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La lutte contre le chômage et
l'inclusion par le travail imposent un accompagnement global qui soit le plus
large possible afin de tenir compte de l'ensemble des facteurs inter-agissants :
mobilité, logement, santé, économie sociale et familiale, accès au numérique,
etc.
Les entreprises sont appelées à se mobiliser dans une dynamique nationale : ce combat - aussi urgent que difficile - nécessite une mobilisation de tous, entreprises en tête. Une société où se creusent les écarts est une société fragilisée. Une société où une partie massive de la population est exclue du marché de l'emploi est une société où grandit l'incompréhension et où s'avivent les tensions. Une société où chacun ne trouve pas sa place et sa reconnaissance par le travail est une société qui limite son développement économique. Dans ce combat, les entreprises ont une place de premier ordre : elles doivent contribuer à inventer de nouvelles solutions en faveur de l'emploi, qui aillent au-delà du seul recrutement. Ouverture de l'entreprise aux demandeurs d'emploi sans qualification ou peu qualifiés Aujourd'hui, le rôle des entreprises en matière de formation et d'accompagnement des demandeurs d'emploi ne doit plus se limiter à l'alternance et au recrutement. Il existe des expériences remarquables qui invitent à développer et à généraliser des actions novatrices où l'entreprise s'engage directement auprès des chômeurs. En lien avec les partenaires sociaux et la puissance publique, les propositions suivantes tendent à redéfinir la place et le rôle de l'entreprise et de ses collaborateurs, en faveur des demandeurs d'emploi, aux côtés des autres acteurs de l'emploi. L'affirmation d'un engagement direct des entreprises auprès des personnes en recherche d'emploi ? sans corps intermédiaire ? invite à une transformation radicale de la relation entre toutes les parties prenantes mobilisées en faveur de l'emploi. En premier lieu : encourager toutes les formes de soutien social : Diffuser auprès du FCE, des PME et grandes entreprises ainsi qu'auprès des acteurs socioprofessionnels, les différentes possibilités de mobilisation des entreprises dans le cadre d'une disposition réglementaire sur le parrainage social, afin de favoriser leur soutien à des associations et fondations qui œuvrent notamment dans le domaine de l'emploi et de la jeunesse (et plus globalement pour toutes les formes d'engagement social), dans des conditions économiquement plus favorables que le seul bénévolat, à travers le soutien financier (cotisations, dons, capital...), le soutien aux compétences et l'appui de prestations. En second lieu : ouvrir les centres de formation internes : Expérimenter la possibilité pour des entreprises de former des demandeurs d'emploi (sans qu'ils aient un contrat de travail avec l'entreprise) dans le cadre de leurs structures internes de formation et de mettre à disposition leurs moyens de formation internes et d'une contractualisation adaptée en fonction des institutions dont dépendent les bénéficiaires (à définir avec le service public de l'emploi dans le cadre de nouvelles compétences). Pour ce faire, il y a lieu de réunir les conditions législatives et règlementaires favorables : Favoriser et élargir les dispositions législatives, réglementaires et conventionnelles permettant à chaque entreprise de se mobiliser et de prendre directement en charge des dépenses de formation et d'accompagnement de demandeurs d'emploi (y compris d'ingénierie, d'expérimentation, d'évaluation, de parrainage...) en : - permettant la prise en compte de ces dépenses, en tant qu'action de formation pour chaque entreprise ; - disposant de fonds ayant pour objectif l'innovation sociale à l'effet d'expérimenter de nouvelles solutions face au chômage, à partir des acteurs économiques (à créer) ; - développant les usages du parrainage social pour renforcer l'engagement des entreprises en termes de soutien financier, de compétences et de moyens (à inciter). Adapter les contrats Favoriser le développement des emplois, notamment verts : mobiliser les entreprises en faveur de ces emplois en les invitant par exemple à soutenir des actions développées par des associations, en contribuant à valoriser ce dispositif auprès des jeunes et en les appuyant dans leurs recrutements (implication de responsables RH). Professionnaliser les contrats de travail aidés : accentuer la professionnalisation des jeunes recrutés en développant des initiatives d'accompagnement par l'entreprise, aide au repérage des savoirs transférables dans l'entreprise, acquisition d'expérience complémentaire en entreprise, les périodes d'immersion en entreprise pour favoriser l'intégration dans un poste en entreprise. Des nouveaux moyens pour intervenir en faveur des demandeurs d'emploi Ouvrir l'entreprise aux demandeurs d'emploi : consacrer sur les plans législatif, réglementaire et conventionnel la possibilité pour l'entreprise d'intervenir directement auprès des demandeurs d'emploi (a priori dans son secteur d'activité ou son lieu d'implantation) en termes de formation ou d'accompagnement de personnes non liées contractuellement à l'entreprise (et donc prises en charge volontairement) au-delà des dispositifs existants. Permettre des dépenses en faveur des demandeurs d'emploi : envisager, dans le cadre du paritarisme et auprès de l'État, des dispositions fiscales et parafiscales, permettant à chaque entreprise de prendre directement en charge les dépenses de formation et d'accompagnement d'un ou plusieurs demandeurs d'emploi (non-salariés mais a priori dans son secteur d'activité ou dans sa localité...). Créer une aide fiscale destinée à soutenir les efforts des entreprises en matière de responsabilité sociétale et à encourager les expérimentations sociales, notamment en faveur de l'emploi - innovation en matière de sourcing, réingénierie des processus de recrutement, formes novatrices de parrainage, expérimentation d'actions d'inclusion sociale et professionnelle, nouveau modèle d'ancrage territorial - afin de développer l'innovation sociale à partir des acteurs économiques. Les demandeurs d'emploi attendent d'ailleurs des entreprises qu'elles s'engagent et pensent qu'il est indispensable que les entreprises investissent du temps et de l'argent pour favoriser l'accès des jeunes à l'emploi et de juger ce même engagement indispensable pour favoriser l'accès au marché du travail aux personnes éloignées de l'emploi. Or, quand on analyse le rôle des entreprises, on se rend compte qu'elles seront bien plus positives sur leur capacité à avoir un impact global sur la vie des Algériens en continuant d'affirmer leur rôle social et sociétal. Ceci prouve que lorsque les entreprises sont organisées en réseaux et travaillent avec la puissance publique, elles croient davantage en leur capacité à œuvrer pour l'emploi dans toutes ses dimensions. Cet esprit de collaboration et d'association est une clé pour avoir un impact fort dans la vie économique. Faire des entreprises un moteur de développement et de transformation La notion de responsabilité sociale des entreprises doit se développer. La faculté de l'entreprise à rechercher l'innovation sociale aux côtés de la puissance publique doit progresser, et les initiatives individuelles et collectives d'entreprises se multiplieront. Les entreprises responsables doivent être véritablement sollicitées et associées par l'État à une vaste réflexion ou à un grand plan d'action en faveur de l'emploi, Sans se substituer à la puissance publique ni aux autres acteurs, l'entreprise doit, en tant qu'organisation collective, affirmer de façon volontaire et proactive sa capacité d'action sociale et territoriale. Plutôt que d'être contrainte par de nouvelles dispositions réglementaires, elle doit mobiliser ses dirigeants et collaborateurs. Le contexte particulièrement critique que nous connaissons doit inciter les entreprises à devenir moteurs de développement et de transformation, à adopter avec leurs collaborateurs une action sociale efficace, à s'engager concrètement sur leurs territoires d'implantation. Dans le champ de l'emploi, la responsabilité sociale de l'entreprise consiste notamment à : - former à partir de l'entreprise en multipliant les occasions d'alternance et de stages ou encore en jouant un rôle d'appui à l'école : aide à l'orientation ou contribution à la vulgarisation de certains savoirs puis en formant les jeunes salariés qui ont souvent peu accès à la formation ; - accompagner par des politiques internes de tutorat auprès d'alternants et de nouveaux salariés, ou en prenant des engagements externes de parrainage ou de médiation sociale auprès de l'ensemble des différentes parties prenantes de l'entreprise ; - inclure en offrant une identité sociale et professionnelle et une reconnaissance par le travail, en favorisant l'intégration et la stabilisation dans l'emploi et en développant des actions de (re)socialisation des demandeurs d'emploi ; - transformer en permettant à des hommes et des femmes de bénéficier des actions engagées avec les entreprises au niveau local, en dynamisant le tissu économique et social des régions, et en facilitant une mobilisation et un traitement collectifs des questions sociales et de l'emploi avec les acteurs économiques. Réaffirmer le rôle des conseils d'administration en matière responsabilité sociale des entreprises et ce en adoptant la gouvernance aux nouvelles orientations : Réaffirmer le rôle des conseils d'administration : proposer, dans les grandes entreprises, l'inscription à l'ordre du jour d'au moins un conseil d'administration par an d'un débat sur la question de l'emploi et de la responsabilité des entreprises, avec la désignation d'un administrateur chargé de ce sujet. Créer au sein du conseil d'administration une commission permanente ad hoc chargée du suivi des questions emploi, de l'insertion sociale et professionnelle et de la nouvelle donne en matière de formation professionnelle et d'orientation tout au long de la vie, en considérant notamment les publics prioritaires au titre de la responsabilité sociale des entreprises. Inciter à la création d'un Observatoire emploi rattaché au conseil d'administration chargé de lui fournir de l'information sur les dynamiques d'inclusion sociale et professionnelle, ces données étant également partagées avec les groupements de branche, les Observatoires nationaux ainsi que le Comité d'entreprise. Consolider la reconnaissance de la fonction Ressources Humaines : Reconnaître la gestion des Ressources Humaines comme une fonction clé de l'entreprise en favorisant la valorisation d'un passage par la fonction RH comme une étape essentielle dans la carrière des dirigeants. Corréler la prise de décisions stratégiques de l'entreprise à la question de l'emploi : favoriser l'analyse et la prise en compte des préoccupations liées à l'emploi dans toute décision stratégique des entreprises (sur le plan local, national, sectoriel, par catégorie professionnelle, par civilité...). Mettre en place les conditions de développement et de reconnaissance de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences dans l'entreprise, au sein de la branche et sur les territoires concernés, tant en termes d'élaboration que de mise en œuvre et d'évaluation. Intégrer la performance sociale dans les résultats de l'entreprise : se doter des outils nécessaires pour évaluer annuellement la performance sociale de l'entreprise et favoriser le développement de nouvelles méthodes d'appréciation des performances extra-financières (empreinte sociale, développement de l'emploi, mixité des métiers, etc.). Informer les instances dirigeantes sur les questions liées à l'emploi : intégrer les indicateurs de performance sociale aux communications présentées lors des assemblées générales et des conseils d'administration, au même titre que les résultats économiques, dans le cadre d'une information globale (sociale et territoriale) donnant une véritable place à l'emploi. Faire de la performance sociale un outil stratégique de l'entreprise : donner un nouvel élan à l'engagement social de l'entreprise en utilisant la performance sociale comme levier stratégique de mobilisation et de développement de pratiques responsables (dialogue social, lisibilité des choix, mobilisation des salariés, dynamique de l'emploi). *Cadre du secteur de l'emploi |
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