les Rifains, les considérant comme des traîtres, alors que les Rifains ont combattu le colonialisme contrairement à leur cher Makhzen, et s'illustrant par d'abondantes injures sur les réseaux sociaux... C'est fabuleux le courage que procure le clavier ! Mais qu'un Marocain ose porter plainte contre un Français ou un étranger résidant au Maroc ou contre la police marocaine, et c'est lui ainsi que toute sa famille qui finissent dans les oubliettes. L'objectif pour ces binationaux franco-marocains et les expatriés français est de présenter la monarchie sous les meilleurs auspices. Tout est bon pour y parvenir : festivals, conférences, rencontres, invitations dans des hôtels luxueux, etc. On ne retrouve ce phénomène nulle part ailleurs avec une telle ampleur. Et si la France cautionne les excentricités du monarque, c'est qu'elle est partout où Mohammed VI le lui demande, et jusque dans la gestion du Sahara occidental, ce dossier encalminé depuis des décennies. Si, officiellement, la France adopte une neutralité diplomatique, elle est, en coulisses, un des soutiens sans faille du Maroc, peu importent les changements à l'Elysée et à Matignon. Le Sahara occidental, c'est la chasse gardée de la France depuis Valéry Giscard d'Estaing. La France n'acceptera jamais qu'il y ait un Etat sahraoui ou que cette région ne soit pas contrôlée, soit par le Maroc, soit par la France. Bien sûr, il y a une neutralité diplomatique de façade, mais en réalité, le dossier du Sahara est porté par la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. En 2015, les Américains, qui sont plutôt des alliés du Maroc, ont voulu imposer une résolution élargissant le contrôle des droits de l'homme à la Minurso, mais la France s'est déployée pour que ce projet soit retiré à la dernière minute par les Américains. Aujourd'hui, et craignant que les relations avec la France ne tiédissent, à cause de Pegasus, M6 change de cap et se rapproche de l'Etat sioniste pour en faire un allié qu'il croit « capable de protéger son expansionnisme ». Pour preuve, quelques semaines à peine après la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, le déplacement du roi Mohammed VI à l'Etat hébreu se précise. En effet, plusieurs médias israéliens et arabes évoquent avec insistance cette visite que le Premier ministre israélien souhaite dans les plus brefs délais. D'un autre côté, pour jeter de la poudre aux yeux de ses sujets et pour tenter de faire bonne figure, le roi du Maroc feint de tendre la main à l'Algérie. Dans son message annuel à l'occasion de la fête du Trône, le roi du Maroc consacre une bonne partie de son discours, d'une vingtaine de minutes, à tendre la main à notre pays, alors que le Maroc entretient une rivalité depuis notre indépendance, il y a près de six décennies, entretenue par M6. Mohammed VI, qui célébrait le 22e anniversaire de son intronisation, a tenu à adresser une « sincère invitation » aux « frères d'Algérie, à agir ensemble et sans conditions pour l'établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage ». Pourtant, et comme il est d'usage à l'occasion de la fête du Trône, le monarque marocain a gracié 1.446 personnes, dont 1.267 ont été emprisonnées, mais parmi les graciés, il n'y avait pas de prisonniers connus, comme Nasser Zafzafi, l'un des chefs de file de la révolte du Rif il y a quatre ans, ni de journalistes comme Omar Radi et Suleïman Raïsuni, qui ont fait l'objet de campagnes de soutien de diverses organisations internationales de droits humains. Mais il y a une question sur laquelle le monarque alaouite a particulièrement insisté est la nécessité de rouvrir les frontières entre les deux pays, fermées par voie terrestre depuis 1994. Mohammed VI a exhorté le président Abdelmadjid Tebboune à prendre en compte cette proposition. La fermeture des frontières, a-t-il ajouté, fait « gaspiller les énergies de nos pays » et non seulement elle « entrave la communication entre les deux peuples, mais contribue aussi à la fermeture des esprits ». Un discours où il ne cessa de répéter les mêmes arguments sur le bon voisinage, l'histoire commune des deux peuples, évitant soigneusement de faire allusion aux deux affaires récentes qui ont provoqué l'ire des Algériens et qui ont soulevé un mécontentement populaire. Il a « oublié » d'évoquer, bien entendu, la sortie médiatique de son ambassadeur à l'ONU sur « la nécessité » de l'autodétermination du « peuple kabyle » et son soutien à des organisations terroristes qui ont mis plusieurs régions de notre pays à feu et à sang. Deux affaires qui furent dénoncées en leur temps par l'Algérie et l'ensemble du peuple algérien. Il a aussi oublié de s'exprimer sur les Rifains qui réfutent également les accusations de séparatisme ou autre, car elles sont infondées, mensongères, et elles ne les détourneront pas de leurs objectifs légitimes et pacifiques. Une main tendue alors qu'au moyen d'un logiciel israélien Pegasus, les services marocains sont impliqués et accablés par des preuves tangibles d'espionnage de plus de 6.000 numéros de téléphones d'Algériens. Mais pour le roi, ces deux affaires ne constituent point un sujet important. Ni regret ni excuses, M6 s'est fendu d'un discours classique, allant jusqu'à lancer une banderille codée, au milieu de sa diatribe, en évoquant le mot «intrus», allusion claire au Polisario et au peuple sahraoui. Pour certains observateurs, c'est déjà de l'hypocrisie pure de la part de la monarchie marocaine. Dans ce discours à la nation à l'occasion du 22e anniversaire de son accession au trône en 1999, Mohammed VI affirme hypocritement : «Nous renouvelons notre invitation sincère à nos frères en Algérie pour œuvrer, de concert et sans conditions, à l'établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage». A la fin de son discours, le monarque a tenté de jouer «à la main tendue» en affirmant : «Nous déplorons les tensions médiatiques et diplomatiques qui agitent les relations entre le Maroc et l'Algérie». |
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