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2.- Rapprocher l'Etat du
citoyen pour satisfaire la demande sociale
L'inventaire non exhaustif de la morosité du quotidien du citoyen, donne toute sa signification stratégique à la connaissance scientifique du milieu social sur lequel on se doit d'agir, pour tendre vers l'idéal, à la fois d'efficacité économique par une meilleure gestion et de cohésion sociale. Pour ce faire, il faut, d'abord, avoir l'humilité nécessaire pour reconnaître nos limites dans ce domaine et considérer que la « radioscopie sociale » est le premier élément d'une action pérenne qui tend vers cet objectif. Il faut, pour cela, donner la primauté aux études de cas et aux enquêtes pour établir une véritable « cartographie sociale » qui devra faire ressortir la spécificité dans la nature des problèmes de chaque quartier, en milieu urbain, et de chaque agglomération ou centre de vie, en milieu rural. C'est ainsi que l'on saura comment se distribuent géographiquement, la demande de l'emploi, la pauvreté, la précarité des conditions de vie, les populations à risques, etc., et que l'on pourra disposer de connaissances et de données pour la mise en œuvre des stratégies adéquates. Comment, dès lors, améliorer l'accueil du public ? Le siège de la commune est le premier repère pour le citoyen dans son jugement sur la grandeur de l'Etat républicain. Il est bien évident que l'état de délabrement de la bâtisse, l'absence d'entretien des espaces ouverts, la tenue des fonctionnaires, le mauvais accueil, comme c'est souvent le cas, ne peuvent que renvoyer à une image négative de la perception de la notion d'Etat. Dans la pratique quotidienne, que ce soit pour un extrait de naissance ou tout autre document, le citoyen mal renseigné sur ses droits et livré à lui-même, dans le labyrinthe de l'administration est ballotté de service en service. Quand ce type d'attitude devient répétitif, cela génère une forme de divorce entre le citoyen et l'Etat et souvent une perte de confiance. Dans ce cas, la réhabilitation de l'autorité et de la crédibilité de l'Etat prend le sens d'une mutation profonde des centres d'accueil du public. Pour réaliser cet objectif, l'action devra porter sur trois éléments essentiels qui sont : l'homme, les moyens de travail et le cadre d'accueil. Pour ce qui concerne le premier élément, les préposés au guichet d'accueil doivent être sélectionnés sur la base de critères rigoureux qui font référence à la loyauté, à la disponibilité d'écoute, à la qualité et à la célérité dans l'exécution d'un service. Ces fonctionnaires, dont la situation matérielle doit être, nécessairement, améliorée, devraient se sentir impliqués dans le combat que l'Etat aura à mener contre l'injustice et le peu de considération accordée au service public. Il y a donc nécessité d'une formation spécifique de ce personnel qui doit apprendre à écouter, à communiquer, à convaincre, à considérer autrui avec courtoisie. Le deuxième aspect a trait aux conditions de travail des fonctionnaires de la commune, à la pénibilité du travail manuel, à son caractère routinier, à la lassitude qui prend forme, au fil de l'exercice de cette fonction, et à la pression du public, au niveau des guichets qui fait perdre aux fonctionnaires le sens des relations humaines. Dans ce cas, l'informatisation des services et l'amélioration du confort prend l'allure d'une action prioritaire, dont la finalité sera l'émergence d'un cadre convivial d'accueil propice à la sérénité dans les relations humaines. Le troisième point relève du souci de transmission d'une image positive d'un Etat rigoureux dans la gestion de la chose publique, respectueux de sa population et soucieux de mieux la servir. Cette image doit trouver sa traduction dans l'état des lieux, le traitement des espaces extérieurs, la propreté des services, le service d'accueil et l'orientation du public, la tenue du personnel et dans tous les éléments qui permettent au citoyen de mesurer le degré de considération qu'on lui accorde. Cette politique prend le caractère d'un investissement pour la réalisation d'un cadre convivial, qui facilite le rapprochement de l'Etat et du citoyen et les prédispose à engager ensemble des actions « partenariales » de nature multiforme, dont la finalité serait une meilleure cohésion sociale. Comment satisfaire la demande sociale ? Il faut, tout d'abord, considérer que les effets négatifs du pilotage à vue qui a caractérisé la gestion de nos communes, ont été largement compensés par le recours massif aux concours définitifs de l'Etat. Dès lors que ce soutien s'est amoindri, il ne pouvait y avoir qu'émergence des problèmes latents, et même si l'Etat n'est plus en mesure de satisfaire, totalement, les besoins exprimés, la revendication consiste en une meilleure justice dans la répartition des moyens, dans l'équité du bien-être social. Or, comment peut-on être juste et équitable quand notre connaissance du milieu sur lequel nous voulons agir n'est qu'intuitive et forcément subjective devant comprendre, ce qui motive l'angoisse et le désarroi de la jeunesse, ce que vivent les gens dans leur quotidien quand ils prennent le transport public ou quand ils vont chercher de l'eau, ramasser du bois pour se chauffer en milieu rural, les appréhensions des parents quand ils envoient leurs enfants à l'école, souvent éloignée de leurs domiciles en zones rurales et particulièrement de montagne, steppique ou saharienne et le quotidien des personnes âgées, des handicapés et tous ceux qui sombrent progressivement, dans un état de détresse(1). 3.-Décentralisation ne signifie pas déconcentration Le processus de décentralisation, l'Etat moderne doit veiller à accorder aux collectivités locales, toutes les prérogatives et tous les moyens qui leur permettront d'assurer la totale responsabilité de gestion de leurs territoires respectifs, tout en sauvegardant l'unicité des politiques et stratégies nationales qui doivent, dans l'intérêt général, transcender les conjonctures locales. Outre la refonte du statut de l'Administration locale, il va sans dire que les prérogatives nouvelles qui en découleront pour l'autorité locale, ne pourront s'exercer que si elles sont accompagnées d'une réforme des finances locales. Chaque collectivité locale doit, ainsi, disposer d'un budget propre et de l'autonomie de son utilisation, afin que le citoyen puisse juger de la capacité de son administration communale à gérer son territoire de résidence et à améliorer ses conditions de vie. Dans le même temps, l'Etat doit sauvegarder ses missions fondamentales de garant de tout ce qui constitue les intérêts de la communauté nationale (cohésion et justice sociale, sauvegarde du patrimoine public, égalité des chances pour l'épanouissement de tous les citoyens?). L'autonomie de la gestion locale ne peut s'exercer que dans le respect des politiques et stratégies que met en œuvre l'Etat, tant pour régler et orienter le développement économique et social du pays, que pour aider et organiser le développement équitable et la bonne gestion de toutes les composantes de l'espace national. La pleine réussite de ce processus complexe éminemment politique, implique de poser le rôle de l'Etat et son articulation avec le marché, dans la future stratégie socio- économique, ce qui renvoie au mode de gouvernance tant local qu'international. Tirons les leçons de toutes ces tensions sociales qui se manifestent à travers la majorité des wilayas. Il existe un lien dialectique entre sécurité et développement, entendu développement multidimensionnel, à ne pas le circonscrire uniquement à l'Economique, vision bureaucratique matérielle du passé ce qui serait une grave erreur politique. L'on devra, impérativement, prendre en compte les facteurs sociaux et culturels devant impérativement aller vers une véritable décentralisation, en posant la problématique de la régionalisation économique qui favorisera une société plus participative et citoyenne. Espérons la fin des discours démagogiques, loin des réalités locales et mondiales, facteur de démobilisation et de méfiance, discours d'un autre âge avec la révolution du système des Télécommunications, le monde étant devenu une maison de verre. Reconnaissons une lente mutation culturelle de la part du gouvernement face à la chute drastique du cours des hydrocarbures, en espérant ne pas renouveler l'expérience malheureuse de la crise de 1986, ce qu'aucun patriote ne souhaite. L'ensemble des actions citées précédemment, implique une révision déchirante de l'actuelle politique socio-économique qui doit être fondée sur la bonne gouvernance, l'économie de la connaissance et des entrepreneurs créateurs de richesses et non de rentiers, un Etat de Droit. L'objectif est de favoriser une société participative et citoyenne passant par la restructuration du système partisan ainsi que la société civile comme puissant réseau de mobilisation afin d'éviter l'affrontement direct citoyens/forces de sécurité. Ces actions qui se fondent dans le cadre d'une vision stratégique (d'où l'importance d'un organe de planification stratégique ,sous l'autorité du président de la République ou du Premier ministre et non d'actions conjoncturelles, doivent s'insérer dans le cadre d'une réorganisation institutionnelle, notamment économie / éducation / recherche scientifique, que territoriale se fondant sur la régionalisation économique (pôles socio-économiques régionaux dont des universités et centre de recherche régionaux, regroupant les meilleures compétences) à ne pas confondre avec l'avatar du régionalisme. * Professeur des Universités, Expert International (1)-Ouvrage du professeur Abderrahmane Mebtoul Economie de marché, bonne gouvernance et Etat de Droit en arabe-anglais-français Edition Dar Gharb 2002 (140 pages chaque volume) où ont été mis en relief les rôles respectifs de l'Etat et du marché - et ouvrage collectif sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul « Enjeux et défis de l'Algérie 2004/2009, face aux enjeux de la mondialisation », paru à Casbah Editions Alger mai 2004, 2 tomes, 500 pages avec les universitaires et praticiens de l'Economie Pr Chouam Bouchama, Pr Mohamed Taibi, Dr Mohamed Sabri, Boutlelis Araf, Dr Youcef Ikhlef où un chapitre complet a été consacré à la gestion des collectivités locales où la majorité des recommandations du ministre de l'Intérieur, en 2016, reprennent nos propositions formulées en 2004. |
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