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Trois ans après la
fondation de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez par
l'entrepreneur Ferdinand de Lesseps, les travaux du canal de Suez débutent le
25 avril 1859. Le chantier agace Mohammad Sa'id
pacha, contrarié par l'influence qu'ont les Européens sur la vie politique
égyptienne. Il faudra dix ans pour construire ce gigantesque ouvrage long de
193,3 km, large de 280 m à 345 m et profond de 22,5 m.
Pour la première fois, le 10 septembre 2015, l'Académie des Sciences d'Outre-mer1 a ouvert ses portes à l'Émir Abd-El-Kader, en la personne du docteur Chamyl Boutaleb avec comme thème principal de la conférence : « Abd-El-Kader, pacificateur du Moyen-Orient, et son combat contre les Passions ». Abd-El-Kader s'intéresse depuis toujours au progrès et à la technique. Il a rencontré Ferdinand de Lesseps pendant sa captivité en France. De Lesseps lui fait visiter les débuts d'un chantier qui l'occupe depuis tant d'années : le percement du canal de Suez. Abd-El-Kader s'enthousiasme et il va s'employer à convaincre les populations locales de céder leurs terres pour ce projet grandiose. Il y a vu un « véritable bienfait pour l'humanité en même temps qu'une œuvre d'utilité générale dont les avantages rejailliront sur la plupart des habitants de la terre, d'une extrémité à l'autre ». Le percement du canal de Suez concrétise parfaitement sa démarche spirituelle de rapprochement entre l'Orient et l'Occident. Après dix ans de travaux, le canal est inauguré le 17 novembre 1869 en présence d'Abd-El-Kader, des rois et des ambassadeurs du monde entier. Le canal n'aurait sans doute jamais vu le jour sans le soutien qu'il y a apporté. Abd-El-Kader débarque le 1er janvier 1863 à Alexandrie, inspecte les travaux, encourage les ingénieurs et les ouvriers, accompagné de M. Vermont, interprète de la Compagnie. L'Emir constate que tout marche avec une régularité admirable et que l'on ne tarderait pas à obtenir de nouveaux résultats. La vallée de Gessen, l'ancienne terre des pâturages, commençait à redevenir fertile. Le 12 janvier 1863, l'Emir Abd-El-Kader adresse à Lesseps la lettre de soutien suivante à l'occasion des facilités qu'il lui avait procurées pour parcourir le canal maritime dans toute sa longueur jusqu'au lac Timsah et pour se rendre au Caire : « Pendant ce voyage, j'ai vu des choses dues à vos idées fécondes, à votre sagesse et à votre sublime conception, choses que le grand Alexandre n'avait pu accomplir, ce qui m'a rappelé la vérité du proverbe : « Les anciens ont laissé beaucoup à faire aux modernes ». Pour couper l'isthme entre les deux mers, vous êtes un second Arsmeds, lequel entreprit ce grand travail sous le règne de Ptolémée III2, surnommé l'ami du père. Cet isthme est resté ouvert jusqu'au règne des Césars, qui le continuèrent afin d'empêcher leurs ennemis de venir jusqu'à eux. De même, pour faire arriver les eaux du Nil jusqu'à Suez, vous êtes le quatrième de ceux qui ont entrepris ce travail et qui ont permis aux navigateurs de circuler. Le premier, qui accomplit ce travail fut Toutis3, un des rois d'Egypte, résidant à Memphis, et qui était contemporain d'Abraham. Plus tard, ce canal, qui avait été détruit, fut recreusé par Endromanes, l'un des rois grecs après Alexandre. Détruit une seconde fois, ce même canal fut recreusé de nouveau par Amr Ibn El-Ass4, et, grâce à lui, la navigation fut reprise jusqu'à Suez pendant plus de cent trente ans, jusqu'à l'avènement au trône du calife Mansour5, des Abbassides, lequel fit combler le canal. Et vous voilà, vous, Excellence, le quatrième. Dieu a voulu vous réserver les deux gloires et les deux mérites de creuser à la fois le canal maritime et le canal d'eau douce. A vous, par conséquent, reviennent la plus grande gloire et le plus grand mérite ; car si on vous a précédé dans l'une de ces deux œuvres, personne ne vous a devancé dans l'accomplissement des deux à la fois. A vous donc le mérite unique et le privilège le plus élevé ». Est-il possible maintenant d'introduire les eaux de la Méditerranée dans la vaste dépression connue sous le nom de « région des Chotts », c'est-à-dire de faire pénétrer la fertilité, le commerce, la vie, du golfe de Gabès jusqu'au cœur du Sahara, en transformant en mer intérieure des lagunes actuellement dangereuses et insalubres ? Des études ont été réalisées en Algérie par le capitaine Roudaire en 1872 et 1873. Il fallait juste poursuivre les études sur le territoire tunisien (Cf. « Rapport sur la mission des Chotts » et voire la « carte du bassin des Chotts » dressée en 1876 entre les Nememchas et la région des dunes : Chott Melghir, Chott Gherssa, Chott Djerid)... *Dr Notes 1- L' « Académie des Sciences coloniales » a été créée en 1922. La séance solennelle d'ouverture s'est déroulée à la Sorbonne le 18 mai 1923 sous la présidence d'Albert Sarraut, ministre des Colonies et en présence de son président fondateur, Albert Lebrun, ancien ministre, et de son premier secrétaire perpétuel, Paul Bourdarie, qui lance à cette occasion les 4 verbes : « savoir, comprendre, respecter, aimer » qui deviendront la devise de l'Académie, laquelle prend le nom d'Académie des Sciences d'Outre-mer en 1957. 2- Ptolémée III Evergète (pour la largesse de ses dépenses en faveur du peuple) a été couronné pharaon en 246 av. J.-C. Il entreprend la 3ème guerre de Syrie pour venger l'assassinat de sa sœur Bérénice Syra par Laodicé Ire, première épouse d'Antiochos II qui en a divorcé pour épouser Bérénice. Par cette victoire, il obtient d'importantes compensations territoriales en Thrace, en Syrie, en Asie Mineure et en mer Égée. 3- Toutis, fils de Malia, roi résidant à Memphis. A l'époque du voyage de Sidna Ibrahim El-Khalil en Egypte, Toutis aurait enlevé au patriarche sa femme Sarah, en échange de laquelle il aurait donné à ce dernier une servante (Hadjer)... 4- Amr ibn al-As al-Sehmi (573 - 664) : 1er commandant de la conquête arabe en Syrie, gouverneur de la Palestine qu'il a conquise, il a ensuite dirigé la conquête musulmane de l'Egypte de sa propre initiative à la fin de 639 dont il fut son gouverneur de 640 à 646 et de 658 à 664. 5- Abou Ja?far ?Abd Allah ben Mouhammad El-Imam, surnommé El-Mansour, né en 714 et mort le 7 octobre 775, est le second calife abbasside. Il succéda à son frère Abou El-Abbass Es-Seffah en 754. Il meurt à La Mecque au cours du pèlerinage où il est enterré. |
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