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Premier doyen de la faculté de
médecine de l'université de Bejaïa (2007/2010), Abdelmalek Danoune,
professeur en anatomie et chirurgie vasculaire des universités algérienne et
française, a d'abord rejoint le CHU d'Annaba pour y exercer les fonctions de
chef de service.
A sa nomination (octobre 2012 - décembre 2018) au poste de directeur général du CHU Khellil Amrane de Bejaïa, il prit l'engagement de mettre toute son expérience et toute son abnégation au profit de la nouvelle structure. «C'est grâce», dira-t-il, «au dévouement et à la volonté pleine et entière des uns et des autres que le premier CHU de la ville des Hammadides a pu voir le jour, alors que les difficultés étaient grandes en 2009 et que les autorités pensaient fermer la faculté de médecine et faire avorter le projet de création d'une structure hospitalo-universitaire à Béjaïa. Cette structure aujourd'hui, existe, est fonctionnelle et en pleine extension. Pas moins de 25 services hospitaliers, dont un service de cardiologie créé en février 2013 et en gestation un véritable centre d'imagerie médicale doté d'un matériel de radiologie sophistiqué. Mais si la structure IRM (imagerie par résonance magnétique) redonne de l'espoir, l'encadrement médical du CHU de Bejaïa qui fait encore cruellement défaut retarde encore l'avènement d'un véritable pôle de santé dans la région. Cela dit, les manifestations scientifiques d'envergure ne manquent pas. Un congrès maghrébin est même à l'ordre du jour. Nous avons, à cet effet pris attache avec le pilote de cette initiative. Le Quotidien d'Oran.: Professeur Abdelmalek Danoune, sous votre direction et en étroite collaboration avec d'éminents anatomistes, vous organisez à partir du 15 juin, un congrès maghrébin d'anatomie clinique. En tant que président du comité d'organisation vous est-il possible de nous donner plus de précisions sur cette rencontre, la première du genre, me semble-t-il ? Professeur Abdelmalek Danoune: C'est à l'Auditorium Aboudaou de l'Université Abderrahmane Mira à Bejaïa, que va se tenir ce 1er Congrès maghrébin d'anatomie clinique organisé par le Laboratoire d'anatomie médico-chirurgicale de Béjaïa. La ville des bougies, de la lumière et des lumières où la médecine savante a vu le jour dès la fin du XIe siècle, la ville des hauts faits historiques trois fois millénaire, l'antique cité hammadite, centre de communication et de rayonnement culturel, creuset scientifique de la transmission du savoir, visitée par nombre de savants de renom (Ibn Khaldoun, Ibn Arabi appelait Sidi Bou Mediene, Ibn Toumert, Ibn Budhukh al-Qal'i, Ibn Rumiya, surnommé al-Aachab, Ibn Raqqam, Ibn Battouta, Al-Umawi, plus connu sous le non d'Ibn Andras, Djamel Eddine al-Maghribi?), souhaite Ansuf Yeswen à tous ses hôtes les 15, 16, 17 juin. Cet important rendez-vous répond, en fait, au souhait clairement exprimé par la majorité des spécialistes maghrébins, mais aussi et surtout aux vœux, maintes fois susurrés par notre maitre le professeur Abdelhafid Lahlaidi, ancien professeur à la faculté de médecine de Rabat, Médaille d'Or de l'Académie Française de Médecine et de l'Académie des sciences de New York (USA). Nous aurons d'ailleurs l'immense plaisir d'accueillir et d'honorer à nouveau ce bâtisseur, lauréat du 1er Prix du Président de la République Algérienne, il y a de cela une trentaine d'années. Nous rendrons également hommage à feu Si Salah Hammoudi, ancien professeur à la faculté de médecine d'Alger, ancien recteur de l'Université de Tizi-Ouzou et ancien directeur du Laboratoire d'Anatomie d'Alger, ainsi qu'au professeur Badreddine Boussafsaf, ancien chef de service du Laboratoire d'Anatomie Humaine au CHU de Constantine, Prix d'Excellence du Laboratoire d'Anatomie des Saint Pères Paris et tout cela en présence des professeurs Abdelhamid Aberkane, Zitouni (anciens ministres), Salah Bendib, Khair-Eddine Bouyoucef, Larbi Abid, Ilies, Saïd El Ayoubi, entre autres. Q.O.: Dans un précédent entretien accordé à notre journal (01/06/2009) lors des 2èmes Journées universitaires de la formation médicale continue (à l'occasion du démarrage du Centre hospitalier de Bejaïa), vous parliez d'imprégnation au savoir des Maîtres, d'amarrage à la modernité et de partenariat. Comment, selon vous, mettre en synergie les compétences accumulées en matière d'anatomie clinique? A.D.: La dispersion des compétences universitaires n'a pas été salutaire. Outre la possibilité de développer un partenariat solide et durable à l'échelle maghrébine, cette manifestation scientifique d'envergure va permettre aux professeurs de médecine participants issus de plusieurs structures de santé de l'intérieur et de l'extérieur du pays, de développer d'importants thèmes relatifs à l'anatomie clinique qui connait, ces dernières années une attention particulière de la part de l'ensemble des spécialistes anatomistes à travers le monde. Nous nous proposons d'établir un état des lieux de l'anatomie au Maghreb. Il s'agit pour nous d'échanger nos expériences grâce à la contribution de nos collègues maghrébins. Ces derniers n'ont que rarement l'occasion de se rencontrer alors que de par le monde, nous assistons à un développement fulgurant de la discipline anatomique. Aujourd'hui, il n'est plus possible de vivre en autarcie. La coopération inter-universitaire maghrébine en anatomie, dans les domaines de la pédagogie et de la didactique, s'impose à nous. Et c'est ainsi que notre projet immédiat est de mettre en place l'AMAC (Association maghrébine d'Anatomie clinique), d'adopter ses statuts, son règlement intérieur, d'élire son bureau et de fixer la date et le lieu du prochain congrès. Au-delà des Conférences thématiques et des communications orales et affichées, nous avons en projet l'élaboration d'une revue ou, à tout le moins, d'un bulletin pour recueillir les publications des travaux scientifiques d'auteurs maghrébins. Les thèmes qui seront débattus durant ce congrès porteront sur la pédagogie en anatomie au Maghreb (Morphologie, Chirurgie, Chirurgie expérimentale, Imagerie). Une table ronde sur l'état des lieux au Maghreb, sur la dissection anatomique à but scientifique et sur la formation sur le cadavre est inscrite au programme. La réflexion portera par ailleurs sur les acquis maghrébins dans le domaine de l'innovation en anatomie. Notre rencontre va offrir, en outre, l'opportunité à tous les anatomistes maghrébins de se connaitre, d'échanger des informations et des expériences relatives aux progrès en matière de sciences morphologiques à l'échelle maghrébine. Eriger des passerelles et pourquoi pas des ponts entre spécialistes, telle est notre espérance. Q.O.: Vous avez en projet, d'après votre note d'attention, de mettre sur pied une structure de concertation et de recherche à l'occasion de ce premier congrès. Pouvez-vous nous préciser ses modalités d'action et ses objectifs ? A.D.: Il nous faut impérativement, à l'occasion de ce premier rendez-vous tant attendu, agir en conséquence. Ce congrès est déjà en soi un événement historique. Il offre un cadre idoine pour développer et perenniser les échanges tout en contribuant à la construction d'un espace maghrébin de l'Enseignement supérieur. Ce sera un espace d'échange unique pour les chercheurs expérimentés, mais aussi les jeunes chercheurs qui pourront présenter l'état de leurs travaux de recherche en anatomie. L'association qui verra le jour activera dans tous les domaines de la discipline anatomique en mettant en exergue les avancées en anatomie appliquée, en didactique, en pédagogie et en anatomie humaine. Elle contribuera, par ailleurs, à accompagner les enseignants d'anatomie et les apprenants dans le cadre de la formation de nouvelles générations de médecins, techniquement compétents et humainement responsables. Q.O.: A ce propos, où en sommes-nous dans le domaine de la recherche en anatomie à l'échelle maghrébine ? A.D.: Je cite notre professeur et ami, M. Lahlaïdi : «Loin d'être une science morte, l'anatomie moderne doit, avant tout, être une anatomie pratique qui intègre nécessairement la promotion d'une recherche appliquée, utilisant toutes les technologies, d'imagerie et d'informatique tout en continuant la recherche fondamentale, selon les techniques usuelles classiques». C'est ce que nous nous proposons de défendre à l'occasion de notre congrès à travers l'Association maghrébine d'Anatomie clinique en gestation. Q.O.: Votre communication commune (Prof S. Mahdadi, de la faculté de médecine de Sétif et vous) en hommage au travail colossal de votre prof. Lahlaïdi, sur le genou humain, est fort attendue. Vos commentaires à ce sujet ? A.D.: Différentes recherches concernant l'ensemble des structures du genou ont permis au prof. A. Lahlaidi de se distinguer brillamment parmi les plus brillants chercheurs de son époque. Sa thèse (dirigée par l'éminent anatomiste suisse, le professeur J. A. Baumann) et ses recherches morphologiques sur la partie antérieure de l'articulation du genou l'ont rendu célèbre. Les ménisques sous leurs différents aspects: morphologiques, structurels, attaches, vascularisation, organogénie et génétique, l'ont projeté au devant de la scène une dizaine d'années durant. La masse critique concernant les éléments capsulo-ligamentaires, tendino-musculaires, décrites par ses soins, constituent aujourd'hui une bonne part dans les itinéraires bibliographiques des différentes revues spécialisées, anatomiques, orthopédiques génétiques et anthropométriques. En tant qu'anatomiste maghrébin, j'ai été intéressé par les travaux du prof. Lahlaïdi, et plus particulièrement par la micro-vascularisarion osseuse, et ses méthodes. Cette technique qui s'applique à toutes les recherches en micro-vascularisarion des organes a permis de créer ces dernières années une des sociétés savantes les plus prolifiques: l'American Society of Microcirculation. Mon collègue de Sétif, prof. S. Mahdadi s'est orienté, quant à lui, vers l''étude morphologique de l'articulation du genou chez l'homme. Son étude complète et didactique constitue aujourd'hui une référence bibliographique et un document très apprécié par les jeunes anatomistes, chirurgiens orthopédistes et par les rééducateurs. |
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