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Le culte des
ancêtres constitue la plus vieille pratique du viental.
Antérieure au bouddhisme et au confucianisme. Nombreux sont les Vietnamiens qui
s'en contentent car, pour honorer leurs ancêtres, pas besoin d'aller à la
pagode, ni de sortir de chez soi. Il suffit de rester à la maison et de prier
ses ascendants devant un autel qui leur est destiné. Tous les Vietnamiens
pratiquent ce culte domestique depuis l'aube des temps. Les Vietnamiens
considèrent que les âmes de leurs parents survivent après leur mort et qu'elles
protègent leurs descendants (un peut comme les
Africains) ; pour l'homme de la rizière comme pour le jeune branché de Saigon,
les âmes des ancêtres sont les protectrices de la lignée : c'est à elles que
l'on s'adresse en premier pour demander par exemple la guérison d'un enfant
malade, le succès dans les affaires, la réussite aux examens (les marabouts du maghreb itou). Dans chaque maison, l'autel des ancêtres
occupe une place importante. Dans les familles pauvres comme dans les familles
le plus riches, il est le cœur du foyer, pouvant dans certain cas atteindre la
dimension d'une pièce. On a l'impression alors d'entrer dans une sorte de
chapelle : endroit dédié aux esprits, à la dévotion et à la cohésion familiale.
C'est un centre de ralliement, le symbole de la solidarité des générations.
C'est devant l'autel des ancêtres que les grandes décisions se prennent, et que
les enfants se marient.
Certains autels des ancêtres sont de merveilleux meubles anciens, finement décorés, d'autres ne sont qu'une simple table de bois blanc, sans prétention : c'est l'esprit qui compte. Lorsqu'un Vietnamien décède, les membres de sa famille se ceignent la tête d'un bandeau blanc, couleur de deuil dans le pays, puis le cadavre du défunt est brûlé (c'est la crémation) et ses cendres réunies dans une urne funéraire que l'on dépose à la pagode. Les gens de la campagne et des rizières enterrent sur leurs terres ou même dans leur jardin. Après avoir reçu l'illumination, le Bouddha sakyamuni, (il vécu en Inde 5 siècles avant notre ère) prononça le fameux sermon de Bénarès où il énonça les quatre Nobles vérités qui conduisent à la délivrance, à savoir : la souffrance est universelle, nul être vivant n'y échappe, l'origine de cette souffrance réside dans les désirs (désir d'exister, de plaire, de posséder?) et dans la recherche jamais satisfaite des plaisirs terrestres. Pour apaiser cette douleur, il faut renoncer au désir et à la passion, se détacher du monde. Le moyen de se libérer de la douleur est de suivre la voie aux Huit Branches qui conduit au nirvana, le chemin du « juste » : vue, volonté juste, langage juste, action juste, existence juste, pratique juste, pensée juste, et méditation juste. Celui qui veut arriver à l'illumination doit appliquer une sorte de décalogue, qui est difficile à mettre en pratique, qu'il ne concerne que les moines. Parmi ces règles : il faut passer une nuit chaque mois dans un cimetière et dormir le dos appuyé contre un arbre sans jamais s'étendre ! Bon courage pour celui qui voit juste ! La fête du Têt La fête du Têt, le nouvel an Vietnamien est la fête la plus importante. En Chine, on l'appelle le Nouvel An chinois. Elle marque la fin d'une année lunaire (chaque année porte le nom d'un animal de l'astrologie chinoise, le chien, le rat, le singe? Le Têt marque également l'arrivée du printemps, têt = Fête de la première aurore. Une fête nationale où son importance demeure rattaché aux ancêtres, selon la tradition que les âmes des morts reviennent sur terre, il ne faut donc pas rater le rendez-vous avec elles sinon gare ! Les vivants doivent impérativement être présents pour les recevoir debout devant l'autel des Ancêtres, l'air grave si possible. Les salves des pétarades éclatant de partout pour accueillir et chasser les mauvais esprits. A minuits les âmes des morts arrivent sur terre. Le Vietnam explose de joie créant une euphorie inimaginable. La première personne qui franchit le seuil de la porte ne doit pas être n'importe qui, mais une personne vertueuse et fortunée, pour apporter prospérité et bonheur. Si vous êtes fauché et dans la panade, évitez donc de frapper à la porte. Il est interdit de se quereller, de jurer (pas facile à appliquer pour un Algérien), de casser de la vaisselle. Une fête à la fois religieuse et civile qu'aucun Vietnamien ne peut manquer de célébrer. Saturé de pétards comme pour le Mouloud en Algérie, je saute sur un tuktuk pour rejoindre l'aéroport et Phong Pehn au Cambodge. Le temple d'Angkor au Cambodge En réalité, la capitale ne m'intéresse pas trop, juste une étape pour voir le temple d'Angkor. Une angine me taraude et la fièvre me fait voir le voyage en couleur rougeâtre. Je me refugie dans le sommeil en vol, épargnant repas et boissons. Je souffre seule et en silence, maudissant l'errance. Aussitôt arrivé, je me coince dans une chambre d'hôtel, couvant ma maladie, impuissant. Je délègue l'assistant de l'hôtel pour me chercher des médicaments sans compter que j'étais incapable de parler et à plus forte raison de lui expliquer. Les gestes furent assez significatifs pour qu'il se dépêche d'aller me secourir. Je commande une boisson chaude et j'attends fiévreusement. Pour arrêter la climatisation ce fut encore une dure épreuve car il fallait se déranger jusqu'au bureau de la réception. Il faut chercher un responsable et lui signifier par geste ma problématique. Il hocha sa tête et s'éloigna, croyant qu'il va s'en occuper. Rien à faire, je surnageais dans une grosse fièvre sous un climatiseur arrogant. L'explication survint une heure après pour me dire qu'on ne peut pas calmer le climatiseur, il est réglé en chaîne et le technicien ne viendra que demain. Tant pis pour moi. Cela m'apprendra à voyager seul et loin. La nuit devient une éternité et la visite du temple est ajournée car ma faiblesse ne me donne aucune chance d'aller trottiner sur des centaines d'hectares du temple le plus vaste du monde. Il faut que je m'en sorte de cet enfer de double chaleur. Les médicaments ne sont pas efficaces et je pense à lever le camp au plus vite pour rejoindre Bangkok mieux dotée. Peut-être que si je faisais une offrande le mal s'atténuera. Mais le problème c'est d'adopter et d'opter pour un nouveau dieu et de construire mon propre autel, chose impossible dans mon état. J'invoque tout simplement mon Dieu sans trouver aucune mosquée alentour. Tout est à Bangkok. Mes maux se calment momentanément pour me donner la force de tituber vers un tuk tuk et aller entrevoir le temple d'Angkor. Je veux voir le temple et mourir. Qui dit mieux. La ville de Siem Reap sert de porte d'accès et de lieu de résidence aux visiteurs d'Angkor. Le boom touristique accentue la croissance d'une nuée d'hôtels afin de satisfaire plus de deux millions de visiteurs annuels. Par quel bout prendre le cours de la visite quand vous avez une tête qui ne fonctionne plus. La panne, mes méninges m'abandonnent, la musique intérieure est détraquée. Sans sortir du tuk tuk devant la grande muraille du temple, alors que le chauffeur s'attendait à mon évacuation, je lui ordonne de patienter un moment, juste le temps de prendre quelques photos pour dire que j'y étais et de redémarrer en retour vers l'hôtel. Vous ne pouvez imaginer que j'allais arpenter le temple d'Angkor qui nécessite un minimum de 3 jours en super forme. Retour dare-dare au lit, au diable le temple même s'il est classé patrimoine mondiale alors que mon patrimoine de base est foutu, bien déclassé. Encore une nuit agitée, j'endure sans pouvoir manger, la carcasse dégringole, elle bat de l'aile et tente de s'accrocher à l'arc-en-ciel à défaut de béquilles. Misère de misère ! Les buissons bruissaient un air macabre mortifère. Une ambiance de solde me grignote, je pédalais dans la choucroute sans harissa. Je clopine vers un destin douteux. Je fulmine sur place tout en encombrant l'espace asiatique. Retour au Temple d'Angkor saluer la perfection ! Ce n'est qu'au bout d'un siècle que mes deux pieds ont pu relever le défi de reprendre le flambeau et de reprendre la visite. Que pourront dire sur cette inestimable forêt de pierre, ce monstre architectural, ces 400 km² de chefs-d'œuvre, ces bas-reliefs inégalés, ces temples montagnes qui illuminent le patrimoine de l'humanité, ces gigantesques faces de grès qui regardent de leurs yeux morts aux quatre coins de l'Empire Khmer, cette étrange montagne où poussent par milliers les lotus de pierre? Cette Atlantide Tropical retrouvé, restauré à temps pour être livré à des millions de spectateurs du monde entier. Ses admirateurs y ont vu d'hallucinantes chaussées des géants, une ruche mystique abandonnée, le plus époustouflant des systèmes hydrauliques, des fromagers étranglés, un centre organique du monde. Comment entendre cette musique sculptée qui nous révèle, après dix siècles, le rythme lent et ondoyant de la danse des apsaras (Déesse indienne). Comment revivre le pèlerinage de Pierre Loti dans cette « Basilique fantôme, immense et imprécise, ensevelie sous la forêt tropicale ». Pour l'archéologue Bernard Groslier : « Il faut se représenter à la fois Versailles, La Concorde, Le Louvre, la Place des Vosges et toutes les plus belles cathédrales? » Pas de doute, Angkor excite l'imagination et favorise l'inspiration. Angkor, signifie en Khmer : Capitale. Le site a été choisi pour sa proximité du grand lac, pour ses collines, sa rivière (Siem Reap) et ses plaines fertiles permettant la culture du riz. Le roi, dévot de Civa, avait besoin d'une montagne sacrée (le mont Meru de la légende hindoue) pour y installer les dieux. En 1296, un voyageur chinois arrive à Angkor, il a alors fait chuter ces mots, restés célèbres : « Je salue la perfection ». Envahi peu à peu par la végétation, seule une partie d'Angkor continue à être fréquentée? La majeure partie du site devient le royaume? des bêtes sauvages. Les tigres ont remplacés les rois, les singes les courtisans. Au milieu du XVI° siècle, un roi cambodgien retombe sous le charme, en chassant l'éléphant dans la jungle. Il fait dégager la végétation pour mieux admirer les temples, puis décide d'y installer sa Cour. On restaure alors la plupart des monuments, et des missionnaires rapportent la nouvelle en Europe : on a retrouvé la cité engloutie? De rares grands voyageurs leur succéderont aux XVII° et XVIII° siècles, colportant d'autres rumeurs : Angkor pour eux, est comparable à Rome et Babel ! La grandeur d' Angkor Wat sera utilisée pour unifier l'Indochine : après avoir visité le site, le gouvernement de la Cochinchine fraîchement conquise propose à la France de s'implanter au Cambodge, histoire de taquiner les Anglais déjà présents au Siam. Une fois installés avec la bénédiction du roi, les colonisateurs n'auront d'yeux que pour la beauté d'Angkor, devenu le symbole de la puissance coloniale en Asie. Un conservatoire d'Angkor est créé. De sacrés personnages qui se tueront à la tâche, comme envoûtés par les lieux. Ils se font tour à tour archéologues, écrivains, dessinateurs, constructeurs, sauveteurs et gardiens des temples. Henri Parmentier est de ceux-là : il retourne inlassablement les pierres pour percer leurs mystères. La parution de l'un de ses articles déclenchera chez Malraux l'envie irrésistible de venir à Angkor ! Tour à tour le temple a été soumis au pillage aussi bien par les hommes du Pol Pot que par l'occupation Vietnamienne. Les paysans eux-mêmes avouent qu'ici « 1 kg de pierre vaut 1 kg d'or ». Le commerce des statues khmères est l'un des plus fructueux du marché de l'art ancien. A Bangkok ou à Hong Kong, des figurines de l'époque angkorienne se négocient à partir de 25 000 dollars. De grands collectionneurs dépensent leur fortune pour engager des commandos qui s'attaquent dans la nuit aux temples les plus isolés. Les gardiens, payés quelques dizaines d'euros par mois par le gouvernement, préfèrent fermer les yeux. Pourquoi mourir à ce prix alors que le pourboire qu'ils recevront nourrira leur famille ? Toutes les méthodes sont bonnes pour arracher leurs trésors aux temples mal protégés : on scie les bas reliefs, on détache les visages au burin, on fait sauter les socles. Au Cambodge, même les monuments sont victimes de violence? Il faut dire qu'André Malraux avait montré l'exemple? Comme il raconte dans la voie royale, en partie autobiographique, le futur ministre de la Culture se rend au Cambodge en 1923 pour faire fortune. |
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