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Ouyahia Premier ministre, pourquoi pas!

par Kharroubi Habib

Il n'est pas faux de voir dans l'élogieux message de félicitations adressé par Bouteflika à Ahmed Ouyahia à l'occasion de sa reconduction à la tête du RND l'indice que ce dernier va être probablement appelé à jouer un rôle clef dans le dispositif de gouvernance qui aura à gérer la période qui reste pour l'achèvement du mandat présidentiel. Des passages de ce message ont tout d'une feuille de route que Bouteflika assigne comme programme d'action pour cette période dont il n'aurait pas dévoilé les axes s'il n'a pas l'intention de confier un quelconque rôle au récipiendaire de ses félicitations. L'on pense bien évidemment que le chef de l'Etat envisagerait de le rappeler à la tête du gouvernement. Le retour d'Ouyahia à ce niveau de responsabilité auprès de Bouteflika ne cadre pas évidemment avec ce que l'on croit savoir des rapports liant les deux hommes.

 Il est en effet dit et écrit que ces rapports sont marqués du sceau de la méfiance de la part de Bouteflika à l'égard d'Ouyahia à la raison que celui-ci est dans des calculs politiques qui traduisent de sa part une volonté d'émancipation à son endroit. Peut-être que le Président, toujours dans cette disposition d'esprit à l'encontre d'Ouyahia, penserait néanmoins à le renommer au poste de Premier ministre sachant que celui qui occupera cette place en ces années à venir, dont tout indique qu'elles vont être d'une austérité drastique aux conséquences sociales risquant d'être dramatiques pour les citoyens, sera inéluctablement rendu responsable de la situation et ses chances de se porter candidat à la magistrature suprême en deviendraient nulles. Tout comme le citoyen lambda, Bouteflika doit voir en Ouyahia l'homme des « basses besognes » dont les dispositions sont celles qui conviennent à celui à qui confier la conduite et l'action gouvernementales dans une période qui s'annonce pour le moins périlleuse au vu de la situation économique et financière du pays. Ouyahia et ses partisans se méprendraient en pensant qu'en faisant appel à lui au poste de Premier ministre, Bouteflika n'entretiendrait plus de méfiance à son égard. Qu'ils sachent que celui-ci a la rancune tenace contre quiconque lui a « manqué » ou a donné des signes de tiédeur dans l'allégeance à son endroit. A tort ou à raison, Ouyahia est perçu comme tel par Bouteflika et à ce titre il ne peut prétendre à un retour en ses bonnes grâces qui ne comporterait une part de calcul visant à le neutraliser sous les apparences de l'attribution d'un poste politique crucial et sensible.

Il reste que pour les Algériens les « jeux du sérail » auxquels ils assistent médusés et écœurés sont la démonstration de la déliquescence dans laquelle se trouve le pouvoir qui a la charge de la conduite du pays dans un contexte où il y a montée des périls pour lui tant au plan national que régional et international.