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La nouvelle du décès de la fillette malienne, diagnostiquée porteuse du
virus Ebola, inquiète la population de Tamanrasset et des régions frontalières
d'In Guezzam et Tinezaouatine, potentiellement exposées du fait des mouvements
des populations venues des quatre coins du Sahel.
Pour rassurer, les autorités maliennes ont pourtant indiqué que toutes les personnes ayant été en contact avec l'enfant avaient été placées sous surveillance, sans pour autant donner des chiffres précis concernant celles-ci ; elles conseillent, par ailleurs, à leurs populations d'éviter les déplacements non nécessaires vers les zones d'épidémie et de respecter les mesures d'hygiène et de sécurité. Ce sont, apparemment, des vœux pieux car les migrants clandestins, maliens et aussi nigériens, échappent aux maillages sécuritaires mis en place au niveau des frontières et, depuis pas mal de temps déjà, un grand nombre d'entre-eux, s'adonnent à la mendicité, côtoient au quotidien les algériens, ce qui, selon certains, « laisse craindre le pire en matière de protection sanitaire ». Les algériens, de manière générale, ont éprouvé, dans un premier temps, beaucoup de compassion envers ces étrangers, non sans se poser quelques questions, disons-le, sur l'étrange facilité avec laquelle ils ont pu accéder au pays pour investir Alger et les autres villes du territoire national. Madame la ministre de la solidarité, comme dans un aveu d'impuissance, a cité le chiffre de « 25 000 subsahariens et la difficulté à les rassembler dans des centres d'accueil qu'ils quittent, aussitôt, pour se déplacer, constamment, d'une région à une autre ». Certains croient savoir que les migrants en provenance du Niger, de la ville d'Arlit précisément, ne sont pas des refugiés de guerre ou des sinistrés de la sécheresse mais plutôt des mendiants professionnels. Notre pays est leur nouveau terrain de chasse depuis qu'ils ont appris de la part de certains d'entre-eux, revenus « fortune faite » au pays, que les algériens sont généreux ; voilà pourquoi ils viennent et reviennent, en masse, avec femmes et enfants. Pourtant, rien de la situation au Niger, actuellement, ne justifie ce déferlement de migrants sur l'Algérie ! Si l'on ajoute à cela le retour des hadjis et les déplacements footballistiques de nos équipes nationales et locales à destination du continent Africain, il y a de quoi se faire du souci, sachant que les risques d'épidémie d'Ebola sont réels, d'autant plus que la possibilité de propagation en Algérie peut se faire de la manière la plus sournoise puisque il est invisible. A propos du Mali, ouvrons une parenthèse pour rappeler le geste « inamical » de la Fédération de Football qui n'a pas hésité à demander la délocalisation du match Algérie-Mali suite au malheureux décès d'Albert Ebossé ; si l'on venait à appliquer la réciprocité, la FAF est en droit légitime de demander à ne pas jouer à Bamako pour cause d'Ebola ! La balle est disons-le, dans le camp de Hadj RAOURAOUA et il saura, certainement, en faire bon usage. Fermons la parenthèse pour dire qu'avec Ebola, les experts du monde entier pensent que « nous sommes dans une configuration de défis sanitaires globalisés où les frontières sont virtuelles et les pays interdépendants ». Il est donc impératif de coopérer avec la Mali, bien sûr et de mutualiser, pourquoi pas, les moyens existants de lutte et de protection contre ce virus mortel ; il faut prendre la situation au sérieux, sans verser pour autant dans l'alarmisme et la rumeur ou plus grave, stigmatiser une population donnée. C'est pourtant ce que n'ont pas manqué de faire quelques uns de nos jeunes hurluberlus, mal renseignés à l'évidence, sur le virus. La scène a été rapportée par un quotidien francophone à travers un article, dans lequel on pouvait lire : «après Ali Baba, dont ont longtemps souffert les chinois travaillant en Algérie, voilà que nos jeunes désœuvrés découvrent le virus Ebola pour traiter de manière méprisante les réfugiés subsahariens ; mal en prit cependant à un des leurs, « tanguy » de son état, qui croyant faire de l'humour, apostropha en termes qui se voulaient injurieux un étudiant noir, le traitant -d'Ebola !- ; ce dernier n'ayant pas apprécié la vanne lui rétorqua, du tac au tac : « nous sommes tous l'Ebola de quelqu'un, alors Ebola toi-même ! », laissant nombre de témoins de la scène aussi pantois qu'amusés par le ton et l'intelligence de la répartie. » Au-delà de cette scène de racisme, malheureusement ordinaire mais qui, faut-il le préciser, ne reflète pas le sentiment général des algériens envers les étrangers d'où qu'ils viennent , faut-il réagir au décès de la fillette malienne comme l'ont fait, par exemple, les autorités mauritaniennes qui ont décidé de fermer leurs frontières avec le Mali, au moment même où l'Union Africaine, ce « machin » pour paraphraser qui vous savez, discute de « l'utilité des mesures de suspensions des vols et des fermetures des frontières à l'encontre des pays les plus touchés, ceux du Libéria, de la Guinée et de la Sierra-Léone, le Nigéria quant à lui aurait, selon les informations, jugulé l'épidémie ? La réponse ne peut être donnée que par les autorités compétentes ; et gageons que les mesures les plus appropriées ne manqueront pas d'être prises dans ce cadre. Il n'en demeure pas moins que le cas malien est préoccupant du fait de la proximité de ce pays qui nous est frontalier, et dans l'absolu, affirment les médecins, le risque zéro concernant cette épidémie n'existe pas ! Le cas de la fillette malienne décédée, nécessite aussi la surveillance des cas secondaires. A titre d'exemple, en Guinée, sur 20 cas déclarés porteurs du virus, il a fallu mettre en observation 900 personnes suspectées ce qui en théorie oblige les autorités à les confiner à demeure. Interrogé récemment, lors de son passage dans la wilaya de Tamanrasset, le Ministre de la Santé dit « avoir pris des dispositions renforcées pour éviter toute contamination ; nous faisons l'impossible pour que cette maladie n'entre pas en Algérie » a-t-il tenu à rassurer, sans plus de précisions. Quant à son chargé de communication, interrogé par un journal en ligne, il a déclaré « qu'aucune mesure spéciale n'a été prise par le Ministère de la Santé, car nous n'avons pas de liaisons directes avec les pays les plus touchés ». Cette divergence d'approche concernant le virus Ebola qui fait peur au monde entier, n'est pas pour rassurer car non seulement elle inquiète par la légèreté du propos de celui qui est chargé de communiquer au nom du ministère de la santé, et accrédite aussi, la thèse défendue par le professeur Bengounia Abdelwahab, spécialiste en épidémiologie et en médecine préventive qui a précisé lors de son passage au forum d'El Moudjahid (07 Avril 2014) que « le secteur de la santé n'a pas et de tout temps accordé de l'intérêt à la veille sanitaire et à la prévention primaire en Algérie ». Un constat, semble-t-il, partagé par l'ancien ministre des finances Abdelatif Benachenhou, qui a dit : «en 2005, les dépenses de santé ont connu un excédent de 100% ; sur les 5 milliards de dollars alloués à ce secteur cette même année, 65% ont été destinés aux ressources humaines, 20% aux médicaments et 15% aux équipements». Il y a matière à inquiétude sachant qu'en cas de propagation du virus Ebola dans notre pays, nos structures sanitaires « en panne de tout » en temps normal, se trouveront fort démunies d'ambulances médicalisées, de chambres d'isolement, de personnels médical et soignant formés pour la circonstance, sans parler des combinaisons et autres masques de protection qui ne sont pas, que l'on sache, disponibles dans la première pharmacie du coin ! Si l'on ajoute à cela l'instabilité du secteur qui a vu défiler six ministres, sept peut être, si l'on croit les rumeurs concernant Abdelmalek BOUDIAF pressenti à la tête d'un ministère de souveraineté, nous tenons là, un scénario des plus catastrophiques ! A moins qu'Abdelmalek Sellal, qui a eu largement le temps de juger les performances des ministres, n'en décide autrement pour faire confiance, cette fois-ci, aux hommes qui ont fait étalage de tout leur talent et qui étaient à ses côtés, quand il menait campagne. Ceci étant dit, la recherche aux Etats-Unis se poursuit ; un sérum aurait été administré, avec succès, à deux médecins, juste après leur infection et bien avant l'apparition des symptômes ; ces membres du personnel soignant ont été, a-t-on pu lire, atteints par le virus Ebola et ont accepté de tester le vaccin qui, cherchez l'erreur, ne pourra pas être appliqué, directement, en Afrique ! Il y aurait, selon l'OMS, « un problème d'éthique, car 40% des gens survivent, naturellement, à l'infection et on ne peut leur administrer le traitement sans risque d'effets négatifs ; de plus le traitement, la bonne excuse, n'existerait pas en quantité suffisante !». D'aucuns sont amenés à penser que dans cette histoire d'Ebola, tout est question de gros sous, de laboratoires d'industries et de monopoles pharmaceutiques ! Sinon, comment croire qu'il ne puisse pas exister de traitement efficace contre ce virus qui est apparu en 1976 ? Certains l'expliquent par « le peu d'intérêt des groupes pharmaceutiques occidentaux et surtout américains, qui ne vont pas se battre pour trouver un remède à un virus vieux de 40 ans et qui n'a fait, par le passé, que 2000 victimes, africaines de surcroit ? ». Pour ceux qui l'ignorent encore, à l'époque Ebola a connu deux flambées simultanées à Naara au Soudan et Yambuku au Congo, non loin de la rivière Ebola, d'où son appellation ; le virus est resté plus au moins méconnu à cause des conflits armés en Afrique, qui faisaient autant, sinon plus de morts. Aujourd'hui, le bilan est plus qu'inquiétant : « 10 000 cas, 4900 morts et la réputation d'Ebola est mondiale ! ». La preuve, l'alerte est générale et les pays occidentaux s'adonnent même à « des exercices grandeur nature dans tous leurs services hospitaliers d'urgence ! » en Algérie, on s'est contenté « d'une simple journée d'étude », à Dar El-Beïda, au siège de la Direction Générale de la Protection Civile et d'une couverture télévisuelle de quelques minutes. Au-delà de ce branle-bas international, les américains, c'est connu, sautent sur tout ce qui bouge pour consolider leurs intérêts dans le monde et en Afrique, en particulier, même s'il le faut, en surfant sur des drames humains. Malgré une avancée prometteuse dans la recherche pour créer un vaccin et l'expérimentation (réussie ?) de plusieurs traitements réservés aux occidentaux, comme ceux dont ont bénéficié l'infirmière espagnole, qu'on disait pourtant à l'article de la mort, et la soignante française, miraculeusement guérie, ou plus encore l'infirmière américaine à qui Barack Obama a donné la fameuse accolade, le vaccin pour tous, n'est pas attendu avant 2015, nous dit-on ! Et l'accolade du président américain à son infirmière ressuscitée a, non seulement fait le «buzz» mais aussi provoqué les commentaires acerbes des internautes qui l'ont perçue « comme un clin d'œil aux monopoles pharmaceutiques et un pied de nez aux africains !». On en a pas fini pour autant avec le président américain qui, dans une interview diffusée par la chaine NBC News, a annoncé que « les Etats-Unis enverraient des moyens militaires, dont des unités de mises en quarantaine, pour aider les pays d'Afrique à lutter contre Ebola ; manière sournoise et subtile, pensent les observateurs avertis, de renforcer « l'Africom », ce commandement militaire américain pour l'Afrique, qui n'a jamais, faut-il le rappeler, eu l'aval de l'ONU, encore moins l'accord de la majorité des pays africains pour s'implanter dans le continent. Ebola, quoiqu'on dise, fait aussi des heureux parmi certains malins, dénués de tout humanisme et mus par l'appétit du gain facile ; ils pensent, d'ores et déjà, en tirer quelques bénéfices ; ils ont lancé la production en masse de tee-shirts, casquettes peluches et autres porte-clefs. Gageons qu'ils trouveront preneurs dans le camp de ceux qui pensent, qu'en définitive, « on peut rire de tout ». Pour les plus sceptiques d'entre-nous, le virus Ebola leur rappelle, par ailleurs, l'exploitation mercantile qui a été faite du virus H1N1 à travers l'achat massif des doses de vaccins de part le monde, les laboratoires et l'industrie pharmaceutique se sont mis plein les poches et beaucoup de responsables politiques et gouvernementaux ont eu toutes les difficultés du monde à justifier les énormes dépenses, consenties pour lutter contre un virus qui, en final, a fait « pschitt » ; Roselyne Bachelot, la ministre Française de la santé d'alors a évoqué, à sa décharge « le principe de précaution » même si ça se discute, comme dirait l'autre. Au jour d'aujourd'hui, contentons-nous d'observer tout ce « charivari » et en attendant, reprenant à notre compte la réplique de l'étudiant de couleur qui nous a inspiré cet article : « Ebola toi-même !». |
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