Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Israël cueille les primeurs du printemps arabe

par Khadidja DJEBBAR LICIR

Les députés français viennent de voter la proposition de loi condamnant la contestation du génocide arménien, qui a eu lieu il y a de cela un siècle.

Coup médiatique, visée électorale, qu'importe ce qu'en pense le citoyen lambda, l'essentiel pour Nicolas Sarkozy étant de plaire à ses seigneurs en portant un tel coup à un pays qui vient de se souvenir de son appartenance au monde musulman, et qui renonce ainsi à 60 années d'une parfaite alliance avec l'état d'Israël.           

La Turquie a en effet, montré ses derniers temps une certaine hostilité envers l'état sioniste et a même pris part dans des actions de solidarité en faveur des Palestiniens de Gaza, sous blocus depuis de longs mois. La Turquie en agissant de la sorte, provoque un casus belli que les politiques français ont immédiatement saisi pour sortir ce projet de loi, tout comme ce fut le cas avec Roger Garaudy et la loi Gayssot.

Dans son livre Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, Garaudy, comme beaucoup d'autres avant lui, sans nier l'existence du massacre des juifs par les nazis, conteste les chiffres avancés à Nuremberg: documents et témoignages à l'appui, il demande que ces chiffres soient revus à la baisse. L'histoire de la shoah, qui a fait couler beaucoup d'encre est remise en question par des Juifs même. Mais ceux-là ne seront nullement inquiétés. Seul sera poursuivi et traîné devant les tribunaux M. Garaudy, qui a été agoni, diabolisé, traité de négationniste ; il fut en proie à une attaque déchaînée de la part des médias français qui lui ont tous refusé le droit de réponse. La raison : M. Garaudy est musulman et cette condamnation a eu lieu en 1998. Le lobby juif qui n'est pas nouveau en France (le Général De Gaulle a formellement reconnu son existence et son influence sur les médias) était certainement derrière cette affaire.

Treize ans après, une loi du même genre vient d'être votée par le parlement français, la France autoproclamée gendarme du monde, entend pénaliser quiconque contesterait le massacre d'Arméniens perpétré en 1915. Tout comme Garaudy, Erdogan est musulman, la Turquie aussi et l'islamophobie, contre laquelle le tout nouveau président tunisien vient de mettre en garde les Français, est le seul chef d'inculpation dans tous ces procès bidon intentés à des Musulmans. Lors du procès de Roger Garaudy, son avocat, Maître Jacques Vergès, fera justement remarquer que pour les politiques français, le mot humanité ne s'applique qu'au peuple juif. De tous les crimes que subissent les hommes depuis la nuit des temps, seuls sont retenus dans la mémoire des Français et condamnés par leurs tribunaux ceux commis contre les Juifs.

Dans sa plaidoirie, Maître Vergès établira une liste non exhaustive des crimes que l'humanité a connus : des déportations d'esclaves, à l'extermination des Aborigènes d'Australie et des Indiens d'Amérique, passant par la campagne de stérilisation de personnes considérées comme inférieures en Suède de 1935 à 1976, aux victimes d'Hiroshima et de Nagasaki, sans oublier les odieux crimes coloniaux perpétrés en terre d'Algérie par les Français eux-mêmes et qu'on ne saurait mieux résumer que la consigne satanique lancée par un officier français à ses soldats Toutes les populations qui n'acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé sans distinction d'âge ni de sexe : l'herbe ne doit plus pousser où l'armée française a mis le pied [?] Voilà comment, il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu'à l'âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs. En un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens.

Ou encore à l'attitude du célèbre Jules Ferry, représentant des races supérieures, venu en civilisateur et qui a bien daigné ouvrir quelques écoles en Algérie, qui se sont avérées hélas trop exiguës pour contenir les citoyens de deuxième ordre aux côtés de ceux qui leur avaient déjà spolié leur terre et enterré leur culture. Si bien qu'en 1929, 6% seulement des enfants algériens fréquentaient les écoles primaires. Roger Garaudy rapporte lui, qu'au temps de l'Emir Abdelkader, l'Algérie comptait 65% de lettrés en arabe. La présence française a produit 65% d'illettrés.

Ces crimes-là sont occultés, voire contestés mais aucune loi ne pénalisera ce négationnisme. De même qu'aucun tribunal n'aura à condamner les crimes dont sont victimes les Palestiniens sur leur propre terre.

Les 197 résolutions touchant au problème israélo-arabe, prises par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, sont toutes restées lettre morte, selon Roland Dumas, ancien ministre français, interviewé par Le Monde dans son édition du 12 mars 1991.     

Israël fait fi de toute loi internationale et continue sa politique expansionniste, fidèle à sa devise : occuper tout le territoire palestinien et régner sur le Grand Moyen-Orient afin de pouvoir contrôler les grandes richesses des pays arabes et concrétiser l'hégémonie israélo-américaine sur le monde entier et pour l'éternité.

Pour arriver à ses fins, l'état sioniste, appliquera l'adage bien connu chez nous : diviser pour régner. Les divisions ont bel et bien commencé, aidées par des coups de pouce tel celui de Bernard-Henry Levy, venue en Lybie, en tant que Juif sioniste comme il l'a déclaré lui-même. C'est l'application du plan machiavélique révélé par la revue Kivounim, en 1982 qui dévoile les intentions démoniaques consistant à substituer aux états arabes actuels, des minis états à caractère monoethnique et faire en sorte qu'ils soient dressés les uns contre les autres en permanence.

Le plan échafaudé dresse une série d'opérations à réaliser avec l'aide et le soutien inconditionnels des Américains car la force du poing juif vient du gant d'acier américain qui le recouvre et des dollars qui le capitonnent : propos tenus par un philosophe israélien. Certaines de ces opérations ont déjà eu lieu : la division du Soudan, la destruction de l'Iraq, le premier souci d'Israël, riche en pétrole et en proie à des luttes intestines, était dans la ligne de mire israélienne depuis longtemps déjà. Sa dissolution comptait plus à leurs yeux que la Syrie elle-même, car c'est l'Iraq qui représentait à court terme la menace la plus sérieuse pour eux.  Le parrainage des partis politiques et organisations kurdes, de même que leur formation militaire n'est un secret pour personne. Israël a toujours joué la carte des minorités ethniques et religieuses qu'il soutient, qu'il entraîne et qu'il envoie à la guerre contre leur propre pays.

Une des priorités de ce plan, est la division en provinces de l'Egypte : avec un état copte en Haute Egypte, de la Lybie, et d'autres pays plus éloignés, comprenez par là les pays du Maghreb, notamment l'Algérie.

L'Algérie n'est pas citée nommément mais les intentions pernicieuses envers notre pays sont révélées dans un article de Jean Ziegler, sociologue suisse qui explique comment l'Occident complote pour affaiblir l'Algérie, 11è pays producteur de pétrole, souverain dans ses décisions, qui arrive à se sortir de toutes les crises auxquelles il ne cesse d'être affronté, comparé au Nigéria, qui occupe pourtant la 8è place parmi les pays producteurs de pétrole mais qui se débat dans des difficultés interminables et se fait dicter sa conduite par les multinationales. L'Algérie ne sera donc pas épargnée à moyen ou à long terme pour peu que l'on manque de vigilance. Parmi les résolutions prises par les sionistes, notons celle de diviser le Liban en cinq provinces, oui cinq, ni plus ni moins. Le Liban a toujours suscité la jalousie de ses voisins perfides qui guettent la moindre petite forme de confrontation entre les différentes communautés qui y cohabitent, pour pouvoir intervenir.

La Syrie, quant à elle, elle ne diffère pas des autres pays. Le même sort lui est réservé. Elle sera divisée en deux états distincts, un état chiite le long de la côte et un état sunnite dans la région d'Alep. Les Druzes ne seront point lésés, Israël pense leur faire don de son Golan. La péninsule arabique ne sera pas épargnée, elle non plus ; elle est, elle aussi, vouée à la dissolution sous des pressions internes.

Pour la Jordanie, le travail prévu par le plan Kivounim, a déjà commencé, au grand bonheur des spectateurs sionistes et américains, ce sont tous les apatrides qui y seront envoyés pour revendiquer la nationalité jordanienne ; Israël envisage de leur adjoindre tous les Arabes de Palestine pour faire de la Jordanie, leur nouvelle patrie, car Les juifs d'Israël ne peuvent plus rester concentrés sur le littoral, région surpeuplée et trop exposée. Leur dispersion est un impératif pour la politique intérieure d'Israël, ils doivent s'installer en Judée, en Samarie et en Galilée, c'est justement la tâche à laquelle s'attellent les colons qui chassent les Palestiniens de leurs demeures pour s'y installer en toute impunité. La mosquée Al Aqsa sera détruite et remplacée par un temple juif.

Le printemps arabe portera peut-être ses fruits, mais ce sera sans doute des primeurs amères car gorgées de sang arabe que les sanguinaires héritiers de Ben Gourion et de Sharon auront à déguster.