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Al-Sarraj : partira, partira pas ?

par Abdelkrim Zerzouri

A l'ombre d'intenses tractations entre les parties libyennes, marquées par de nombreuses rencontres, dont les dernières à Montreux (Suisse), du 7 au 9 septembre, à Bouznika (Maroc), du 6 au 10 septembre, et une troisième rencontre prévue à Tunis au début du mois de novembre, regroupant les principales parties rivales qui se revendiquent le pouvoir en Libye pour aboutir à une solution politique concertée qui éloignerait les affres de la guerre civile, la démission du chef du Gouvernement d'union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, préoccupe au plus haut point et à tous les niveaux. A quelque deux semaines de la date limite annoncée par le président du Conseil de présidence du gouvernement d'accord national, Fayez al-Sarraj, pour déposer sa démission de son poste, la prédisposition reste très incertaine.

D'une part, il est important de souligner que la démission du chef du GNA, qui a clairement déclaré son souhait sincère de «remettre ses fonctions à la prochaine autorité exécutive au plus tard fin octobre», sous-entendant la condition d'un aboutissement des travaux du comité de dialogue au choix d'un nouveau Conseil présidentiel et un nouveau Premier ministre. D'où la question qui tracasse les esprits des Libyens et des observateurs internationaux, arrivera-t-on à travers les négociations en cours à cautionner l'installation d'un nouvel exécutif à la fin du mois d'octobre ? Ainsi, selon l'avancement des travaux du comité de dialogue inter-libyen, le rendez-vous de Tunis, qui se tiendra au début du mois de novembre, et qui confirme que les parties libyennes ne parviendraient pas à un accord pour former une nouvelle autorité unifiée à la fin octobre, le départ d'Al-Sarraj devient très incertain. La question demeure donc entièrement posée, Al-Sarraj s'en tiendra-t-il à sa démission ou va-t-il continuer à occuper son poste jusqu'à ce que les deux parties s'entendent sur un gouvernement d'unité nationale et un nouveau Conseil présidentiel ?

Le départ du chef du GNA dans ces conditions paraît très improbable, en cela que le vide qu'il laisserait pourrait ajouter à l'incertitude politique à Tripoli ou même aux luttes intestines entre les factions rivales de la coalition qui domine l'ouest de la Libye. Certains avis avancent que le concerné savait pertinemment que l'aboutissement du dialogue inter-libyen à un consensus sur la mise en place d'une nouvelle autorité prendrait du temps, plus que le délai qu'il s'est fixé pour quitter la scène, s'il ne se termine pas par un échec, selon des avis pessimistes qui ne manquent pas de rappeler les nombreuses tentatives dans ce sens et qui ont fini par renvoyer les parties rivales dos-à-dos, ainsi que la forte influence de parties étrangères modulée selon les humeurs de tout un chacun, chose qui inciterait à croire que le délai de la fin du mois d'octobre n'est avancé que pour mieux rassembler les parties rivales et avoir l'appui de la communauté internationale pour soutenir les efforts de la paix.

Du moins gagner du temps, faire perdurer le cessez-le-feu qui permet aux Libyens de souffler un peu et les éloigner d'un mouvement de contestation, amorcé au mois d'août et qui menaçait de balayer toutes les parties rivales dans leur ensemble, y compris les intérêts des puissances étrangères. Pour autant, cela ne permet pas de dire que cette contestation ne reviendrait pas avec plus de force pour imposer sa solution à tous.