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«Celui qui déplace la
montagne, c'est celui qui commence à enlever les petites pierres», Confucius.
Beni-Saf avec sa sardine pouvait par le génie de ses enfants libres être un gigantesque pôle de développement d'industrie de transformation de produits halieutiques, mais aussi un pôle de croissance. En un mot Beni-Saf pouvait devenir un centre créateur de richesse. Toutes les indications économiques, éléments sociaux et conditions de travail étaient disponibles pour booster encore plus la ville vers de le bien-être. H. Boumediene voyait grand pour le bien de ce peuple En 1972, lors d un séminaire sur la révolution agraire à Alger, H. Boumediene avait jaspiné avec feu Boucif Belhachemi un ex cadre de Beni-Saf. Habitant le quartier populaire au Plan 2, Boucif avait trouvé la mort en Haïti lors du tremblement de terre survenu le12 octobre 2010. Belhachemi était un expert consultant qui travaillait sur un projet de la Banque mondiale en Haïti. C'est après avoir prit connaissance de son origine, le président H. Boumediene lui confie en tête-à-tête le secret de la légende de notre ville, il lui disait que «Beni-Saf pouvait vivre aisément à l'éternité avec de la sardine». En terme politique cela veut dire énormément de choses, qu'ils s'agit de bien décrypter sagement et positivement. Seuls les érudits en politique sont capables de saisir la teneur et la signification de cette annonce et aussi les seuls capables de la concrétiser dans les faits. La première égalité c'est l'équité, disait V. Hugo Il est vrai que le port y est pour beaucoup, l'effet d'entraînement de la sardine ou plutôt du poisson avait permis à beaucoup de bateaux de pêche de faire le métier d'exploitation en mer de la sardine. Il y a aussi d'autres natures exploitables de poisson en plus de la sardine ; il y avait l'anchois et le hareng en tant que ressource importante. Cette ressource halieutique disponible avait fait se bousculer les entrepreneurs pour créer des conserveries de poissons. Il en existait déjà deux grandes à la plage du Puits qui produisaient à partir de la sardine des boites de conserves de qualité reconnue mondialement car une bonne partie de la production prenait la direction de l'exportation à partir même du port de Beni-Saf. Dans ces conserveries, des centaines d'ouvrières et d'ouvriers travaillaient et percevaient un revenu pour mieux vivre. «Il faut aller à l'idéal en passant par le réel», Jean Jaurès Beni-Saf, il ne faut pas hésiter de le dire haut et fort, ses enfants ne connaissaient ni la faim ni le chômage, et aimaient travailler dur et ce depuis la création de la cité et ce n'est que grâce aux ressources abondantes dont elle dispose et qui sont mises en valeur intelligemment. La conserverie de poisson de Beni-Saf était une source de richesse pour Beni-Saf et pour le pays. La boite de sardine à l'huile ou à la tomate s'exportait aisément ; elle avait sa place au marché européen. Géographiquement parlant, en face du port, il y avait l'ex. compagnie de la mine de fer. La première source de richesse naturelle de la ville dont le minerai s'exportait via le port vers les fonderies françaises. Ce fer qui a en partie servi à Eiffel de réaliser sa tour et qui porte des éléments constitutifs (matière et sueur au goût de la sardine) de Beni-Saf. Nous pouvons dire que notre génie se trouve dans la sueur des pêcheurs et des mineurs benisafiens qui sont devenus les premiers prolétaires algériens après les Bolcheviques. Le port par ses activités de pêche faisait le soleil des misérables. Contrairement au minerai de fer, la pêche avait mis au jour toute une chaîne d'industries de poisson, à savoir les conserveries de sardines, de thon, la salaison d'anchois, les constructeurs de bateaux de pêche ou charpentiers appelés en espagnol «calafaté», la manufacture de farine de poisson, une école de mousses. En plus de cela un «vinoduc» a été mis en place reliant la cave d'Al Bradj au port pour le vin destiné à l'exportation. Le port de Beni-Saf n'était pas seulement le premier port de pêche d'Algérie, le commerce avec l'extérieur faisait partie de sa mission. Il avait contribué fortement aux entrées de devises pour le pays. Un tissu industriel tenu en déliquescence Par conséquent, Beni-Saf possédait jadis un tissu industriel qui lui permettait de faire de grand boom dans beaucoup de domaines en plus de sa position stratégique pour l'exploitation du tourisme où la mer, la montagne, la forêt et le soleil font d'elle une station balnéaire apte à magnétiser des chaînes de restauration pour la gastronomie benisafienne ainsi que l'hôtellerie qui s'accommode avec l'hospitalité des Benisafiens. C'était une aubaine qui n'a pas été prise en considération pour des raisons qui échappent au bon sens. Les conserveries et les salaisons employaient plusieurs dizaines d'ouvrières et d'ouvriers. Leur travail consistait à enlever la tête de la sardine et celle de l'anchois. Ils étaient payés à la corbeille, ce qui incitaient les travailleurs à fournir plus d'efforts pour remplir le maximum de corbeilles pour avoir plus de revenus. Les têtes de poisson sont récupérées pour être mises à la disposition de la manufacture de la farine de poisson destinée à l'alimentation du bétail, au poulailler et à l'exportation. Les corbeilles d'anchois traités sont mis à la disposition d'une autre équipe qui procède à la salaison, c'est-à-dire les enrober dans du gros sel (salamora = gros sel) et puis les mettre selon une disposition stratifiée dans des tonneaux en bois de fabrication locale, appelés les Bordelaises. Après quelques jours l'anchois est enfin conservé, prêt à la consommation. Par contre, pour ce qui est de la sardine, avant d'être mise en boite, elle passe par le séchage. La boite à sardine et minutieusement pasteurisée à l'eau bouillante à 120°C car il y a risque de contamination par une famille de microbes (Clostridium), ces microbes vivent sans oxygène et produisent une toxine mortelle ; cette dernière est utilisé pour la fabrication des armes biologiques. C'est ainsi que se fait le process de production de la boite à sardine et de l'anchois. Cette unité de production induit par effet d'entraînement et de multiplication une prolifération (croissance économique) de petites unités de production comme par exemple les menuiseries spécialisées dans la fabrication du gros tonneaux pour la salaison. Il y avait même de petits tonneaux (Al Barmil) pour stocker de l'eau qui faisait partie des meubles dont nos anciennes habitudes avaient tant besoin. La sardine, l'anchois et le hareng, matière première de l'industrie benisafienne L'anchois Benisafien était aussi exportable, en vrac dans des tonneaux ou confectionné dans des boites métalliques d'un kilo. Il faut dire que l'anchois avait sa place importante dans le commerce international et sa consommation est bien prisée à Beni-Saf. Les têtes de poissons de la sardine, de l'anchois et du hareng non utilisées par la conserverie représentent la matière première d'une entreprise qui les transforme pour la fabrication de farine de poison en granulé destinée à l'aquaculture européenne, une partie est réservée pour l'alimentation du bétail et des volailles. Une malédiction issue du non-sens s'est abattue sur le patrimoine benisafien Aujourd'hui, cette unité n'existe plus, pareil aux autres conserveries et salaisons. L'outil pour créer de la richesse à Beni-Saf a été décimé de façon insensée, car aucune unité de production n'existe à ce jour. Même les charpentiers ont disparu ! Finalement, suite à ce constat amer, nous pouvons dire que c'est une malédiction qui s'est abattue sur Beni-Saf. La seule conserverie de poisson qui existait jusqu'à la fin des années 80 avait été rénovée pour faire de la conserverie multidimensionnelle à grande échelle à base de légumes et autres matières. Du matériel moderne en inox avait été installé pour assurer mécaniquement le processus de production. L'insensé décisionnel a persisté pour faire du bijou productif un vestige encombrant. L'actif productif du tissu industriel de Beni-Saf a été effacé par un cahier des charges qui faisait du bradage l'unique disposition, et Beni-Saf vient de perdre la vocation de son patrimoine créateur de richesse. Pour un unique et simple exemple, un lamparo des années 70 de 60 chevaux de puissance, sans treuil et sans sonar, ni sonde, se permet de faire une pêche artisanale de plus de 60 quintaux dont le prix au kilo ne dépasse guère les 60 cts, comparé à aujourd'hui où un galion suréquipé, d'une puissance à trois chiffres, son armateur est satisfait avec 10 casiers de poissons dont la contenance est de 15 kg et dont le prix varie entre 500 et 600 DA, le centime fait défaut aujourd'hui ! La production de la sardine montée en croisière a été atteinte le jour ou H. Boumediene avait visité Beni-Saf, le «horré» du poisson est resté dans l'histoire de la surproduction de la sardine. Une richesse patrimoniale en déliquescence programmée Le patrimoine gastronomique fait défaut, alors qu'une école gastronomique spécialisée dans les produits de mer devrait être en principe constituée devant un splendide aquarium qui ferait de Beni-Saf un pôle touristique capable de booster la croissance économique à deux chiffres, le patrimoine industriel avec une chaîne de PME créatrice de valeurs ajoutées. Ce patrimoine qui est un héritage commun engendrerait manifestement un contexte nouveau où apparaîtrait une nouvelle culture, un art nouveau, une philosophie de bien-être, dans un cadre ordonné où la discipline effraie même le bon sens. L'actif patrimonial est un bien commun mérite bien sa conservation La conservation de l'actif qu'il soit corporel ou incorporel du patrimoine benisafien devrait représenter une vocation de premier plan, une charge quotidienne et une fonction primordiale pour permettre au moins de sauvegarder pour les générations à venir et d'avoir un autre regard d'achèvement perfectionniste pour répondre à la maxime suivante : «Nous n'héritons pas de la cité de nos ancêtres nous l'empruntons à nos enfants». Cet adage prend toute sa valeur dans sa signification. Beni-Saf devrait reprendre la valeur philosophique et anthropologique pour redevenir un lieu de culture positive, une économie créative de bienfaisance, un espace social de valeur et de morale, et obtenir l'adhésion, l'agrégation de ses habitants. Les mauvaises perspectives ont été dessinées par le FMI Un travail considérable devrait être entrepris le plus tôt possible face à la brusque agonie de tout ce qui a trait à Beni-Saf. Beni-Saf est une ville dont le patrimoine est l'héritage commun de toute la collectivité. Ce patrimoine est transmis de génération en génération. Chaque génération apporte un plus qualitatif et quantitatif dans l'ensemble des domaines de la vie sociale ( environnement-urbanisme-économie-éducation-sport-techniques-sciences-moralité). Le présent dimensionnel n'augure pas de bonnes perspectives face à la désespérance, au pessimisme, à la platitude, à la consternation et à tous les vices sociaux qui ont dévoré ( destruction) ce patrimoine par un manque flagrant de l'expression de la concertation, de la démocratie, de la citoyenneté pour que le civisme, l'écoute, le respect du bien, de la loi tout en sauvegardant l'échelle de nos valeurs. Un contexte sociétal où l'ordre et la discipline font défaut L'exploitation des ressources naturelles a permis à Beni-Saf d'avoir sa cité, son jardin, son marché couvert, ses commerces, son abattoir, ses routes, ses rues et boulevards, ses espaces publics, son éclairage public, son transport public, ses écoles et sa bibliothèque qui chôme.. Ce patrimoine nécessite un entretien, un suivi quotidien. La qualité des services qui se font quotidiennement affiche l'expression des droits et obligations qui devront être normés par la collectivité administrative sous le regard de la société civile. Le déséquilibre dans le sens du droit au détriment de l'obligation entraîne forcément des comportements qui ne font pas partie de la cité ordonnée produisant un laisser-aller qui nourrit l'incivisme et provoque de l'indiscipline au niveau du contexte sociétal. L'espoir est permis pour bien faire Les Benisafiens ont la lourde tâche dans la dimension de leur patrimoine culturel, économique social, sportif pour mettre en place une vision à même de consolider et assurer la cohérence entre la moralité, l'éducation et la raison du bon sens pour une meilleur cohésion sociale. Cette cohérence de valeurs doit évoluer dans un contexte nouveau et une démarche raisonnable respectant une perspective de l'ensemble du patrimoine et de sa mise en valeur pour une éventuelle exploitation créatrice de valeur ajoutée. La décentralisation fait du positif ; la centralisation est négative La ville de Beni-Saf nécessite une gestion efficace de proximité et non pas une gestion centralisée dévastatrice et agonisante. La richesse de Beni-Saf se situe dans ses ressources humaines qui savent mettre en place une conception de développement local et durable, accompagnée d'une expression culturelle positive qui permet de dépasser la norme locale et même nationale tout en sauvegardant le patrimoine pour bien et mieux le prêter à la génération montante dans son épanouissement et sa continuité et pour son immortalisation. L'adressage et dénomination des rues, places et édifices publics, reflètent la reconnaissance du bien et du bien fait ainsi que la valorisation de tous ceux qui ont donné un plus positif à la cité. La conscience de l'usus (droit de recueillir le fruit) du fructus (droit d'utilisation) et de l'abusus (droit d'en disposer à sa guise). La performance du système d'exploitation de l'outil de production et de gestion du patrimoine est plus que nécessaire afin d'éliminer les lenteurs et blocages administratifs cultivés par les carriéristes, les arrivistes et les affairistes de tous bords qui ont participé à la faillite de ce système. Hausser le niveau de la compétence pour mettre fin à la médiocrité régnante qui avait permis l'utilisation abusive et néfaste des biens de la communauté, et éliminer la culture de l'incivisme et autres fléaux qui freinent l'avancée de la qualité et du cadre de vie des citoyens que nous sommes. *Ecrivain |
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